yant l’habitude des longs temps d’élevage, les opérateurs charentais témoignent de leur capacité d’anticipation. Ce 28 mai, le Bureau National Interprofessionnel du Cognac et son Organisme de Défense et de Gestion ont non seulement fixé les rendements des prochaines vendanges, de 2019, mais aussi celles de l’année suivante, 2020. Une première, qui doit calibrer l’offre de la filière charentaise face aux records commerciaux enregistrés à l’export (98 % des ventes de cognacs en 2018).
Avec l’objectif de 922 411 hectolitres d’alcool pur en 2019 (pour 11,77 hl AP/ha), la production charentaise devrait ainsi augmenter de 0,8 % par rapport aux projections de l’an passé, et atteindre 950 242 hl AP en 2020 (12 hl AP/ha), en forte hausse de 3 % par rapport à 2019. Ces augmentations continues de la production étant soutenue par l’augmentation de 7 à 10 hl AP/ha de la réserve climatique (pour lisser à la hausse les rendements) et l’entrée en production des vignes plantées ces dernières années (250 ha demandées en 2016, 800 ha en 2017, 1 500 ha en 2018 et 3 474 ha en 2018). Une croissance des nouvelles plantations qui doit continuer ces prochaines années, comme le pose inéluctablement le BNIC.


Prenant décidément de l’avance, les producteurs et négociants charentais ont validé ce 28 mai leurs futures demandes d’autorisation de nouvelles plantations de vigne. N’attendant pas la rentrée, la filière charentaise va demander « 3 398 ha pour chacune des années 2020 et 2021 » annonce un communiqué du BNIC, se basant sur le fameux Business Plan de l’eau-de-vie charentaise. C’est à dire « en regard de la demande des marchés, en constante hausse depuis quatre années, et afin de garantir à ses négociants et viticulteurs une vision à long terme sur leurs besoins de production » précise l’interprofession.
Alors que les demandes 2019 d’augmentation de 5 % du potentiel de production charentais ont fait tousser dans le reste du vignoble français (cliquer ici pour en savoir plus), la perspective d’une croissance de 8 % en deux ans du vignoble de Cognac va sans doute nécessiter de nouveaux talents de persuasion auprès du Conseil Spécialisé Vins de FranceAgriMer. Un travail de longue haleine qui mérite en effet d’être anticipé pour être négocié.