e Business Plan du Bureau National Interprofessionnel de Cognac (BNIC) a parlé, l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) a voté, le Comité Régional de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) a validé : en 2018, le rendement annuel de l’appellation Cognac est fixé à 14,64 hectolitres d’alcool pur par hectare (hl AP/ha). En hausse 22 % par rapport aux 12 hl AP/ha du millésime 2017 gelé, ce plafond n’a pas plus de chance d’être atteint que celui de l’an passé (8,6 hl AP/ha ayant été récoltés selon les déclarations). Ce rendement répond avant tout « à la forte croissance des expéditions » de Cognac, reconnaît le BNIC. Pour être correctement approvisionnés selon les calculs interprofessionnels, les marchés nécessiteraient une récolte de 914 700 hl AP en 2018.
Mais dans les vignes charentaises, les besoins records des marchés, et les désirs d’expansion des grandes maisons, se heurtent à la réalité agronomique. Selon les observations de la Station Viticole du BNIC, le potentiel de production affiche 11 hl AP/ha en moyenne. Avec cette dernière estimation de rendement, la production charentaise totale avoisinerait 836 000 hl AP en 2018. Soit un volume inférieur de 9 % par rapport aux estimations de besoin du marché réalisé par le BNIC (qui nécessiteraient un rendement moyen de 12 hl AP/ha pour être atteints).
Si la sortie de grappes de la campagne 2018 était généreuse, les aléas climatiques ont réduit le potentiel viticole. Le vignoble de Cognac a essuyé de violents orages de grêle (essentiellement le 26 mai, avec 10 000 ha touchés, mais aussi les 3 juin et 2 juillet, avec des dégâts plus ponctuels), a connu une explosion du mildiou en juillet (avec du rot-brun sur les grappes) et a été victime d’échaudage durant la canicule d’août (avec des températures dépassant 35 °C).
Pour le mildiou, « on estime les pertes moyennes à environ 10 %, soit au moins autant que les dégâts de grêle du printemps » note la Station Viticole, qui ajoute que les « dégâts très hétérogènes » d’échaudage ont causé « 3 % en moyenne de perte récolte ».


Inatteignable par l’ensemble du vignoble charentais, ce rendement de 14,64 hl/ha témoigne de la volonté de ne pas perdre une grappe épargnée par les aléas climatiques. Mais au-delà du millésime 2018, le BNIC enjoint la filière à « accélérer son plan de développement du vignoble », ce qui se traduit par de nouvelles plantations, demandées avec force par le négoce. Mais la Station Viticole apporte à nouveau un éclairage nuancé à cet objectif, soulignant que la « proportion de pieds improductifs du vignoble continue d’augmenter, suite à la forte extériorisation de l’esca en 2017. Elle dépasse pour la première fois 20 % en moyenne, et dans les parcelles les plus touchées les pieds productifs sont minoritaires. » Agronomiquement, la productivité du vignoble commence déjà par son renouvellement.