Notre projet, ce n’est pas de faire un monument… Figeac, c’est déjà Figeac ! » lance Blandine de Brier Manoncourt, la copropriétaire du premier grand cru classé de Saint-Émilion (38 hectares plantés). Pas de chai sous la colline ou de bloc rouge brique pour Figeac, mais des murs en pierres de taille pour s’intégrer à l’existant. Ayant rasé les précédents chais et anciens logements qui entouraient le château historique, la propriété va redéployer une cave autour de cette partie centrale, sans la cacher. Pour limiter l’emprise au sol, deux niveaux vont être aménagés en sous-sol, tandis que le faîtage de ce nouveau bâtiment est abaissé par une vague de zinc, pour que la hauteur du toit ne masque pas le château et ses ailes.
En travaux depuis un an (avec l’excavation de 21 000 mètres cubes de terre, jusqu’à 12 mètres de profondeur), le chantier vient de s’achever pour le gros œuvre (le retrait de la grue monumentale en témoignant), mais doit encore se poursuivre un an (les vinifications et l’élevage se poursuivant dans une cave de transition). Si la cave de vinification et les chais d’élevage représentent l’essentiel de la construction, le nouveau bâtiment doit également accueillir des bureaux, des espaces réceptifs et deux salles de dégustation (pour les professionnels et les visiteurs). Au total, ces travaux représentent une enveloppe de 15 millions d’euros. « On aurait pu mettre nouveau bâtiment dans la plaine, cela aurait été moins cher et plus facile. Mais on veut garder intact cet espace dégagé et vierge » indique Blandine de Brier Manoncourt. Si le château Figeac n’élève pas de monument, il se dote d’un nouvel outil de travail.


Précurseur avec ses caves enterrées à sept mètres de profondeur dans les années 1970 (le défunt Thierry Manoncourt, propriétaire d’alors, était alors qualifié de « pharaon de Saint-Émilion ») le château Figeac a fait table rase pour faire un bond technique. Ayant plaidé pour ce nouveau « jouet », Frédéric Faye, le directeur général du grand cru classé, se souvient que « l’ancien outil était limitant pour les vinifications, les écoulements et les assemblages (avec des cuves de 150-180 hectolitres). Il y avait aussi un enjeu sécurité pour les hauteurs des barriques… »
Passant d’un cuvier de 10 cuves bois et 16 cuves inox à 8 cuves bois et 40 cuves inox (de 80 hl), l’ingénieur agronome bordelais va pouvoir mettre à profit sa récente étude pédoclimatique pour affiner sa sélection intraparcellaire. « Je n’aime pas la dînette des fonds de cuve, mais notre ambition est de progresser, de gagner en précision et de révéler la pureté de nos terroirs » explique Frédéric Faye, déjà impatient d’essayer ce chai moderne (gravitaire, isolé…).
Les modélisations 3D sont réalisées par le cabinet A3A, de l’architecte Guy Troprès.