Lancement européen
Winabis, quand le vin passe sa robe de chanvre

D’un vert émeraude, le Winabis reproduit la palette aromatique de la fumée de cannabis. Sans procurer les mêmes effets psychoactifs. Présentée sur ProWein, la cuvée est officiellement lancée.
S’il est des vins qui sentent le soufre, d’autres sentent la fumée. Présenté pour la première fois à la filière vin sur le salon ProWein (à Düsseldorf), la cuvée Winabis interpelle par son assemblage de vin et de cannabis. Sans se mettre d’emblée en pétard, le dégustateur remarque d’abord dans son verre la vive couleur verte du Winabis, puis sa forte odeur de cannabis, qui ne se retrouve pas en bouche. « C’est un double goût*. Au nez, on a une reproduction de l’odeur d’un joint (grâce à des tests réalisés auprès de fumeurs), en bouche on a le vin (le cépage verdejo) » explique Rowdy Lohmuller, le responsable export de la bodega espagnole Santa Margarita (120 hectares).
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Boisson aromatisée à base de vin, le Winabis est parfaitement légal explique son producteur espagnol. Le chanvre industriel utilisé pour donner son odeur au Winabis a des concentrations en cannabidiol (CBD) et tétrahydrocannabinol (THC) inférieures à 0,2 %, ce qui est parfaitement réglementaire (comme rappelle la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives). Boire du Winabis ne procure donc pas les effets euphorisants propres au cannabis. Mais pour ce qui est de savoir quelles parties du chanvre sont utilisées, ou comment cette couleur vert émeraude est obtenue, Rowdy Lohmuller explique que « comme Coca Cola, nous ne dévoilons pas nos secrets et recettes de fabrication ». Tout au plus glisse-t-il que du menthol est ajouté pour la stabilisation du produit.
Ayant été présentés depuis novembre 2018 dans des salons spécialisés dans la culture du cannabis, Winabis est officiellement lancé sur le marché européen à l’occasion du salon allemand ProWein. Avec un prix de vente oscillant entre 10 et 15 euros, les 60 000 premières bouteilles produites ont déjà été vendues annonce la bodega Santa Margarita, essentiellement sur les marchés nordiques (Allemagne, Danemark, Pays-Bas…), mais aussi sur internet (via la boutique en ligne Amazon). « Je meurs d'envie de trouver quelqu'un qui soit ouvert à l'idée de commercialiser notre produit en France » glisse Rowdy Lohmuller.
Si les détracteurs du Winabis estiment qu’il s’agit d’une mauvaise herbe marketing, Rowdy Lohmuller y voit une nouvelle catégorie en herbe pour intéresser aux vins des consommateurs qui se sentent exclus de sa culture. « On ne se compare pas au vin, notre idée est d’ouvrir de nouveaux marchés. En donnant envie à de nouveaux consommateurs d’essayer le vin » explique Rowdy Lohmuller. Qui appuie cette idée sur les précédents vins colorés de la bodega. Après avoir lancé un « vin bleu » en 2016 (Passion Blue Chardonnay, commercialisé à 500 000 cols par an selon la bodega), Santa Margarita a également lancé des vins colorés en orange et en rose. De quoi mettre en pétard plus d’un gardien du temple du vin.
* : « Double taste » est le sous-titre de la cuvée Winabis, qui affiche aussi l’énigmatique « 4:20 », une référence aux mouvements pour la légalisation du cannabis.
Légale en France, cette étiquette prend garde de représenter l’intégralité d’une feuille de cannabis (ce qui est le cas d’une étiquette alternative).