es ceps sans grosses plaies de taille où la sève circule linéairement, sans entrave, ont moins de symptômes d’esca/BDA que ceux maltraités lors de la taille. C’est ce constate Gaël Delorme, de la Société de Viticulture du Jura dans une étude réalisée de 2013 à 2016.
Les deux premières années, le technicien a observé quelques centaines de ceps de savagnin et de trousseau sur cinq parcelles âgées de 11 à 27 ans. En 2015 et 2016, il a étendu son échantillon à 25 parcelles de 7 à 36 ans des mêmes cépages.
Ces vignes sont taillées en guyot simple ou double. Ces quatre années durant, en hiver, Gaël Delorme a noté leur fonctionnement interne de 0 à 5, avec 0 pour un fonctionnement parfait, tous les flux de sève étant préservés, et 5 pour les ceps n’ayant plus qu’un seul flux principal de sève sur le tronc perturbé par de nombreuses inversions de flux provoquées par des plaies de taille et/ou avec une grosse partie morte.
Les résultats ? Parmi les ceps notés entre 0 et 1, aucun n’a exprimé de symptôme d’esca/BDA. Mais au-delà de 3, les symptômes explosent. « Dans notre échantillon, il y a une bonne corrélation entre le fonctionnement interne du cep lié à la manière dont il a été taillé et la sensibilité à l’esca/BDA. Plus ce fonctionnement est bon, moins il y a de symptômes. Plus les plaies de taille sont grosses et plus elles sont situées à la base des ceps, plus elles entraînent de dysfonctionnements », explique Gaël Delorme.
Mais cette relation n’est pas absolue. En effet, dans les parcelles suivies, quelques ceps très maltraités ne montrent aucun signe de maladie.
Gaël Delorme voit aussi que la taille évolue dans le bon sens dans le Jura. « Dans notre échantillon, on voit que les parcelles âgées de 20 ans ou plus sont celles où les notes sont les plus hautes, ce qui témoigne de nombreux dysfonctionnements. Dans les parcelles de moins de 15 ans, les notes sont plus diverses. Ceci montre que la taille respectueuse commence à être mise en œuvre. Il y a vrai changement de pratique. Dans les parcelles bien conduites dès le départ, on a tendance à voir moins de symptômes d’esca/BDA ».
« Depuis 2010, nous avons formé environ 500 opérateurs à la taille respectueuse des flux de sève dite Poussard. Pour un vignoble de 2000 ha comme le nôtre, cela pèse assez lourd », indique Gaël Delorme. Mais cela commence à porter ses fruits.