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Davantage d’esca dans les sols légers
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Alsace
Davantage d’esca dans les sols légers

En Alsace, l’IFV mène une vaste étude statistique pour déterminer quels sont les facteurs qui favorisent les maladies du bois. Les premiers résultats confirment l'effet cépage. Ils montrent également qu'il y davantage de symptômes dans les sols légers, sujets au stress hydrique.
Par Christelle Stef Le 18 septembre 2018
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Davantage d’esca dans les sols légers
Le manque de réserve favoriserait-il l’expression des maladies du bois ? - crédit photo : Christelle Stef
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uels sont les facteurs qui jouent sur l’expression des maladies du bois ? Telle est la question sur laquelle s’est penchée Céline Abidon, de l’IFV pôle Alsace. La technicienne suit 90 parcelles dans le cadre de l’observatoire régional des maladies du bois mis en place en 2003. Ces parcelles sont conduites par 30 viticulteurs. Chacun d’entre eux a mis à disposition une parcelle de riesling, une de gewurztraminer et une autre d’auxerrois. « Ces parcelles sont réparties sur l’ensemble du vignoble alsacien, dans différentes situations pédoclimatiques, avec beaucoup de facteurs qui peuvent varier. Chaque année, on y note l’expression des maladies du bois sur 300 ceps. », explique Céline Abidon.

Un manque de réserve en cause ?

En 2011, son prédécesseur Philippe Kuntzmann avait déjà noté que plus les viticulteurs récoltaient tard et/ou avec une mention « vendanges tardives » ou « grains nobles », plus ils avaient de symptômes. Le manque de réserve favoriserait-il l’expression des maladies du bois ? C’est l’hypothèse que le technicien avait émis à l’époque mais qui n’a pas pu être éprouvée. Lorsqu’elle a repris la gestion de l’observatoire en 2016, Céline Abidon s’est penchée aussi sur les pratiques. « Lorsqu’on regarde les données, on se rend compte que ce sont souvent les mêmes parcelles qui sont les plus fortement touchées, et à l’inverse toujours les mêmes qui sont les moins touchées ». Elle a donc lancé une étude dans le cadre du projet Euréka *. Avec l’aide de Solène Malblanc, une étudiante de l’Esa d’Angers, spécialisée dans les statistiques, elle a recensé chez les 30 viticulteurs, toutes les pratiques que ceux-ci ont mis en place depuis la création de l’observatoire. Elle a ainsi créé une gigantesque base de données qui a délivré cette année, ses premiers résultats.

4 facteurs qui influencent l'expression

Sans surprise, c’est le cépage qui a le plus fort impact : le gewurztraminer étant très sensible, le riesling sensible. Autre facteur : la nature du sol. « Il y a moins de maladies du bois dans les sols lourds, et davantage dans les sols loessiques », détaille Céline Abidon. A cela s’ajoute la contrainte hydrique, les parcelles sujettes au stress hydrique sont les plus attaquées. Plus surprenant : l’étude met en avant l’impact de la distance entre les rangs, les vignes étroites ayant davantage de symptômes, mais les vignes très écartées également. « On ne voit pas d’explication technique. Peut-être s’agit-il d’un biais statistique. C’est un résultat qu’il faut approfondir », indique Céline Abidon.

Les variables temporaires en cours de traitement

Les variables temporelles qui évoluent dans le temps (type de taille, travaux en vert, fertilisation…) sont encore en cours de traitement. Mais les viticulteurs font déjà quelques constats. L’un d’entre eux s’est aperçu que les années de forte récolte étaient suivies d’une année à forte expression. « C’est une piste que l’on va creuser car cela permet de refaire le lien avec les réserves qu’avait déjà soulevé Philippe Kunztmann », précise Céline Abidon.

Le recépage efficace

Un autre viticulteur a recepé 100 % des pieds de sa parcelle en 2007. « Dès lors, les symptômes ont fortement diminué et l’effet persiste encore aujourd’hui. A voir si cela se confirme. Si tel est le cas, cela prouvera que cette technique est clairement rentable. », note Céline Abidon. A suivre.

* Le projet Euréka est porté par le plan national de dépérissement du vignoble. Il vise à développer des moyens de lutte curative et préventive contre les maladies du bois. Il est piloté par l’Université de Haute Alsace.

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Tous les commentaires (1)
Philippe Kuntzmann Le 11 novembre 2018 à 18:34:42
Maladies du bois : De quel effet cépage parle t-on ? Le sujet des maladies du bois me préoccupe depuis quelques temps déjà… J’ai commencé par faire mes premières notations d’esca et d’eutypiose au tout début des années 1990 dans une parcelle de cépage auxerrois du domaine familial. Avec environ 2 à 3 % de pieds exprimant des symptômes cette parcelle était déjà très touchée pour l’époque alors que le vignoble était dans l’ensemble indemne. Ensuite Ingénieur à l’ITV de Colmar j’ai pu enrichir mes connaissances à ce sujet en collaborant à diverses actions du projet maladies du bois et grâce au travail en réseau avec mes collègues et notamment à Philippe Larignon et à son expertise. En tant que responsable technique de VitiVina, la filière vigne du Comptoir agricole, je n’ai pas perdu de vue la thématique des maladies du bois. Depuis quelques années nous proposons des formations à la taille douce en collaboration avec Simonit et Sirch. Je suis aussi en première ligne pour évaluer l’intérêt des produits proposés aux viticulteurs dans la lutte contre le fléau des maladies du bois. Mais s’il est une chose dont j’ai assez rapidement acquis la certitude tout au long de ces années et au fil de ces différentes expériences, c’est que pour les maladies du bois plus que pour toute autre maladie, les facteurs environnementaux au sens large-sol et climat mais aussi pratiques viticoles- sont d’une importance cruciale, comme le soulignait déjà Madame Dubos. C’est pourquoi, conscient de l’enjeu, je n’ai pas hésité en 2008 à prendre en main l’observatoire régional des maladies du bois en Alsace, menacé d’abandon alors qu’il pouvait commencer à livrer ses premiers résultats. J’ai tout d’abord imaginé repartir de zéro à l’aide d’un questionnaire d’enquête assez simple puisque qualitatif, pour essayer de dégager les facteurs clés, en ciblant, par exemple, les 3 parcelles les moins atteintes d’une exploitation et les 3 parcelles les plus atteintes. Par la suite j’ai tout simplement appliqué cette enquête aux parcelles de l’observatoire des maladies du bois. Les résultats ont été publiés dans Vitis, revue scientifique à comité de lecture éditée par le JKI, l’équivalent de l’INRA en Allemagne. Comme vous l’écrivez dans votre article, nous avions montré l’effet cépage, mais aussi que les parcelles récoltées plus tardivement que les autres présentent plus de symptômes. Le problème de cet effet cépage, c’est qu’il n’est pas clairement établi qu’il soit lié à une caractéristique intrinsèque du cépage ou à une différence de pratiques, comme par exemple la date de récolte. Le cépage auxerrois qui présente la plus faible fréquence d’expression est par exemple toujours récolté pour élaborer des vins effervescents ou des vins tranquilles d’entrée de gamme, donc vendangé relativement tôt. Alors que le Gewurztraminer, le plus atteint, est vendangé plus tard, pour élaborer des vins tranquilles, le plus souvent riches et concentrés, et des vins liquoreux. Or la date de récolte influence potentiellement la mise en réserves. Nous en étions donc arrivés à l’hypothèse que la qualité de mise en réserves pourrait influencer la sensibilité aux maladies du bois. C’est d’ailleurs de là que vient cette approche originale que j’ai été le premier à développer qui consiste à analyser l’expression temporelle des maladies du bois en recherchant les facteurs d’influence potentiels-climatiques notamment- avec un décalage d’une année au moins et pas uniquement l’année en cours, à l’instar du témoignage relaté dans votre article. Cette hypothèse et ces explications ont été développés dans deux articles de vulgarisation, l’un dans Phytoma, l’autre dans la revue de l’ODG « Vins d’Alsace ». Pour tester cette hypothèse de l’implication des mises en réserves des manips avaient été mises en place en réseau par l’IFV. Malheureusement, à ma connaissance, ces manips n’ont pas permis de valider l’hypothèse. J’ai cependant toujours la conviction que des modifications simples des pratiques viticoles, dans le but d’optimiser la mise en réserve et de limiter les contraintes diverses que la vigne peut subir, de limiter les perturbations des trajets de sève et de stimuler la production annuelle de bois au niveau du tronc, permettront de mieux vivre avec les maladies du bois. Mais la conviction n’a rien à voir avec une méthode scientifique. En revanche le terrain ne ment jamais. Si les mécanismes en jeu ne sont pas connus, il existe des preuves concrètes de maîtrise des maladies du bois par la mise en œuvre de pratiques culturales adaptées. La parcelle indiquée en introduction de ce témoignage, ainsi qu’une autre, après avoir connu des pics d’expression à 13-14% pendant plusieurs années sous l’effet de pratiques inadaptées, présentent actuellement des niveaux d’expression stables de 2 à 4%, obtenus par suite de mise en œuvre de pratiques plus favorables à la vigne. Le témoignage de ce viticulteur qui a observé une variation en relation avec le rendement de l’année précédente doit aussi inciter à la réflexion.
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