n quoi le vin est-il un produit spécifique par rapport aux autres produits bio ? Comment est-il perçu par les consommateurs ? Ces questions ont été évoquées à l'occasion d'un débat organisé sur ce sujet, par la société Diam, à Uchaux (Vaucluse), ce mercredi 23 janvier 2019.
Le vin bio est tout d'abord spécifique de par son mode de distribution : contrairement aux autres produits alimentaires, il se vend assez peu en grande distribution, circuit qui ne se positionne qu'en quatrième place en quantités vendues. Le gros des volumes reste écoulé par la vente directe (45 %) ; suivent les cavistes et les magasins bio. « Le vin bio n'est par exemple pas un produit d'appel lors des foires aux vins... Gloablement, la grande distribution peine à en vendre », a notamment expliqué Florent Guhl, directeur de l'Agence bio.


« Le vin reste un produit très difficile à comprendre pour les consommateurs, estime de son côté Paolo Basso, meilleur sommelier du monde 2013. S'ils achètent à la propriété, donc à la source, c'est parce qu'ils ont besoin de se rassurer ». Celui-ci remarquant au passage que les consommateurs cherchent en premier lieu un « bon vin, avant le côté bio ». « Il est donc nécessaire de se différencier par la qualité, le goût reste au dessus de tout ! », a t'il expliqué. Ceci est dû au fait qu'il n'est pas, comme les autres, un produit essentiel dans l'alimentation, mais un produit « plaisir ».
Autre spécificité mise en avant : le consommateur parvient désormais bien à distinguer les produits bio des autres... Ce n'est pas le cas pour le vin ; de l'avis de tous les intervenants, une certaine confusion règne à cause des nombreux types de vins (bio, natures, biodynamiques), labels et démarches environnementales. Leur motivation d'achat diffère elle-aussi : « Ils achètent des vins bio plutôt pour le côté environnemental, tandis que les aliments le sont pour l'aspect santé », précise Florent Guhl. Ils attachent par ailleurs plus d'importance à l'aspect origine et traçabilité (région de production, cépage), que pour les produits alimentaires.
D'une façon générale, les profils des consommateurs de produits bio ne sont pas d'un seul type mais pluriels : « Il est très difficile de parler du consommateur de vin bio en général, a ainsi expliqué Eric Birlouez, sociologue de l'alimentation. Depuis quelques années, il n'y a plus un seul type, mais un vrai éclatement du style de consommation alimentaire, avec notamment la génération des millennials ». « Ce ne sont pas forcément des personnes qui ont les moyens, comme les CSP +, a complété Louise Browaeys, consultante en agriculture. Ils peuvent se situer en ville comme à la campagne, être cadres supérieurs ou agriculteurs ; leur point commun est que ce sont souvent des gens bien informés ».
Et si leur motivation était au départ négative -on mangeait bio car on craignait d'être malade avec les autres produits – celle-ci est désormais devenue positive : « Il y a une dimension éthique qui est apparue dans l'alimentation depuis quelques années », relève le sociologue. Les consommateurs de produits bio sont prêts à payer un peu plus cher car ils souhaitent soutenir ce type d'agriculture et de produits, qui sont dans leur esprit de « meilleures qualités et bons pour la santé et l'environnement ».