C'est grâce à la concertation dans chaque région viticole et avec ce que la filière et les parlementaires feront remonter que nous pourrons argumenter à l'échelle européenne pour [sécuriser le repli entre appellations] » a posé Didier Guillaume, le ministre de l’Agriculture, ce 22 janvier au palais du Luxembourg. Répondant à une interpellation du sénateur charentais Daniel Laurent, le président du groupe d'études vigne et vin du Sénat, le membre du gouvernement a aussi apaisé les inquiétudes de la filière vin. Qui craint une suppression de ce dispositif, suivant la lecture du droit européen réalisée par l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO).
Interpellé dans le vignoble, Didier Guillaume a montré au Sénat sa connaissance du dossier et de ses enjeux européens. Rappelant que la revendication d’une appellation autre que celle initiale est une pratique ancienne dans le vignoble français, Didier Guillaume souligne que « cette pratique est liée au principe de hiérarchisation des appellations d'origine, qui […] s'emboîtent de manière pyramidale à partir d'une appellation régionale socle […]. Dans cette optique, le vin élaboré selon le cahier des charges d'une appellation hiérarchiquement supérieure répondrait de facto aux exigences de l'appellation régionale, dont les conditions de production sont moins contraignantes. »
Mais, « la réglementation européenne entrée en vigueur en 2009 ne prévoit ni la hiérarchisation des appellations ni le repli » poursuit Didier Guillaume, ce qui signifie qu’« un cahier des charges est attaché à chaque appellation et les opérateurs doivent respecter l'intégralité des conditions prescrites ». Pour le repli des AOC ne soit pas remis en cause par ce cadre, le ministère de l’Agriculture va donc organiser avec l’INAO une concertation dans les bassins viticoles. Seront débattues l'adaptation des cahiers des charges des appellations concernées par le repli et la mise à profit de la réforme européenne de l'Organisation Commune du Marché vitivinicole (OCM vin).


Devant commencer dans les prochaines semaines, « cette concertation est utile, et elle doit être rapide, efficace et concrète » note le sénateur Daniel Laurent. Rappelant que 200 000 hectolitres de vins d’appellation sont repliés annuellement, le parlementaire souligne que « le repli entre appellations est une stratégie qualitative déterminante pour le renforcement qualitatif des produits […]. Il constitue donc un levier essentiel dans la construction de ces marques, qui participent à la structuration de l'offre, en particulier à l’international. »