n 2017 et 2018, les chambres d’agriculture de l’Hérault et de l’Aude ainsi que l’IFV (Institut français de la vigne et du vin) pôle Rhône-Méditerranée ont testé un fertilisant d’un nouveau genre : le Vinichar. Il s’agit d’un mélange de compost de marc de raisin et de biochar.
À l’œil, le biochar ressemble à du marc de café. C’est un produit de la société VT Green, obtenu par pyrolyse de la matière organique. VT Green explique que les sociétés précolombiennes utilisaient déjà un équivalent pour amender leurs sols. Ils obtenaient ainsi de la terra petra, de la terre noire, aux propriétés extraordinaires si l’on en croit ce qui circule sur Internet.
Pour leur essai, les chambres d’agriculture et l’IFV ont utilisé du biochar obtenu à partir de pulpe et de marc de raisin qu’ils ont mélangé à du compost de marc à proportion d’un quart pour trois quarts de compost.
« Après six mois de maturation, nous avons épandu ce mélange en février 2017 et 2018, en surface, à l’aide d’un épandeur traditionnel », explique Jean-Christophe Payan, ingénieur à l’IFV.
Dans l’Aude et l’Ardèche, deux parcelles de merlot ont bénéficié de ce traitement. Dans l’Hérault, l’essai a porté sur du viognier. Ces vignes ont reçu deux doses de Vinichar : 4 t/ha et 8 t/ha. « Nous avons comparé ce traitement à un témoin sans apport et à des apports de 3 et 6 t/ha de compost de marc", précise Jean-Christophe Payan.
L’an dernier, l’apport de Vinichar a eu un effet dans les deux parcelles d’Ardèche, mais pas ailleurs. « Après la floraison, ces parcelles avaient une réserve en eau équivalente à une irrigation raisonnée. Le feuillage a continué de pousser pendant une à deux semaines supplémentaires après le 20 juillet. En revanche, les parcelles de l’Aude et de l’Hérault se sont toutes trouvées en stress hydrique avancé », détaille l’ingénieur.
En Ardèche, les expérimentateurs ont aussi récolté 5 % de vendange en plus dans les modalités traitées au Vinichar, ce qu’ils attribuent à une meilleure alimentation en eau. En revanche, ils n’ont observé aucune différence de composition des moûts. « Ces résultats sont surprenants, note Jean-Christophe Payan. Nous ne nous attendions pas à de tels effets dès la première année. Il faut en général trois à cinq ans de suivi en matière d’expérimentations sur les sols. »
Des résultats qui posent aussi des questions. Pourquoi le traitement a-t-il eu un effet en Ardèche et pas dans l’Aude ni dans l’Hérault ? Les recherches doivent se poursuivre.