On nous a dit : occupez-vous de vos professionnels, on s’occupe des consommateurs ». Cette responsable professionnelle qui tient à garder l’anonymat ne croyait pas trop à une coopération avec le ministère de la Santé. Elle n’a pas été surprise de l’accueil qu’il a réservé à la filière viticole le 26 juin.


Ce jour-là, Vin et Société est venu lui présenter la contribution des producteurs de boissons alcoolisées au plan national de prévention des dangers de l’alcool. « Ils nous ont dit d’aller voir ailleurs, commente plus sèchement encore cet autre responsable. C’est lamentable. »
Pourtant, la filière a rédigé sa contribution à la demande qu’Emmanuel Macron lui a faite en février dernier. C’est ainsi qu’elle propose d’informer les consommateurs sur la consommation responsable. Le ministère de la santé n’en veut pas, du moins pas dans le cadre d’un plan construit entre l’administration et les professionnels.


Interrogé sur le sujet, Joël Forgeau, président de Vin et Société, reconnait une « incompréhension » par l’administration des cibles visées par les filières des boissons alcoolisées. Il veut croire que les lignes pourraient bouger. « Le président de la Mildeca (Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives) a dit qu’il y avait des choses intéressantes dans le plan que nous avons remis », indique-t-il.
Mais il sait bien que la bataille sera rude. « Nous entrons dans la deuxième phase de concertation au sujet de ce plan, après la commande qui nous a été passée par l’Elysée », annonce-t-il.


Le 4 juillet, Vin et Société présentait le plan des filières des boissons alcoolisées aux parlementaires lors d’une réunion à la maison de l’Amérique Latine à Paris. Histoire de trouver des alliés dans le bras de fer qui va s’engager avec le ministère de la Santé.
Car l’enjeu est de taille. Les producteurs de boissons alcoolisées ont prévu d’investir 1,2 million d’euros par an dont 500000 € venant de Vin et Société dans leur plan de prévention. S’ils obtiennent l’aval du ministère de la Santé, ils pourront prétendre à des subventions européennes. Leur plan prendrait alors une toute autre dimension.