Présence de résidus de matières actives, incidences œnologiques et apparition de mauvais goûts » : les phytos ne sont pas les bienvenus dans les eaux-de-vie pour la station viticole du Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). Pour limiter le risque de résidus liés aux traitements phytos, l’interprofession a développé une expertise inédite sur les transferts du vin de base aux eaux-de-vie.
À échelle expérimentale, l’atelier de distillation de la station viticole étudie « le comportement de la matière active lors de la distillation » explique le BNIC dans le dernier numéro d’UgniC*, c'est-à-dire« le risque de passage de la molécule au cours des deux chauffes et la stabilité thermique de la matière active ». Les métabolites issus de la dégradation des molécules sont également étudiés.
Le glyphosate se trouvait parmi les dernières molécules ainsi étudiées par l’atelier pilote du BNIC. Dosé à la valeur des Limites maximales de résidus dans les moûts, ni le fameux herbicide, ni son métabolite (l’acide aminométhyl phosphonique, AMPA), n’ont passé le cap de la chauffe de vin et de la bonne chauffe. Ce constat scientifique confirme « l’absence de traces de glyphosate et d’AMPA dans les eaux-de-vie commerciaux » précise le BNIC, dont les services analysent ponctuellement 219 résidus phytos dans une sélection de cognacs mis en vente.
Lancée dans les années 1990, cette démarche d’analyse est couplée à un travail de qualification des pesticides. À partir de ses essais au vignoble et à la distillerie, la station viticole tient à jour une liste des phytos selon les risques liés à leur utilisation. Cette base de données distinguant les « produits qualifiés » (sans risque identifié sur la qualité ou les résidus) des « produit sous surveillance » (pas de risque avéré) et des « produits non-qualifiés » (risque prouvé et produits déconseillés).
* : La revue mensuelle de l’Union Générale des Viticulteurs pour l’AOC Cognac.