Sur une grappe, chaque baie a sa propre dynamique de croissance et de maturation. Et l’origine de cette asynchronie se trouve dès la floraison » résume le professeur Alain Deloire (Montpellier Supagro), lors de la matinée technique de l’association des œnologues de Bordeaux, ce 16 mars à Cenon. « Quels sont les facteurs de cette asynchronie ? C’est une question de recherche….
Ce qui veut dire que je n’ai pas la réponse » lâche dans un sourire le professeur de viticulture. Qui souligne qu’au-delà de l’enjeu de recherche fondamentale, cet « asynchronisme du développement des baies pose la question des suivis de maturité, de leur échantillonnage et du raisonnement de leurs résultats. »
Pour appuyer ses affirmations, Alain Deloire a présenté une étude méticuleuse des caractéristiques de baies sur plusieurs grappes de syrah australiennes (issues des climats chauds de Griffith et tempérés d’Orange). Positionnée dans l’espace de la grappe, chaque baie a été mesurée en termes de poids, de nombre de pépins, de couleur, de degrés brix, de concentration en sucre, de concentration en eau… Résultat, « il n’y a pas de gradients de développement ou de composition des baies au sein de la grappe » rapporte Alain Deloire. Chaque baie semble vivre sa vie de manière indépendante, sans positionnement spatial la prédestinant à un avancement ou un retard particulier de maturité.


Seul résultat saillant, et inattendu, plus une baie a de pépins, et plus elle apparaît colorée et mûre. « Plus il y a de pépins, plus il y a d’anthocyanes. Cela pourrait être lié à un effet hormonal de maturation, ou à une autre avance de maturité… Cela reste une question de recherche » reconnaît Alain Deloire. Qui souligne que cette asynchronie aléatoire pose la question des prélèvements de maturité. « J’entends mes collègues conseiller à leurs étudiants des prélèvements allant d’une à deux mille baies par grappe. Avec des répétitions, cela peut faire de sacrées quantités pour suivre la maturité… » s’amuse le professeur.