Nous demandons au ministère d’intervenir pour que la situation ne dégénère pas », explique Stéphane Roy, président de l’UGVC (Union générale des viticulteurs pour l’AOC Cognac). Car sur le terrain, la tension est forte entre la poignée de viticulteurs qui transfèrent des autorisations de plantations après avoir acheté et arraché des vignes dans d’autres régions, et leurs collègues.
Christophe Forget, représentant du bassin viticole de Cognac à FranceAgriMer est même plus alarmiste : « C’est un enjeu de sécurité publique que de régler ce problème », affirme-t-il.


Les responsables professionnels demandent au ministère de l’Agriculture de modifier la circulaire qui encadre les transferts de plantations après arrachage. A ce jour, ce texte impose d’avoir exploité une vigne pendant au moins un an avant de pouvoir l’arracher pour replanter la même surface ailleurs. Les Charentais demandent que cette durée passe à cinq ans. Une demande qu’ils ont faite en juin déjà, affirment-ils. « Mais le ministère ne nous répond pas », regrette Stéphane Roy. Il redouterait d’être retoqué pour restriction du droit européen.
Pour mettre la pression sur les pouvoirs publics, les Charentais ont lancé une pétition sur le site change.org. « Nous avons déjà recueilli un millier de signatures », soutient Stéphane Roy.
Les responsables syndicaux envisagent également de demander une modification du statut juridique de leur vin ou de leur vignoble qui sont sans IG aujourd’hui. En effet si leur vin était apte à produire une IG ou si leur le vignoble était d’appellation, ils pourraient interdire les transferts. Mais cela suppose l’accord du négoce et une modification de l’OCM. Autant dire que c’est une opération longue, lourde et incertaine.


Selon l’UGVC, depuis 2016, trente à quarante viticulteurs charentais ont transféré 300 ha d’autorisations de plantation en provenance d’autres vignobles et ils ont planté 136 ha avec ces autorisations.
Le syndicat redoute que faute de mesure interdisant ces opérations, beaucoup de viticulteurs s’y mettent, ce qui provoquerait rapidement une crise de surproduction.
Ceux qui transfèrent des vignes le font à raison d’une dizaine d’hectare. Ils peuvent ainsi s’agrandir bien plus rapidement que leurs collègues respectueux de la procédure officielle. En 2016, ces derniers ont été 1500 à se partager 250 ha de vignes nouvelles en tout et pour tout. Autant dire presque rien.
« Tous les vignobles d'AOC sont derrière Cognac car Cognac ne peut plus réguler son outil de production, assure Bernard Farges, président de la Cnaoc. Il faut empêcher que la faille actuelle devienne un plaie béante. »