es données numériques peuvent être très utiles pour mieux comprendre le comportement des consommateurs et ainsi, adapter sa stratégie digitale en conséquence. Sopexa, l'agence internationale de communication et marketing, a par exemple analysé sur ces cinq dernières années les tendances des recherches effectuées aux Etats-Unis sur les vins effervescents, grâce à Google trends. « On note une augmentation importante des recherches effectuées sur le terme « Prosecco », avec des « pics d'intérêts » pendant les vacances scolaires », a expliqué Pauline Oudin, directrice USA chez Sopexa, lors d'une conférence organisée lors du Vinexpo 2015. En d'autres termes, les américains s'intéressent de plus en plus au Prosecco, une tendance à mettre en lien direct avec l'explosion des ventes de ces vins dans ce pays ces dernières années.
D'autres outils plus « fins » d'analyses des données numériques peuvent permettre d'aller plus loin dans la connaissance du contenu publié par ces consommateurs. C'est la raison d'être de l'agence « Linkfluence », spécialisée en « social media intelligence ». A partir des conversations publiées sur les médias sociaux – Instagram, Pinterest, Facebook, Twitter - l'entreprise « décortique» les millions de conversations, messages, ou photos postés, grâce son logiciel Radarly. L'objectif : opérer une veille pour suivre l'« e-reputation » d'une marque, mais aussi aller plus loin dans la caractérisation des consommateurs ; cette technique aboutit en effet à identifier différents types de communautés, à définir des profils-types et ainsi, conduire une stratégie digitale adaptée.
Cette technique appliquée pour le mot « Champagne » aux Etats-Unis, pendant une année, a par exemple permis d'analyser pas moins de 68.000 publications par mois, provenant de 1.000 sites distincts. Le résultat : « Les profils qui en parlent le plus sont ceux appartenant aux groupes des « connectés » et des « mondains », et les termes les plus associés au Champagne sont la ville, les amis, la nuit, la fête, l'argent, le business..., témoigne Fanny Forgeau, de la start-up Linkfluence. Aux Etats-Unis, le Champagne est donc associé au « star system » et plus vu comme un mode de vie, riche et aisé, qu'un produit », poursuit celle-ci. Autre enseignement tiré de l'analyse: les conversations liées au champagne sont, plus que les autres vins, liées à une image. « Le champagne est consommé pour être vu ; il faut donc un produit très visible, afin d'aider votre public à ressortir du lot », conseille Fanny Forgeau. D'où la création il y a deux ans, par Moët et Chandon, d'une bouteille de Champagne phosphorescente Dom Pérignon, beaucoup vendue en boites de nuit.
Si le Champagne est désormais associé au monde du luxe, le Prosecco serait quant à lui nettement plus consommé pour en « profiter » que pour se « montrer ». Par comparaison au premier, l'analyse des conversations sur le web montre que l'effervescent italien est considéré comme un produit plus proche d'un vin « normal » : les internautes sont presque « experts », sont en recherche de conseils techniques, culinaires, d'informations sur le produit, et l'achètent pour une consommation à domicile, lors de brunchs par exemple. « Il est aussi désormais deux fois plus associé au mot « mariage » que le Champagne...ce qui n'était pas le cas il y a quelques années... », note aussi la spécialiste. D'où la question soulevée par celle-ci, à savoir, si « le Champagne ne serait-il pas devenu en dehors de la réalité.. ? »
[Illustration: la bouteille phosphorescente Dom Perignon, conçue pour les soirées en night club]