En volume, la production annuelle de vins de pays charentais ne dépasse pas celle d'une grosse cave du Sud de la France » plaisante Thierry Jullion, le président depuis un an le syndicat des Vins de Pays Charentais. Vigneron au domaine de Montizeau (45 hectares à Saint-Maigrin), il reconnaît la modestie de cette Indication Géographique Protégée, mais reste fermement convaincu qu'elle doit être plus qu'un complément de gamme, calant les rayons de cognacs et pineau des Charentes des magasins à touristes de la côte. « En vente directe, les marges sont bonnes pour les vins, moyennes pour les pineau et quasiment nulles pour les cognacs. L'exact inverse de la vente au négoce » rapporte-t-il. Sa démarche d'entrepreneur, produisant et vendant son vin, détone avec l'approche charentaise traditionnelle de producteur/apporteur d'eaux-de-vie aux maisons de Cognac.
Espérant voir se développer d'une démarche de vigneron indépendant dans le vignoble charentais, Thierry Jullion voit déjà la production de l'IGP vin de pays charentais évoluer : « depuis 2 à 3 ans la tendance de la demande a poussé le rosé à prendre l'ascendance sur le rouge ». Les rosés comptent désormais pour 40 % des volumes produits, suivis par les blancs (30 %, essentiellement sauvignon blanc et chardonnay) et les rouges (30 %, surtout merlot et cabernet-sauvignon). Mais la principale difficulté de l'IGP reste sa faible connaissance de son marché, étant réduite à des estimations : 75 % des commercialisations seraient locales (dont la moitié concentrée pendant l'été), grâce à un fort maillage de caveaux de ventes.
En Charente et Charente-Maritime, 91 000 hectolitres de vins auraient été récoltés en 2014. 15 à 20 % de ces volumes étant commercialisés en vins sans indication géographique, le syndicat des vins de pays charentais table sur une production de 71 000 hectolitres d'IGP charentaise en 2014.
[Photo de Thierry Jullion : syndicat de production et de promotion des Vins de Pays Charentais]