menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / "Imaginer que si la production de vin se réduit, les cours vont se tendre, je n’y crois pas" : l’arrachage ne doit pas seulement réduire l’offre, mais l’adapter à la demande du marché
"Imaginer que si la production de vin se réduit, les cours vont se tendre, je n’y crois pas" : l’arrachage ne doit pas seulement réduire l’offre, mais l’adapter à la demande du marché
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Pour atteindre l’équilibre
"Imaginer que si la production de vin se réduit, les cours vont se tendre, je n’y crois pas" : l’arrachage ne doit pas seulement réduire l’offre, mais l’adapter à la demande du marché

Le débat est lancé : d’une part il faut arracher rapidement des vignes coûtant plus d’argent qu’elles n’en dégage, de l’autre il ne faudrait pas s’emballer au risque de louper le coche quand le marché repartira volumiquement et que d’autres bassins et pays viticoles en profiteront. Le point avec Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France, pour qui il faut autant réagir que réfléchir aux réalités économiques de la production et de la commercialisation. Tout en soutenant la promotion collective, mais sans aller plus vite que la musique.
Par Alexandre Abellan Le 12 décembre 2025
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
'Il faut prendre conscience que la filière a besoin de planter, restructurer et investir dans l’outil de production' plaide Jean-Marie Fabre. - crédit photo : Luc Jennepin/VIF
O

n entend monter dans le vignoble l’idée qu’avec les arrachages passés et à venir, la production française risquerait de tomber en deçà des volumes demandés par les marchés. Certains craignent que la France arrache trop, et au profit d’autres vignobles quand la demande repartira, tandis que d’autres se réjouissent de l’idée que le négoce devra prochainement acheter le vrac à meilleurs prix, dans une forme de revanche à peine voilée…

Jean-Marie Fabre : Il ne faut pas se tromper sur la finalité de l’arrachage et des surfaces conservées. Repartons des chiffres du récent sondage de FranceAgriMer sur l’arrachage et le recalibrage du vignoble. 82 % des vignerons intéressés par un nouvel arrachage ne souhaitent pas quitter le métier mais le continuer. L’arrachage est un dispositif plus dynamique que la simple soustraction pour un arrêt d’activité. Il s’agit pour nos entreprises d’équilibrer leurs surfaces en production avec leur capacité commerciale, tout en réduisant les frais et en améliorant la valeur ajoutée qui était consommée sur des parcelles non-rémunératrices. Que des gens imaginent que si la production de vin va se réduire, les cours vont se tendre, moi je n’y crois pas. On peut avoir une offre de vin inférieure à la demande sans que tout soit commercialisé.

 

Les chiffres de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) montrent justement que le monde viticole devrait vendre plus qu'il ne produit en 2026.

Volumiquement, il va y avoir moins de vins produits que consommés. Mais ce n’est pas parce que la production est à 230 millions d’hectolitres alors que la consommation est de 240 millions hl que le prix montera. Il faut comprendre qu’une part des 230 millions hl ne correspond pas à la demande.

 

Pour vous le vin n’est plus un produit substituable quantitativement, son profil produit entrant en cause pour accéder au marché ?

Il n’y a pas de lien mécanique. Je dis attention. Prenons le cas du Gers, qui a manqué de vins blancs pendant trois années : est-ce que les prix ont compensé les pertes et est-ce que la valorisation persiste ? Ce n’est pas le cas et il ne faut pas se leurrer. Le vin comme matière première, c’était vrai il y a 20 ou 30 ans quand un manque dans une région entrainait une augmentation directe et une aspiration des volumes disponibles. Il n’y a plus de vase communicant aussi simple. Ce n’est pas parce qu’il y a un équilibre volumique entre la production et le besoin de commercialisation que l’on répond à la demande. J’appelle ceux qui vont arracher à bien cibler leurs parcelles. Qu’ils ne privilégient pas forcément les moins rentables pour la production, mais qu'ils pensent d’abord aux moins rentables en termes de valorisation et de performance économique. Quand elle sera mise en place, la mesure d’arrachage aura un effet booster pour ceux qui réduisent les productions pour lesquelles ils n’ont pas de capacité commercialisations (parce qu’ils ne la maîtrisent pas ou que les produits sont moins demandés) ou pour ceux dont le modèle économique est obsolète (arrivant en fin de carrière ou étant à bout psychologiquement). Il ne faut pas penser que réduction du coût de production, mais s’assurer que les vignes conservées ont une production commercialisée et valorisée. Les vignerons en ont conscience, ils se concentrent sur ce qui amène de la valeur ajoutée.

 

Autre sujet récurrent dans le vignoble, la question du soutien à la promotion des vins dans les pays tiers, qui va être dopé après des débats sur la très faible enveloppe dédiée dans le Plan Stratégique Naitonal (PSN).

Il faut d’abord bien comprendre que l’on n’est jamais arrivé à un niveau où tous les fonds étaient utilisés. C’est malsain de laisser croire que l’on ne met pas l’argent suffisant sur une mesure de promotion qui n’a jamais eu besoin de stabilisation ou de réfaction face à trop de demande (contrairement à l’aide à l’investissement). Aujourd’hui, avec 76 millions € demandés sur 80 millions € disponibles, on n’est pas loin de la consommation totale de l’enveloppe sur la promotion. C’est heureux et tant mieux. Je dis banco pour augmenter le soutien à la promotion dans les pays tiers, mais avec une souplesse en cas de non-consommation de la totalité de cette enveloppe pour la promotion, afin que le solde soit replié sur les autres mesures. L’an prochain, il y aura plus de fonds sur la promotion, en espérant que les entreprises auront les moyens pour s’en saisir. Et il faut prendre conscience que la filière a besoin de planter, restructurer et investir dans l’outil de production. Seulement 1,2 % du vignoble bénéficie de la restructuration chaque année, alors que la durée de vie d’une parcelle de vigne n’est pas de 80 ans en moyenne. On est en retard pour restructurer le vignoble et l’adapter au changement climatique.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (1)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
Ali Le 12 décembre 2025 à 14:54:36
Entièrement d'accord avec Jean Marie Fabre , il faut plutôt mettre l'effort sur la commercialisation d'abord aujourd'hui, et pour les vins qui ne trouvent pas preneur ,tout essayer, vins sans alcool, vins oranges ,sans sulfites, natures , moins titrés,jus de raisin de qualité, changer de couleur, faire même du vinaigre, etc etc etc ... il y a plein de solutions, certes elles peuvent être douloureuses, mais n'arracher qu'en dernier recours et garder ce potentiel de production. Comment d'après vous est né le prosecco, pour la même raison, trop de raisin et pas de débouché, aujourd'hui il se fait plus de bouteilles de prosecco que de champagne, même si ce sont des bulles low cost ,les ventes sont là , je suis persuadé que nous pouvons offrir d'autres choses, notamment les vins sans alcool pour tout le moyen orient ou bien même l'Afrique par exemple ; Amis vignerons, je veux vous dire : Ne baissez pas les bras ,vous êtes l'identité de la France et nous sommes fier de vous !!!
Signaler ce contenu comme inapproprié
vitijob.com, emploi vigne et vin
Bouches-du-Rhône - CDI SARL MAISON SAINT AIX
Saône-et-Loire - CDI EARL De La Greffière
Rhône / Saône-et-Loire - CDI Château du Moulin-à-Vent
Rhône / Saône-et-Loire - CDI Château du Moulin-à-Vent
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé