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"La demande de vin est toujours là, son recul est davantage lié à une offre limitée qu'à une demande réduite"
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Petites récoltes mondiales
"La demande de vin est toujours là, son recul est davantage lié à une offre limitée qu'à une demande réduite"

Il n’y a pas de "crise mondiale" du vin pour John Barker, le directeur de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV), qui souligne "un certain nombre de défis" : changement climatique, incertitudes commerciales, évolution des consommations… Le point sur une filière que les secousses internationales ne perturbent pas homogènement.
Par Alexandre Abellan Le 13 novembre 2025
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'Le changement climatique est une tendance de long terme et c'est quelque chose avec lequel nous devrons toujours composer' dans la filière prévient John Barker. - crédit photo : © Baptiste Paquot_OIV
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OIV vient de publier les prévisions de récolte pour le millésime 2025Le changement climatique et son incidence sur les conditions météorologiques sont le premier déterminant de la vendange mondiale.

John Barker : Oui, cette année, sans aucun doute. Nous avons constaté une légère reprise par rapport à 2024, qui avait été la pire année depuis 1961. Nous enregistrons une augmentation de 3 % par rapport à 2024. Il s'agit bien sûr d'une première estimation. Mais nous sommes encore 7 % en dessous de la moyenne quinquennale. Je pense que nous pouvons attribuer cela en grande partie aux effets du changement climatique. Il y a aussi des éléments liés à la restructuration du vignoble, mais l'impact du changement climatique semble être, de loin, le plus important.

 

Cela signifie-t-il que le vignoble doit encore s'adapter au changement climatique ?

C'est un travail en cours. Il y aura toujours, c'est certain, des adaptations au changement climatique dans le vignoble, que ce soit par le biais des systèmes de gestion du vignoble, de l'irrigation, du choix des cépages, il y a toujours des adaptations à faire. Mais le changement climatique est une tendance à long terme et c'est quelque chose avec lequel nous devrons toujours composer.

 

Pour le marché mondial du vin, est-ce une bonne nouvelle d'avoir une petite récolte en 2025 ? Cela permettra-t-il d'équilibrer l’offre et la demande ?

Tout d'abord, les conditions météorologiques réduisent les rendements et peuvent avoir un impact réel à l’échelle individuelle sur les producteurs et les régions. Cela augmente leurs coûts et diminue leurs revenus. De ce point de vue, c'est évidemment difficile. Mais en même temps, si nous prenons du recul et que nous examinons la situation d'un point de vue macroéconomique, je pense que c'est une bonne chose. Dans la mesure où cela contribuera à maintenir l'équilibre du marché à un moment où nous assistons à une baisse de la consommation.

 

De faibles rendements entraînent en effet des coûts de production élevés et donc la difficulté, voire l'impossibilité, d'atteindre un niveau acceptable de rentabilité. La rentabilité est-elle le principal problème du secteur viticole à l'heure actuelle ?

Cela dépend probablement de la région dans laquelle vous vous trouvez. Certains vignobles ont des coûts de production plus élevés, alors que la demande pour leurs produits est plus faible, ou qu'elles ont été touchées par des événements climatiques qui ont eu un impact sur leur rentabilité. Mais je pense que la situation est très contrastée à travers le monde.

 

Au niveau international, quelles sont les tendances dans les régions viticoles ? Y a-t-il un arrachage des vignes à l'échelle mondiale ou est-ce un sujet qui concerne et préoccupe principalement la France ?

Nous avons observé plusieurs phénomènes à travers le monde. En Europe, il y a eu un arrachage, en particulier en France et en Espagne, mais nous avons vu la superficie des vignobles augmenter en Italie par exemple. Je dirais donc que, dans l'ensemble, la superficie des vignobles européens a diminué de 3,4 % sur cinq ans. Mais ce que nous avons observé dans les pays du Nouveau Monde, ce n'est pas nécessairement une diminution : nous n'avons pas constaté d'augmentation aussi forte que par le passé de la superficie viticole, qui a plutôt tendance à se stabiliser. Et il y a certaines régions du monde, comme l'Inde par exemple, où nous observons une augmentation significative de la superficie viticole.

 

S'agit-il de vignobles destinés à la production de vin ?

C'est un peu difficile à dire, car nous ne disposons pas toujours de données clairement ventilées. Une partie est certainement destinée à la production de vin, mais l'industrie du raisin de table est également en pleine expansion, y compris en Inde. Nous ne pouvons pas distinguer ces chiffres pour le moment.

 

Dans le monde, quelles sont les tendances actuelles en matière de consommation de vin ? Observez-vous des changements liés à la fermeture de marchés d'exportation tels que les États-Unis ?

Comme nous le savons, il existe une tendance à long terme de baisse de la consommation de vin, en particulier dans les pays traditionnels d'Europe et dans certains pays d'Amérique du Sud. Historiquement, cette baisse a été compensée par la croissance de marchés tels que les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et, plus récemment, la Chine. La tendance de ces dernières années, depuis la période post-COVID, a été marquée par un recul de certains de ces marchés qui connaissaient une forte croissance depuis les années 1960.

Dans les premières données commerciales pour les six premiers mois de l'année, le marché américain a en fait enregistré des performances assez solides. Cela s'explique probablement par le fait que les distributeurs et les détaillants ont constitué des stocks en prévision de l'entrée en vigueur des droits de douane. Ce que nous avons observé sur l’ensemble du marché mondial est assez intéressant. Il ne s'agit que de données provisoires pour les six premiers mois, mais les volumes sont en baisse, alors que les prix sont en hausse. Cela suggère que la demande est toujours là et que le recul est probablement davantage lié à une offre limitée qu'à une demande réduite. Nous avons connu trois années de récoltes historiquement faibles. Nous commençons donc à voir l'offre mondiale se contracter, en particulier pour les profils très demandés.

 

Vous voyez donc des signes permettant à la filière de regagner en optimisme, de voir la lumière au bout du tunnel.

Si l'on examine la vendange 2025, je pense qu'il est très positif que nous atteignons un meilleur équilibre entre l'offre et la demande. Les premiers chiffres suggèrent que l'offre serait peut-être plus restreinte que la demande. Ce qui est une bonne chose, car cela tend à faire augmenter les prix, ou plutôt à augmenter la valeur pour les producteurs. Mais il y a beaucoup d'incertitude dans le monde en ce moment. Je dirais qu'à long terme, nous pouvons certainement être optimistes. À court terme, nous ne savons toujours pas exactement quels seront les impacts, par exemple, des droits de douane aux États-Unis.

 

Diplomatiquement, quel rôle l'OIV peut-elle jouer dans un monde de prophètes des chaos économiques et géopolitiques ?

Je pense que le rôle de l'OIV consiste avant tout à fournir des données et des statistiques afin que nous comprenions tous ce qui se passe. En ce qui concerne notre travail scientifique, nous jouons un rôle très important dans la normalisation, en mettant en place des pratiques qui soutiennent réellement le commerce, en veillant à ce qu'il y ait une compréhension commune des règles qui devraient s'appliquer dans le monde entier. Et nous rassemblons les pays au sein de notre organisation. L'année dernière, nous avons organisé deux conférences ministérielles au cours desquelles les ministres de 37 pays se sont réunis pour adopter une déclaration reconnaissant les défis auxquels est confronté le monde du vin et soulignant l'importance de travailler ensemble. Et c'est quelque chose sur lequel nous voulons nous appuyer à l'avenir.

 

En avril dernier, vous avez déclaré que vous ne pensiez pas que l'on puisse parler d'une crise mondiale dans l'industrie viticole et que les situations dans les régions et les pays viticoles étaient très hétérogènes. Est-ce toujours le cas ? La priorité est-elle désormais de faire évoluer l'offre pour répondre aux besoins des marchés d'aujourd'hui et de demain ?

Je pense à nouveau que l'on ne peut pas vraiment parler d'une crise mondiale, mais on peut certainement reconnaître que le secteur est confronté à un certain nombre de défis. Il est clair que cette année, pour la troisième fois consécutive, nous constatons les effets du changement climatique. Nous savons qu'il existe une incertitude dans la situation commerciale mondiale et que cela va continuer. Nous assistons également à une évolution des tendances de consommation. Ce sont là autant de défis qui touchent différentes régions de différentes manières. Certaines régions sont mieux à même de s'adapter à ces défis que d'autres. Mais je pense qu'il n'est probablement pas très utile de parler d'une crise mondiale, car en réalité, ce que nous devons faire, c'est examiner les défis et nous y adapter, car c'est là que nous trouverons les opportunités pour l'avenir du secteur.

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