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La sortie de crise de la cave Robert & Marcel par son nouveau président, Guillaume Le Lay
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Ça passe crémant ?
La sortie de crise de la cave Robert & Marcel par son nouveau président, Guillaume Le Lay

Tout juste élu à la présidence de la cave Robert & Marcel (130 adhérents pour 1 700 hectares du Nord de la Vienne à Bourgueil en passant par Saumur), le viticulteur Guillaume Le Lay (45 ans) fait le point complet sur les difficultés financières actuelles de la coopérative (sur du court-terme mais avec un impact sur les rémunérations) et le cap stratégique d’avenir porté par des marchés porteurs (notamment les crémants) avec le soutien d’un conseil d’administration rajeuni (13 nouveaux membres sur les 18 élus ce 23 juillet).
Par Vitisphere Le 25 juillet 2025
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La sortie de crise de la cave Robert & Marcel par son nouveau président, Guillaume Le Lay
Pour les vendanges 2025, 'les rémunérations seront en baisse du fait de la mévente et d’erreur de reprises de provision' annonce Guillaume Le Lay, pointant que 'les choses vont être régularisées, mais elles vont impacter les rémunérations, ce qui est dommageable et va mettre en difficulté des viticulteurs'. - crédit photo : Phototeam
Q

uel est votre parcours personnel vous amenant à devenir coopérateur à Saint-Cyr-en-Bourg et désormais président de la cave Robert & Marcel ?

Guillaume Le Lay : Je suis devenu coopérateur quand je me suis installé en 2008. Je suis œnologue et ingénieur agronome de formation, j’ai plutôt travaillé dans le Sud-Est de la France comme responsable des aspects de production. J’ai eu la volonté de travailler à mon compte et je connais la région comme mon épouse est d’ici. C’est une région viticole qui me plait, on peut y faire des bulles, des rouges, des blancs secs, des liquoreux… En 2008, j’ai repris mon premier vignoble et comme j’aime l’esprit collectif je suis allé sur le modèle coopératif. J’ai adhéré à la cave de Saumur qui est devenue la cave de Robert & Marcel. Mon vignoble s’est petit à petit développé, j’exploite 45 hectares de vignes, dont un tiers en bio, principalement en crémant de Loire et Saumur Champigny, mais j’ai presque toutes les appellations du Saumurois. J’ai été au conseil d’administration de la cave pendant 7 ans, jusqu’en 2017, où je me suis éloigné pour développer mon entreprise, et pour mieux revenir.

 

Ce nouveau conseil d’administration est perçu comme jeune et dynamique dans la filière.

Il y a un nouveau souffle. Je ne me considère plus comme jeune, je fais partie des anciens, des vieux briscards qui ont connu ce qui se passait avant. Même si je n’étais plus au conseil d’administration et ne participais plus à la stratégie de l’entreprise, j’étais encore investi dans la vie de la cave, je n’étais pas hors-sol. Je suis revenu parce que je suis toujours passionné et amoureux de la cave. Je voyais des choses qui ne fonctionnaient pas comme il faudrait. De petites problématiques techniques, stratégiques, financières… C’était un ensemble, que les problèmes conjoncturels de la filière ont mis en exergue. Il y avait aussi une volonté de changement chez les adhérents et les salariés. Dans ce contexte, on est un peu venu nous chercher pour construire un projet collectif de renouveau alors que l’ancien conseil d’administration avait pris la décision de démissionner.

 

De quoi parle-t-on concrètement, d’un changement naturel de direction ou d’un véritable putsch ?

Non. C’est à eux de le dire, mais ils ont démissionné comme ils arrivaient en bout de cycle. Il y avait un besoin de renouveau sur la stratégie de l’entreprises. C’est un tout, avec un directeur parti en arrêt maladie et un directeur de transition arrivant. Le besoin de renouveau est réel, pour revoir notre façon de fonctionner, notre agilité, notre rigueur, notre stratégie… Il y a beaucoup de chantiers. Aujourd’hui, je n’ai pas de feuille de route précise, ça ne fait que trois jours que l’élection a eu lieu. Mes principes sont simples, mais forts (voir encadré). Et il y a une volonté réelle des adhérents, la preuve en est qu’il y a eu plus de candidats aux postes du conseil d’administration que de postes pourvoir. Il y a une volonté de reprise en main avec une implication des adhérents. Ce sont de beaux signaux, d’autant plus quand il s’agit de jeunes. Sur 18 membres du conseil d’administration, 5 sont d’anciens administrateurs. Ma volonté était qu’il y ait des anciens garants de l’histoire et du passé, des bonnes décisions comme des mauvaises.

 

Quelle était l’ambiance de cette assemblée générale : houleuse, tendue, inquiète ou attentive ?

Elle n’était pas froide. Il y avait de la bienveillance et une volonté de changement. Il n’y a pas eu de manifestation de colère.

 

Alors que le val de Loire semblait épargné, on a l’impression que la crise viticole porte un coup dur et rapide aux opérateurs ligériens.

Chez nous, la crise se concentre sur les rouges et sur les rosés, dont la baisse de consommation s’est accélérée rapidement. On était jusqu’à présent assez protégés, on s’en sortait très bien. On a décroché et j’ai plein espoir que le vent tourne. Les bulles sont dynamiques et ce marché reste en croissance. On s’est spécialisés dans la bulle et on continue à se spécialiser : quasiment 50 % de notre production se fait en bulles (en crémant essentiellement, mais aussi en Saumur fines bulles. C’est une chance d’avoir des marchés porteurs en France et à l’étranger. Mais on ne peut pas dire que l’on n'est pas touchés. Le marché le plus tendu et le plus concurrentiel est celui du rosé d’Anjou, dont la consommation a souffert l’an dernier d’une météo exécrable : il y a du stock, ce qui tend la trésorerie et la situation.

 

Quels sont les impacts de ces difficultés sur les paiements aux adhérents de Robert & Marcel sur les récoltes passées et à venir ?

Les adhérents sont payés sur les récoltes passées. Il y a eu quelques échelonnement et délais pour faire face à des problèmes de trésorerie, mais c’était de l’ordre de 10 jours de décalage. Il n’y a eu aucune absence ou défaut de paiement. La nouvelle récolte va être rémunérée à partir du 25 septembre. La rémunération sera en baisse, mais les chiffres qui circulent sont estimés au doigt mouillé, ils ne servent à rien. Il est trop tôt aujourd’hui pour donner un montant, l’exercice comptable étant clos au 31 juillet. Les rémunérations seront en baisse du fait de la mévente et d’erreur de reprises de provision. Les choses vont être régularisées, mais elles vont impacter les rémunérations, ce qui est dommageable et va mettre en difficulté des viticulteurs.

 

Parmi les erreurs, on parle de lots de vins 2024 qui ne seraient plus marchands dans le vignoble…

Non, il y a peut-être une cuve ou deux qui pourraient être considérés comme étant non-marchandes, mais des analyses et expertises sont en cours, il n’y a rien de catastrophique et rien n’est perdu. On sait que 2024 n’était pas le millésime du siècle, mais on a de beaux vins en cave, il faut retrouver les clients en face pour écouler des stocks. Sur une cave qui produit 100 000 hl tous les ans, avoir 500 ou 1 000 hl qui ont de petits soucis n’est pas catastrophique et ne me semble pas anormal.

 

Qu’en est-il de la santé financière de la cave ? Y-a-t-il un risque de cessation des paiements ou un besoin de protection du tribunal ?

Aujourd’hui, on doit faire face à des problèmes de trésorerie qui sont liés à des stocks importants avec des marchés tendus et deux belles récoltes rémunérées à 100 % aux adhérents. On a augmenté volontairement les stocks sur les crémants, en passant en 2 ans de 30 000 hl à 50 000 hl. On les conserve volontairement (nos crémants ne partant pas avant 2 ans), ce qui demande un besoin en fonds de roulement important. Les choses n’ont pas été assez anticipées et génèrent des problèmes de trésorerie à court terme. Mais la situation est saine, il y a peu de dettes sur le long terme, beaucoup de capitaux propres, beaucoup d’actifs… Le court terme, ça se gère : réorganiser la dette et la restructurer, ce n’est pas un problème de niveau d'endettement. Les discussion avec les banques sont en cours et se passent bien.

 

Quel est votre calendrier pour fixer votre feuille de route ?

Les vendanges commencent ici la troisième semaine d’août, c’est demain. Il faudra être patient, une feuille de route précise viendra en fin d’année. Dans l’attente nous avons un directeur de transition connu et compétent ayant l’expérience de la filière, du tissu local et de la cave. C’est quelqu’un de confiance.

 

Bernard Jacob est directeur de transition depuis mi-mai en remplacement de Nicolas Emereau qui est en arrêt maladie. Est-ce que cette transition est amenée à durer ou à aboutir sur un recrutement.

Tant que l’arrêt maladie se poursuit, il n’y a rien à décider avant.

 

Concernant les salariés, quel est le bilan des départs passés et y aura-t-il de nouveaux ?

Il y a eu des départs par ruptures conventionnelles, retraite, changements de direction personnels et des départ non remplacés. En tout, il y a eu 15 départs, sans heurts, ce qui réajuste la situation à ce qu’elle était il y a quatre ans, à niveau de chiffre d’affaires équivalent. Il faut relativiser, même si c’est une situation compliquée quand il y a des départs de collaborateurs. Rien n’est envisagé pour de nouveaux départs. La cave et sa structure commerciale emploient 110 salariés.

 

Concernant le périmètre de votre présidence, concerne-t-elle seulement Robert & Marcel ou inclut-elle également l’outil commercial Alliance Loire ?

Le conseil d’administration d’Alliance Loire en décidera, je n’ai pas de volonté d’imposer, c’est mon état d’esprit. Jusqu’à présent le président de la cave de Saumur en était aussi le président. Alliance Loire regroupe Robert & Marcel, qui est actionnaire majoritaire, les Vignerons des Terroirs de la Noëlle en Muscadet, Vignobles du Paradis à Chinon, cave de Vouvray, cave du Vendômois et les Vignerons des Côteaux Romanais en Touraine.

 

Comment s’annonce la vendange et l’avenir ?

Notre production moyenne est de 95 000 hl. Cette année on peut estimer que ce n’est pas une grosse récolte, on devrait produire 92 000 hl. Pour l’avenir, il y a des éléments positifs avec l’engouement des adhérents, des marchés qui vont bien (les crémants qui pèsent pour 50 % de la structure et on continue à vendre des vins même sur des couleurs compliqués). Il y un renouveau et des éléments positifs face aux problèmes ponctuels de trésoreries. Les difficultés financières vont se régulariser et se gérer.

Le communiqué du 24 juillet et la feuille de route de la nouvelle présidence

"Un nouveau Conseil d’Administration a émergé d’une assemblée générale où la participation a été particulièrement élevée.  Une équipe de dix-huit administrateurs, qui fait une place inédite aux plus jeunes de nos vignerons, a été élue à la majorité absolue. Dans la soirée, le nouveau conseil a élu son bureau exécutif. Le vigneron Guillaume Le Lay a été élu président, à la tête d’un bureau dont la moyenne d’âge est de moins de 38 ans. 

Déclaration de Guillaume Le Lay, nouveau président de la Cave :

« Ce renouvellement profond signe une réappropriation par les adhérents de leur cave. La nouvelle équipe est aussi, par sa composition, un signal très fort envoyé à l’avenir. Des jeunes, voire très jeunes vignerons, ont pris une place centrale dans l’administration et la direction de la coopérative ». 

 Effectivement, ce nouveau Conseil d’administration rassemble des profils variés : de nouveaux administrateurs, porteurs d’un regard neuf et d’une énergie positive, aux côtés des membres expérimentés, garants de la mémoire et des valeurs fondatrices de notre cave.

C’est bien l’idée de ce nouveau collectif de proposer une nouvelle dynamique aux adhérents, aux salariés et aux clients de la cave. 

Ce sont aussi plusieurs chantiers qui seront à mener dans un contexte viticole compliqué. 

 La gouvernance nouvelle souhaite inscrire ses actions sur les bases des quelques principes fondamentaux suivants :

- Se concentrer sur les missions essentielles de la cave : produire des vins de la meilleure qualité possible à tous les niveaux de gamme, à des prix maîtrisés

- Remettre de l’agilité et de la simplicité à tous les niveaux de notre fonctionnement 

- Retrouver l’implication des adhérents au sein de commissions collaboratives et leur redonner le pouvoir de décision et de contrôle 

- Assurer un droit à l’information aux adhérents et la transparence avec les salariés 

- Retrouver l’état d’esprit et l’image qui ont fait notre réputation : une cave de vignerons en harmonie avec son environnement local et régional

 A l’évidence, le nouveau Conseil aura très vite à prendre des décisions importantes en visant le meilleur équilibre entre difficultés conjoncturelles et nécessité de penser le futur. 

A la veille de vendanges précoces, toute notre attention est tournée vers la réussite de cette belle coopérative. »"

 

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Raffard jean Philippe Le 25 juillet 2025 à 18:33:33
En 2022, la cave Robert & Marcel change de nom en grande pompe pour s'appeler Vignobles Edonis. Je lis attentivement votre article, il n'est pas question une seconde des Vignobles Édonis. On peut penser que ce changement d'identité a été un loupé, mais il faut quand même le reconnaître. Et nous dire de quelle façon l'identité des Vignobles Edonis a été abandonnée pour revenir au nom d'origine, merci d'avance pour ce complément d'information. Génération Vignerons
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