elon ces estimations, la production australienne se chiffre cette année à 1,57 million de tonnes, soit quelque 11 millions d’hectolitres, en hausse de 11 % comparée au 1,41 million de tonnes récolté en 2024. Une progression que Wine Australia tente de relativiser en rappelant que la récolte 2025 s’inscrit en baisse de 8 % par rapport à la moyenne décennale (1,71 MT). Ce recul se confirme par couleur : les volumes de vins rouges et de blancs sont en effet respectivement inférieurs de 9 % et de 8 % à cette même moyenne. Selon Peter Bailey, responsable des données marchés auprès de Wine Australia, cette baisse volumique sur le long terme s’explique à la fois par des facteurs conjoncturels et structurels. Tandis que certains cépages comme le chardonnay ont été touchés par des gelées, une demande en berne au niveau mondial a entraîné un « ajustement des volumes » dans certains secteurs.
Rouges excédentaires et prix sous pressionIl n’empêche que pour l’analyste australien, « le mix de cépages rouges comparés aux blancs s’avère problématique. L’augmentation significative des variétés rouges cette année [+20 % par rapport à 2024] pourrait exacerber les défis auxquels le secteur fait face en termes de stocks excédentaires de vins rouges, et pourrait continuer à peser sur la demande en faveur de ces variétés l’an prochain ». De plus, la hausse des volumes ne suffira pas à compenser la baisse des prix d’achat des cépages rouges cultivés dans les zones intérieures chaudes. Depuis deux ans, ceux-ci affichent les niveaux les plus bas depuis plus de dix ans, et « pour beaucoup de viticulteurs, ils ne permettront pas d’assurer la rentabilité de la production ». Peter Bailey est catégorique : « Tant qu’il n’y aura pas de réduction significative du potentiel de production, il y a peu de chances que les conditions pour les cépages rouges s’améliorent. Le secteur du vin doit continuer à œuvrer de concert pour ramener l’équilibre entre l’offre et la demande à un prix rémunérateur à la fois pour les viticulteurs et les producteurs de vins ».
De l’autre côté de la Mer de Tasman, les producteurs néo-zélandais s’attendent également à une récolte bien plus abondante que celle de l’an dernier, malgré les efforts consentis pour limiter les volumes. « Cette année, la floraison à Marlborough a atteint des niveaux inédits, le temps chaud entraînant des charges importantes », note Heather Stewart, œnologue au sein du Saint Clair Family Estate. « Nous avons œuvré pendant toute la saison pour réduire ces charges afin que la vigne puisse retrouver un équilibre ». Même son de cloche chez Indevin, l’un des leaders de la production de vin en Nouvelle-Zélande, avec notamment sa marque phare Villa Maria. « Un printemps exceptionnellement chaud et des conditions de floraison quasi parfaites ont abouti à des rendements bien au-dessus de la moyenne sur le long terme », explique Patrick Materman, chef de cave. « Pour adapter l’offre à la demande mondiale, nous avons procédé à des vendanges en vert et avons laissé des raisins sur pied ».
Qualité au rendez-vous mais incertitudes contractuelles
Pour le cabinet conseil néo-zélandais BDO, beaucoup de producteurs connaîtront des problèmes de trésorerie au cours des douze prochains mois. « Les viticulteurs avec des contrats arrivant à échéance devront sans doute faire face à des non-renouvellements. Ceux qui n'ont pas de contrat sont confrontés à la décision de continuer dans l'espoir de négocier un contrat ou de profiter de l'occasion pour replanter si les vignes approchent de la fin de leur vie productive. Lorsque ces nouvelles vignes entreront pleinement en production, on peut espérer que le marché se sera amélioré ». Pour l’heure, les producteurs peuvent quand même se féliciter de la qualité du millésime : « Les températures clémentes pendant tout le cycle végétatif ont favorisé une maturation lente et le développement progressif des arômes. Nous sommes donc particulièrement contents de la qualité organoleptique des vins, malgré les volumes récoltés », confirme Heather Stewart.