ngénieure agronome et œnologue-conseil pour la SRDV et les laboratoires Dubernet sur tout le vignoble du Sud-Ouest, Delphine Gonfrier a épluché ces derniers jours les résultats de la centaine d’analyses pétiolaires commandées par ses clients, « principalement installés sur les rives gauche et droite de Bordeaux », et témoigne d’un retour à l’équilibre nutritionnel des vignes. « Les teneurs en éléments majeurs sont nettement supérieures à celles du millésime 2024, durant lequel l’excès d’eau avait bloqué le fonctionnement du sol et l’assimilation de l’azote, du phosphore, du potassium, du magnésium, et du calcium », détaille-t-elle. Cette année est plus sèche. « Il n’est tombé que 600 mm de pluie depuis le 1er octobre contre 1200 mm au même moment l’année dernière et tout est rentré dans l’ordre, continue Delphine Gonfier. Même s’ils sont variables en fonction des terroirs et des historiques de fertilisation, les niveaux d’azote et de phosphore sont en nette amélioration, je découvre même les teneurs en magnésium les plus élevées dans les sols les plus chauds du Médoc depuis 2021 et vois aussi des teneurs potassiques en excès. »
Concernant les oligo-éléments, comme ses collègues du Languedoc ou de la Vallée du Rhône, l’ingénieure-œnologue préconise aux vignerons qui n’en ont pas l’habitude de réaliser des applications foliaires de fer, nécessaire au bon déroulement de la photosynthèse. « Les assimilations du fer sont généralement assez faibles dans tout le vignoble français et elles le sont encore un peu plus cette année », assure-t-elle. La correction est à réaliser sans plus tarder. « Le chélate de fer s’apporte pendant le développement végétatif, à partir des premières feuilles et jusqu’au début de la fermeture de la grappe. Après, la vigne oriente ses réserves carbonées et autres vers les raisins », précise Delphine Gonfrier, promettant, au regard des nombreux essais réalisés par la SRDV une augmentation du rendement de 10 à 20%, « pour un coût minime, sans effet néfaste sur la qualité des baies, et sans risque de toxicité contrairement au manganèse à utiliser au cas par cas. »
Delphine Gonfrier remarque également des niveaux de zinc et parfois de bore plus faibles que l’an passé, « probablement en lien avec l’hiver frais », mais n’a jusqu’à présent recommandé qu’à un seul vigneron de réaliser un apport. « Ce sont des un oligo-éléments sensibles aux conditions climatiques dont les niveaux sont très changeants et que l’on ne conseille de corriger que dans les parcelles sensibles à la coulure au moment de la floraison. » Dans les prochaines semaines, elle va surveiller l’apparition de potentiels stress hydriques. « Pour l’instant le millésime aquitaine 2025 a des airs de millésime sudiste. Sans pluie, il faudra notamment la concurrence herbacée », anticipe-t-elle.