oup de pression tout sauf diplomatique de Donald Trump ce 23 mai, le président américain faisant une nouvelle volteface : il menace désormais l’Europe de droits de douane de 50 % sur ses produits européens à partir du premier juin, alors que courait un délai de 90 jours à 10 % de tarifs américains sur les biens européens (depuis le 9 avril jusqu’au 8 juillet) suite à l’annonce grand-guignolesque de 20 % de "droits réciproques" sur tous les produits européens le 2 avril après la menace choc de 200 % de droits de douane sur les vins français mi-mars… Alors que la situation semblait presque s’apaiser, à défaut de se normaliser, ce revirement est tombé avant que le commissaire européen au Commerce, Maro? ?efčovič, n’échange avec le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, et le secrétaire américain du Commerce, Howard Lutnick, sur les propositions européennes pour mettre un terme à la guerre commerciale transatlantique.
Comme il l’indique sur Truth Social, le président américain juge que « nos discussions avec eux ne mènent nulle part ! C'est pourquoi je recommande d'imposer à l'Union Européenne un droit de douane de 50 % à compter du premier juin 2025. Il n'y aura pas de droit de douane si le produit est construit ou fabriqué aux États-Unis. » Jouant de nouveau la stratégie du bras de fer, Donald Trump critique l’Union Européenne pour « ses puissantes barrières commerciales, ses TVA, ses pénalités ridicules pour les entreprises, ses barrières commerciales, ses manipulations monétaires, ses poursuites judiciaires injustes et injustifiées contre des entreprises américaines, et bien d'autres choses encore. »
Aspiration à vrac ?
Un tête-à-queue qui donne le tournis aux opérateurs français pensant avoir le mois de juin pour finaliser des commandes de sureté aux États-Unis. La destination restant le premier marché mondial de consommation de vins, et la première destination export des vins français. Mais des opérateurs notent une évolution par rapport aux précédentes dispositions : Donald Trump précise qu’ « il n'y aura pas de droit de douane si le produit est construit ou fabriqué aux États-Unis ». Ce qui pourrait ouvrir la possibilité de contourner les droits punitifs par l’envoi de vin en vrac ensuite embouteillé sur place. Ce qui permettrait de reproduire un schéma opérationnel lors des premières taxes Trump, +25 % de 2019 à 2021 sur les bouteilles de vin, qui avait causé une aspiration pour le vin en vrac. Sans que cela soit facile, l’embouteillage aux États-Unis étant coûteux et proposé par peu de prestataires.


En l’état, « aucun nouveau droit de douane n'a été officiellement annoncé et aucun avis n'a été publié dans le registre fédéral à ce sujet » indique l’association de distributeurs et détaillants américains Wine Trade Alliance, qui prévient qu’« un droit de douane américain de 50 % équivaudrait essentiellement à un embargo commercial sur les marchandises en provenance de l'Union européenne ». Espérant « que le calme l'emportera et que la pause actuelle dans les droits de douane supplémentaires sera maintenue jusqu'au 8 juillet », l’association reconnait qu’une taxe de 50 % dès le premier juin constitue « un risque crédible ». Ce qui la pousse à mobiliser ses relais politiques américains, avec l’argument que les États-Unis importent chaque année « 15 millions de dollars de vin de l'Union Européenne, dont les entreprises américaines tirent 67 millions de dollars » (respectivement 13 et 59 millions €).
À Bruxelles, le commissaire européen au Commerce, Maro? ?efčovič, n’a pas réagi aux menaces de Donald Trump, mais a partagé sur X un bilan de sa rencontre avec les représentants américains du Commerce, entre ouverture et fermeté : « l'Union Européenne est pleinement engagée, déterminée à trouver un accord qui convienne aux deux parties. La Commission reste prête à travailler de bonne foi. Le commerce entre l'Union Européenne et les États-Unis est inégalé et doit être guidé par le respect mutuel et non par des menaces. Nous sommes prêts à défendre nos intérêts. »