ne nouvelle épine dans le pied des vins et spiritueux français. Et il fallait avoir l’œil pour la voir et trouver les vins californiens et bourbons du Kentucky dans les 218 pages de la liste communiquée ce 8 mai par la Commission Européenne des produits américains susceptibles de faire l'objet de droits à l'importation s’il n’y avait pas d’accord dans le conflit transatlantique des droits de douane portant sur les voitures et les "tarifs réciproques". Une présence qui interpelle dans la filière vin, alors que alcools américains avaient été tant que mal retirés de la liste de rétorsion européenne portant sur le conflit voisin de l’aluminium et de l’acier (une liste datant de 2018, comme ce conflit), après la menace choc du président américain Donald Trump d’imposer 200 % de droits de douane sur les vins français (une menace formulée mi-mars avant de se transformer en 20 % sur tous les produits européens le 2 avril et de devenir 10 % pendant 90 jours le 9 avril pour la majorité des biens importés aux États-Unis).
Concernant le dossier parallèle des voitures et tarifs, « dans ce sens, ce n’est pas tellement une surprise que la proposition de la Commission inclue les vins et spiritueux américain » explique Ignacio Sánchez Recarte, le secrétaire général du Comité Européen des Entreprises Vins (CEEV), qui va participer à la consultation des parties prenantes ouverte par la Commission Européenne jusqu’au 10 juin. « Nous allons demander de retirer ces produits de la liste, premièrement car nous adhérons, avec nos collègues américains, au principe "wine-for-wine" qui établit que nous nous opposons à que le vin fasse partie de contremesures » indique Ignacio Sánchez Recarte, ajoutant que « nous ne pensons pas qu’inclure le vin américain dans la liste européenne puisse servir l’objectif stratégique de l’Union Européenne, qui est celui de "forcer" l’administration Trump à s’assoir pour trouver une solution négociée. Sur la bases de ces arguments forts, nous espérons que la Commission les retirera. »


Un espoir partagé par la filière française, où l’on entend que cette initiative de la Commission pourrait coûter très cher, alors qu’elle n’est pas comprise : « Bruxelles nous met en position de risque sans même nous en parler. Il faut rester à la fois vigilant, et déterminé, mais reconnaitre nos doutes : on voit très bien que les avancées obtenues par tractations politiques peuvent être remises en cause. Nous n’avons rien à faire dans ces conflits, que l’on nous en sorte définitivement » résume un exportateur français majeur, qui attend du gouvernement.
Dans une salve de réponses identiques à des questions parlementaires similaires sur les risques de taxes américaines (ici, là, ou ici, ainsi que là ou encore ici sans oublier là), le cabinet de la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard rapporte qu’en avril « le Gouvernement s'est mobilisé avec succès afin d'obtenir que cette liste de contremesures soit proportionnée et adaptée, afin de répondre aux actions américaines sans entrer dans un cycle d'escalade, préjudiciable aux deux parties ». Soit le retrait des alcools américains du train de droits de douane. Rappelant que « la France ne souhaite pas une escalade commerciale », l’exécutif précise qu’il « continuera à participer à la recherche, par l'Union Européenne, d'une solution commune au niveau de l'Europe, négociée et constructive avec les États-Unis pour mettre fin aux droits infondés introduits ainsi qu'aux menaces visant notamment les vins et spiritueux français et européens. »