Grâce à l’Å“notourisme on a maintenu notre chiffre d’affaires », assure Clémentine Herre à la tête du domaine Tambour à Banyuls sur mer depuis 2004. Ce domaine de 12 hectares propose rien moins que 27 prestations à ses visiteurs : toute sorte de balades à pied, en VTT électrique, en kayak ou encore 2 CV, douze formules d’accords mets et vins, des ateliers cocktails ou d’initiation à la dégustation et de la vinosphrologie.
Détaillée dans une brochure de 28 pages, cette offre s’est mise en place au fil des ans. De tout temps, le domaine a reçu des autocaristes. A partir de 2009, Clémentine organise des repas dégustations 2 ou 3 fois par an pour ses clients. Mais c’est en 2014 qu’elle structure les choses. Elle met en place les balades à pied ou en VTT et organise des soirées accords mets et vins à des dates fixes. « Etablir un calendrier, c’est très important pour les clients », souligne Clémentine. Mais le vrai déclic ça a été le Covid ».
En mars 2020, la saison démarre « comme une fusée » avant que le confinement impose au caveau de fermer jusque fin juin. Une catastrophe pour ce domaine qui réalise 90% de ses ventes avec les particuliers. « On s’est dit qu’à la reprise il allait falloir se bouger pour compenser les pertes, se souvient Clémentine. On s’est demandé comment faire venir davantage les clients et leur faire goûter toute notre gamme de 14 vins sans qu’ils finissent alcoolisés ».
La réponse ? Les faire déguster en mangeant, pour leur faire vivre une belle expérience. Mais cette fois, Clémentine décide de préparer les repas elle-même au lieu de faire appel à des restaurateurs pour ses soirées. Aussitôt elle demande la licence petite restauration et suit une formation en hygiène alimentaire. C’est ainsi que la prestation « côte de bÅ“uf party » démarre à l’été 2020. Elle sera complétée par quatre autres formules repas-dégustation suivis d’une visite du chai. Aujourd’hui, parmi toute l’offre oenotouristique du domaine, ces accords mets et vins sont les plus prisés.
« Attention, insiste Clémentine, on n’est pas un restaurant. Ici c’est le vigneron qui sert et explique les vins et j’adore le faire. Surtout nos tarifs sont très intéressants (54€ pour la côte de bÅ“uf party ou 40 € pour les grillades catalanes), car on applique une marge minuscule, le but étant de faire venir les clients et de vendre du vin ».
Copieuse, la Côte de bÅ“uf party comprend une planche de charcuterie, des pommes de terre au rancio et au vinaigre de Banyuls, des légumes, la côte de boeuf, une planche de fromage et des mignardises, le tout accompagné de 14 vins. Le domaine propose ses repas-dégustation sur réservation 3 fois par semaine en soirée l’été et le midi le reste de l’année. L’été, il en vend une soixantaine par semaine et bien moins le reste de l’année.
« On fait tout nous-mêmes, poursuit Clémentine dans un grand éclat de rire. Le cuisinier c’est moi ou mon frère Adrien. On aime régaler nos clients. C’est pour ça que ça marche. ». Revers de la médaille : « c’est chronophage. Je ne compte pas mes heures, je n’ai pas pris de congés depuis 1 an et demi ». Et ce rythme n’est pas près de ralentir. « On a été copié, aussi on propose toujours des prestations nouvelles, commente Clémentine. Cette année : un paleron confit cuisiné avec une bière locale et notre banyuls et la dégustation de 14 vins et la vinosophrologie une dégustation en conscience pilotée par une sophrologue ».
Clémentine en est persuadée : ces prestations attirent des clients qui ne viendraient pas autrement car son domaine n’est pas sur le front de mer ni sur une route de passage. Ils repartent quasi tous avec du vin. En 2024, l’Å“notourisme a rapporté 35 000 € de chiffre d’affaires et autant en vente de vins induites, soit 12% du CA du domaine. « Cela peut paraître faible vu les efforts consentis, mais si on ne le faisait pas on ne les aurait pas et c’est grâce à l’Å“notourisme qu’on a maintenu notre CA », analyse Clémentine.
Même des groupes de jeunes viennent enterrer leurs vies de jeune fille ou jeune garçon au domaine. « Souvent ils achètent « les olympiades », une activité ludique, et une grillade catalane ou la côte de bÅ“uf party, indique la viticultrice. Ils dégustent, s’amusent, n’achètent pas forcément de vins mais en parlent à leurs parents. Surtout, ils sont très forts sur les réseaux sociaux, ils se filment en train de déguster de manger, de passer un bon moment ». C’est un sacré relai. « Car faire de la publicité c’est très compliqué, continue Clémentine. Sur le web vous êtes fondu parmi un million d’autres publicités ou informations ». Pour faire connaître son offre, elle communique depuis 2021, sur Facebook, Instagram et Linkedin. Tous les 2 ans, elle édite 2000 brochures et 2000 flyers qu’elle distribue lors des 6 salons pour les particuliers auxquels elle participe et à l’office de tourisme du coin, à des campings, des hôtels, des restaurants. Cette année elle a fait réaliser 3 vidéos de 1mn30s sur le mode de la série Bref pour présenter ses prestations sur Instagram.
Reste que les ventes de vins diminuent. « J’ai 4 ans de stocks en Collioure rouge au lieu de 2 normalement, déplore Clémentine qui va réduire sa surface de vignes à 10 ha l’an prochain, espérant être dans le creux de la vague. Pas de quoi la ralentir. Avec son équipe, elle continue de courir après le temps pour régaler ses clients. Tambour battant.
Basé à Banuyls sur Mer, le domaine Tambour exploite 12 ha de vignes et produit 35 000 bouteilles dont 45% en AOC Banyuls et 55% en AOC Collioure. Il emploie 7 salariés dont 4 à la commercialisation et à l'Å“notourisme aidés d’un saisonnier l’été. Il facture ses balades entre 8 à 60 €/personne, ses accords mets et vins entre 13 et 54 €, son atelier cocktails et son initiation à la dégustation 15 € et la vinosphrologie 35 €. A cela s’ajoutent des prestations personnalisées et des séminaires d’entreprises organisés grâce à un partenariat avec l’agence Action 4 Création, qui est assurée pour cela. Le domaine vend ses vins entre 14 € à 26,5 € TTC et réalise 60% de son chiffre d’affaires sur ses 3 points de vente : le caveau et 2 stands de bord de route à Cerbère et Port-Vendres.