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Le plan de relance du vignoble de Collioure-Banyuls
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Pérennité viticole
Le plan de relance du vignoble de Collioure-Banyuls

Le vignoble le plus méridional du Roussillon met en route son plan visant à renouer avec la rentabilité structurelle de son exploitation. Son attrait touristique est une force à exploiter dans la valorisation, tout autant que les possibilités d'évolution de son aire de production.
Par Olivier Bazalge Le 21 mars 2024
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Le plan de relance du vignoble de Collioure-Banyuls
L'équipe dirigeante du syndicat des vignobles de la côte Vermeille fait bouger les lignes de ses appellations - crédit photo : O. Bazalge
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n plan ambitieux sinon la fin ? Ce pourrait être une synthèse de la situation inconfortable dans laquelle se trouvent les vignerons adhérents du syndicat du cru Banyuls-Collioure, dans les Pyrénées-Orientales. En proie à une conjoncture de problèmes de valorisation des vins, de maintien et renouvellement d’un vignoble escarpé peu mécanisable, de faibles rendements et même de barrières administratives et sociales bloquant l’arrivée d’investisseurs, les vignerons du Cru sont décidés à ne pas baisser les bras et pérenniser malgré tout l’activité viticole de la côte Vermeille. D’abord par la décision, actée fin 2023, de sortir de l’interprofession des vins du Roussillon (CIVR). Ensuite, par le lancement d’un plan de relance à 400 000€ sur trois ans pour ramener les outils de production et de commercialisation à la rentabilité.

Dans l’élan de l’élection de son nouveau président Romuald Peronne, en 2020, le syndicat a lancé une étude détaillée diagnostiquant les équilibres financiers des caves du Cru. « Bien évidemment, certains s’en sortent très bien, mais globalement nous perdons de l’argent sur la vente de nos bouteilles », résume Romuald Peronne. Les chiffres d’exploitation de 2019 (sur 92% des volumes produits), montrent en effet une marge négative de -340 000 €/an pour le Cru, principalement liée au vrac, alors que 60% de la marge positive provient des Banyuls grand Cru, soit seulement 5% des volumes. « Et ces chiffres se sont encore dégradés depuis 2019 », situe Romuald Peronne.

Retour à la rentabilité

A cause de leurs coûts de main d’œuvre, ce sont les caves coopératives (3 sur le Cru) qui ont une rentabilité négative, avec des prix de vente au caveau, mais aussi à l’export et en CHR, trop bas. Pourtant, 70% des vins sont écoulés sur le territoire de l’appellation, grâce à un attrait touristique exceptionnel du secteur. « C’est la grande force des vins de cette appellation. Amener les touristes à acheter plus cher les vins locaux est la pierre angulaire opérationnelle du retour à la rentabilité du plan de relance », explique Etienne Laporte, responsable de l’étude de diagnostic opérationnel de l’appellation.

D’autres limites à la dynamique de cette zone de production si particulière viennent se superposer à ce socle de non-rentabilité opérationnelle : la moitié des producteurs a plus de 60 ans, seulement 90 coopérateurs sont ‘professionnels’ sur le millier d’adhérents des coopératives, rendement moyen à 19hl/ha, mécanisation compliquée, accès à l’eau, coûts de production et de main d’œuvre élevés, et des freins fonciers et administratifs pour installer de nouveaux producteurs. « Outre le système de complants (voir encadré), il est aujourd’hui impossible de construire une cave de vinification sur le Cru, à cause de la pression foncière et des contraintes administratives de construction. Nous faisons fuir les gens de l’extérieur motivés pour investir », tranche Romuald Peronne. Le cahier des charges de l’AOC implique en effet de vinifier sur l’une des communes du Cru (ou une des communes limitrophes).

Relocaliser le vignoble

En sortant de l’interprofession, le syndicat des vignobles de la côte Vermeille libère une capacité d’auto-financement qu’il va consacrer à ce plan de relance, au côté du financement majoritaire (71 %) apporté par la région Occitanie. Outre le travail de communication et de marketing pour améliorer la valorisation, l’autre axe de ce plan vise à définir l’ensemble des potentialités viticoles et climatiques de la zone d’appellation pour, à terme, envisager une redéfinition de l’aire d’appellation. Les climats, sols et sous-sols vont être étudiés par deux équipes, Vineis projets et Adama terroirs viticoles, jusqu’en 2027 pour cartographier précisément l’ensemble du territoire des 4 communes du Cru (Banyuls-sur-Mer, Collioure, Port-Vendres, Cerbère).

« Nous disposons de milliers d’hectares éligibles, de la mer jusqu’à plus haute altitude. Cette étude nous donnera la vision précise des zones qui correspondent au modèle de culture rentable possible pour le Cru. Nous serons incapables de vendre plus que les 25-30 000hl que nous produisons en moyenne, mais en les produisant de manière plus adaptée et rentable, nous assurons notre pérennité », synthétise Romuald Péronne. D’autant plus que les deux grands incendies de la zone en 2023 ont rappelé à tous combien la vigne constituait bien plus qu’un revenu économique au secteur. Le plan est lancé, mais comme le rappelait la représentante de l’INAO lors de ce coup d’envoi, les réformes de cahier des charges et de zone d’appellation prennent beaucoup de temps.

 

Le système de complants, si particulier au vignoble de la côte Vermeille

Dans les vignes de la côte vermeille, il peut y avoir un propriétaire pour la terre et un autre pour les ceps de vigne. C’est le fameux complant, qui concerne 40% des parcelles du Cru. « La mairie de Banyuls-sur-Mer possède par exemple plusieurs centaines d’hectares de terres viticoles, dont les pieds appartiennent à des viticulteurs. Ce système fige les possibilités d’acquérir des surfaces, de faire évoluer le vignoble, ou d’ouvrir l’accès aux nouveaux entrants qui souhaitent investir », décrit Romuald Peronne. Sur ce sujet, une grande avancée a été actée par la mairie de Banyuls-sur-Mer, dont le CCAS, qui gère cette dimension foncière, accepte de céder les terrains de vignes en production pour 1€/m². Reste maintenant à trouver un accord sur les vignes en friche.

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Tous les commentaires (1)
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valentin Le 23 mars 2024 à 10:08:03
certaines coopératives locales voudraient raser les murettes pour passer le tracteur ce qui ferait fuir les touristes, et le syndicat voudrait vinifier en dehors du cru ce qui détruirait beaucoup d'emplois à l'année. Et si les coopératives se mettaient à mieux vinifier pour faire la qualité attendue de la clientèle vu le prix des bouteilles induit par le travail manuel dans ces pentes ? la qualité ou le tracteur, tel est le choix qui s'offre à nous pour faire cesser la déprise, mais avec le tracteur on sera jamais compétitifs avec le plat, alors que le potentiel de qualité est la et nous tends les bras.
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