ignoble « de pentes très abruptes qui font face à des intempéries paroxystiques », Banyuls a pour principale problématique de « retenir les sols et évacuer les eaux de ruissellement hors des parcelles » résume André Centène, adhérent à la cave coopérative de l’Étoile. Intervenant lors du symposium international sur la viticulture héroïque européenne, ce 26 avril à Lyon, le viticulteur catalan illustre les solutions successives à ces défis en passant en revue les ouvrages géotechniques ayant permis de produire des vins sur la Côte Vermeille.
Délaissant les murets aux « aménagements primitifs en pierres simplement empilées », les vignerons ont ainsi adopté au XIXème siècle des constructions en « pierres choisies »*, devenant de « véritables bâtisseurs » avec 7 000 kilomètres de murettes permettant « d’assurer l'évacuation rapide des eaux de ruissellement et un surassèchement propice à la prévention des maladies » explique André Centène. Ajoutant qu’« au XXème siècle, l'utilisation d'engins de terrassement a permis des aménagements plus conséquents ».
Les vignerons ne travaillant plus uniquement manuellement, ils ont recours au bulldozer dans les années 1950, à la pelle araignée dans les années 1980… Malgré ce bond technologique, « la principale difficulté reste une mécanisation très limitée » nuance André Centène, soulignant que « les besoins en main-d’Å“uvre sont importants et difficiles à satisfaire. En regard de la rentabilité actuelle et de la réglementation. » Face aux coûts de leur entretien, les murettes se dégradent ainsi, accroissant les risques érosifs.
Ayant modifié le paysage viticole, ces évolutions techniques ont permis de déployer de nouvelles pratiques culturales. Qui se heurtent désormais aux conséquences du changement climatique, avec des aléas à la force inédite : les vents violents de mai 2010, les fortes pluies de novembre 2014, les incendies de juin 2016… Et la répétition des épisodes de sécheresse. Exacerbé, le stress hydrique ouvre plus d’interrogations que de pistes de solutions. Sont envisageables « l’aménagement de systèmes d’irrigation sur plantations, la relocalisation de l’encépagement, le travail sur des porte-greffe résistants, le retour au greffage en place » interroge plus que ne propose André Centène.
Pour prendre le tournant des évolutions climatiques du XXIème siècle, le vignoble de Banyuls n’a pas encore trouvé l’adaptation appropriée. Sachant que ce terroir doit également trouver des réponses aux nouveaux impératifs environnementaux. Comme la réduction des herbicides. Si les essais d’enherbement se développent sur le vignoble de Banyuls, les difficultés d’entretien, les enjeux de compétition hydrique et les risques d’incendies empêchent de trouver une issue. Pour l’instant.
* : « La technique de conception des murettes est aboutie » précise André Centène, « les murettes disposent d’une fondation, d’un corps de mur, d’un couronnement, de pierres de finition et de petites pierres de drainage en amont. Les pierres sont choisies et orientées selon des angles précis. »
Le vignoble de la Côte Vermeille s’étend sur 1 400 hectares, pour 1 100 vignerons et 35 000 hectolitres de vins produits annuellement. Ce bassin viticole produit trois AOP (Collioure, Banyuls et Banyuls Grand Cru) et une IGP (vins de Pays de la côte Vermeille).