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Le vignoble du Cru Collioure-Banyuls a un plan pour se relancer
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Avenir en question
Le vignoble du Cru Collioure-Banyuls a un plan pour se relancer

Véritable carte postale entre montagne et mer, les vignerons de la côte vermeille veulent retrouver la rentabilité qui leur permettrait de garantir la pérennité du vignoble. Rajeunissement des vignes et commercialisation directe sont les leviers essentiels.
Par Olivier Bazalge Le 02 mai 2023
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Le vignoble du Cru Collioure-Banyuls a un plan pour se relancer
Aux côtés de Romuald Peronne (à dr.), les vignerons du Cru Collioure-Banyuls veulent agir pour l'avenir de leur terroir - crédit photo : Les vignerons sur mer
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ien avant que l’incendie du 17 avril dernier ne vienne déjà rappeler les menaces de la terrible sécheresse qui sévit cette année dans les Pyrénées-Orientales, les vignerons du Cru Collioure-Banyuls avaient entamé une large réflexion sur  la pérennité de leur vignoble si particulier. « Nous avons procédé à une vaste étude économique de rentabilité de notre vignoble et nos opérateurs, dont les conclusions ont été remises en 2022. La raison essentielle de nos difficultés est assez simple : nous perdons de l’argent chaque fois que nous vendons une bouteille ! », résume Romuald Peronne, président depuis 2020 du syndicat des vignobles de la côte Vermeille (Cru Collioure-Banyuls).

A contre-courant des explications habituellement fournies jusque-là pour un vignoble en forte pente si particulier (pas de mécanisation, pénurie de main d’œuvre, abandon de parcelles, climat, coûts de production trop élevés, commercialisation), Romuald Peronne s’appuie sur cette étude pour déplacer le curseur de durabilité de ce vignoble, et poser les jalons d’un plan de relance. « Les coûts de main d’œuvre sont en effet élevés, mais nous n’avons que peu de charges sur le sautres postes : pas d’amortissement, peu de matériel… L’étude rapporte que les coûts de production à l’hectare, établis à 6074€/ha en coopération, ne sont pas si exorbitants que ça. Ce qui plombe notre modèle, c’est le rendement moyen à 19 hl/ha », pose Romuald Peronne. Avec moins de 20% du vignoble planté il y a moins de 20 ans, le président du Cru souligne le levier à actionner pour retrouver un modèle cohérent. « Nos contraintes de production, nous les connaissons et elles ne sont pas près de changer, comme le coût de production à l’hectare. Mais si nous parvenons à gagner en efficacité sur nos rendements, la donne change du tout au tout ».

Objectif 40 hl/ha

Romual Peronne estime ainsi qu’un objectif de rendement moyen à 40hl/ha réglerait la plupart des difficultés, mais cela passe par un rajeunissement sans détour d’un terroir souvent fatigué par un siècle de monoculture viticole. « Notre chance est de disposer de milliers d’hectares éligibles, même à plus haute altitude et qui avaient été délaissés car les raisins murissaient moins, que nous pourrions redynamiser. Sauf que là encore, nous nous heurtons à une autre de nos spécificités : le complant », déroule-t-il. En effet, dans les vignes de la côte vermeille, il peut y avoir un propriétaire pour la terre et un autre pour les ceps de vigne. C’est le fameux complant, qui concerne 40% des parcelles du Cru. « La mairie de Banyuls-sur-Mer possède par exemple plusieurs centaines d’hectares de terres viticoles, dont les pieds appartiennent à des viticulteurs. Ce système fige les possibilités d’acquérir des surfaces, de faire évoluer le vignoble, ou d’ouvrir l’accès aux nouveaux entrants qui souhaitent investir », poursuit un président de Cru qui sait que se jouent aujourd’hui la morphologie du vignoble qui sera opérationnel dans les 20 ans qui viennent.

Outre ce rajeunissement du vignoble, l’accroissement des rendements passera aussi par un accès à l’eau, que la sécheresse départementale actuelle ne fait qu’accentuer. Volontiers disruptif dans son approche, Romuald Peronne veut profiter de la proximité de la mer et de la fréquentation touristique pour envisager les solutions de désalinisation de l’eau de mer ou de récupération des eaux traitées de stations d’épuration pour répondre aux enjeux d’irrigation. « En étant bénéficiaire de nombreuses aides au fil du temps, notre Cru a manqué d’analyse de ses problèmes structurels. Ce constat et ces solutions auraient du commencer à être mises en route il y a 30 ans. Ou alors on ne bouge pas et on ne garde des vignerons que pour entretenir le paysage, sans se soucier de la production », plaide-t-il.

61% des produits vendus en caveaux ont une marge positive

A côté du vignoble, l’étude montre également des orientations à mettre en œuvre dans la commercialisation des produits. « Le tourisme est une chance que nous devons exploiter encore plus. 61% des produits vendus en caveaux ont une marge positive, en particulier pour les banyuls Grand Cru . La marge est en revanche dégradée en grande distribution ou à l’export. Nous devons donc renforcer le débouché direct en jouant sur le levier oenotouristique », valide le président du Cru. Pas avare d’idées, le vigneron banyulenc imagine déjà le pendant viticole des très prisés sentiers littoraux et sous-marins de la côte vermeille.

 

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Tous les commentaires (2)
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Michel Le 25 mai 2023 à 20:30:56
Beaucoup d'approximations dans cet article malheureusement. La mairie ne possède pas cette surface d'une part. D'autre part la promotion d'un modèle productivite coûteux en énergie et en eau est en complète contradiction avec ma situation dramatique de sécheresse que nous vivons. L'aide à l'installation de jeunes et le soutien des caves comme des coopératives permettra de produire autant par hectare tout augmentant les surfaces cultivées. Conséquences : - une limitation des incendies - le développement du terroir à sa juste valeur Mais cela passera par un changement des pratiques agricoles, et non par un ajout d'instants. Michel
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Dominique Le 03 mai 2023 à 09:07:52
La lecture de cet article m?a plongé dans la plus grande perplexité. Oui il faut s?interroger sur l?avenir de ce vignoble, et sa perte, pour ma part, serait un drame organoleptique. Je me pose cependant des questions quant aux pistes évoquées. Penser la désalinisation de l?eau de mer comme une approche « disruptive » est très curieux puisque c?est la solution prêt-à-penser de tous les « experts ». A-t-on évalué un instant le coût, énergétique en particulier d?une telle mesure ? Rappelons que dans le meilleur des cas, le système électrique français sera en sous-production jusqu?en 2035 ? A-t-on réfléchi aussi au conflit d?usage entre l?agriculture et le tourisme, précisément aux mêmes périodes estivales , sans parler de l?impact environnemental majeur du rejet des saumures résiduelles dans une mer fermée ? L?Espagne et la Catalogne sont en train de voir les limites de cette désalinisation. Passer de 19 hl/ha à 40, pourquoi pas, mais le pourtour méditerranéen est clairement en voie de désertification. Cela est une constante de tous les modèles climatiques depuis 20 ans au moins. Il faudra, me semble-t-il, prendre en compte ce fait pour voir quelle viticulture restera possible.
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