Fin avril, il restera 1 à 10% d'eau dans les sols méditerranéens et espagnols. On peut maintenant l'affirmer : la région est en train de plonger dans une crise agricole qui aura certainement des répercussions internationales » alerte Serge Zaka sur son compte Twitter.
L’expert en agrométéorologie ne voit aucune amélioration venir, et, dans l'état actuel des ressources hydriques, s'inquiète particulièrement pour les Pyrénées Orientales et l’Aude : « est-ce qu'on pourra simplement y récolter quelque chose ? » se demande-t-il.
A Leucate, avec 156mm de précipitations sur 1 an, soit un déficit de 73%, Serge Zaka n’hésite plus à parler de climat désertique. La situation s’est améliorée en Corse mais la sécheresse perdure toujours sur une bonne partie du Sud-Est.
Elle concerne aussi l’Hérault. « Dans une partie du département, nous sommes déjà au mois de juin » se désole sur LinkedIn Paul Hublart, chef du service viticulture de la Chambre d’agriculture. Cartes d’indice de sécheresse et de niveaux d’humidité à l’appui, il explique que si en surface, l’herbe peut encore faire illusion, « même si elle commence déjà à sécher », en profondeur, les mesures des sondes capacitives indiquent que le sol est anormalement sec pour un début de campagne.
« Les recharges sont particulièrement faibles sur le centre et le centre-ouest du département, où les déficits pluviométriques par rapport à l’automne/hiver précédent (2021-2022) atteignent 250 à 350 mm, détaille Paul Hublart. Si elles persistent au mois de mai, cette sécheresse des sols aura des conséquences non négligeables sur le potentiel de production. »
Dans le Gard, l’arrivée de la première séquence durable de mistral début avril a accéléré le dessèchement des sols. « Sans retour de la pluie et avec des besoins en eau qui vont progressivement augmenter, le développement des rameaux pourrait être freiné. Le conditionnel reste de mise, ce phénomène n’ayant jamais été constaté dans notre département ! » souligne Bernard Genevet, consultant pour l'Institut coopératif du vin (ICV).
Selon Serge Zaka, la probabilité d'une sécheresse estivale est encore plus importante qu'en 2022 pour tous les bassins agricoles français. « De plus, les prévisions saisonnières s'orientent vers des températures plus élevées que la normale. Cela induit une évapotranspiration accrue et des pluies orageuses qui ne pénètrent pas dans le sol » ajoute-t-il.