e dernier des Saints de Glace est passé ce 13 mai sans laisser de traces dans le vignoble. « Nous n’avions pas connu de printemps sans dégâts de gel depuis 4 ans », calcule Serge Zaka. Mais le spécialiste de l’agroclimatologie n’y voit rien d’exceptionnel. « Au contraire. C’est juste une année normale après une succession d’années anormales liée à l’avancement des dates de débourrement de la vigne et de floraison des arbres fruitiers par le changement climatique alors qu’auparavant le démarrage des cycles était calé sur la fin des risques de gelées », rappelle-t-il.
En 2025, la vigne a débourré plus tard que lors des derniers millésimes dans les régions du Nord-Ouest mais est restée précoce dans le Sud. « Ce qui a sauvé les vignerons, c’est que la France a été préservée de la descente d’air froid catastrophique sur l’Est de l’Europe qui a fait des dégâts majeurs en Turquie », analyse Serge Zaka, selon qui l’absence de gel ne présage rien pour la suite de la campagne.


« Les prévisions saisonnières donnent un été caniculaire et sec mais elles restent encore très approximatives », explique-t-il, se plaisant pour l’heure à voir la vigne bien se développer dans la plupart des territoires. « Pour l’instant, elle a de l’eau et n’a pas été perturbée par les 30°C du début du mois de mai. » Ce dimanche 11 mai, certaines communes de l’appellation Pic-saint-loup ont reçu 160 mm de pluie en 3 heures. « C’est un tiers de ce qui tombe à Paris sur une année. Là-bas, la vigne est à l’abri de la sécheresse au moins jusqu’en juillet, d’autant que d’autres orages sont annoncés dans les prochains jours. » Serge Zaka espère que ces orages liés à la dépression centrée sur la péninsule ibérique ne s’accompagneront pas, comme en Champagne, à Bordeaux, ou à Madiran, de nouveaux dégâts de grêle. « Et encore plus qu’aux aléas climatiques, il va falloir faire très attention aux maladies. En ce moment, les conditions sont optimales dans beaucoup de régions pour le développement du mildiou », prévient-il. Après le risque gel, Serge Zaka s’apprête à intégrer à son site un système de surveillance des risques mildiou, black-rot et oïdium dans les 10 jours à venir et à l’échelle du km². Dans l’été, l’agroclimatologue proposera aussi un indicateur de stress thermique.