e violent orage qui a frappé Paris samedi peu après 16h a continué sa course vers l’Est. « 30 à 40 mm de pluie sont tombés sur la Vallée de la Marne sans faire de gros dégâts avant que l’orage ne reprenne son caractère grêligène aux alentours de Vauciennes et que des grêlons de la taille d’œufs tapent les communes viticoles de Saint-Martin-d’Ablois, Vinay, Pierry, et, dans une moindre mesure, le secteur d’Epernay », retrace Sébastien Debuisson, directeur qualité et développement durable du Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC). 500 à 1000 hectares sont touchés. « Mais les dégâts sont très difficiles à estimer car les grêlons sont tombés de manière plus ou moins dense dans les parcelles. Sur notre vignoble de Plumecoq, nous sommes en moyenne à 30% de pertes, avec de grands écarts entre le haut et le bas du domaine, illustre Sébastien Debuisson. Tout ce qui est cassé est cassé mais il faut attendre que le végétal sèche pour voir plus clairement quelles inflorescences restent. » Ce lundi matin, Franck Mazy a également eu des appels de clients touchés sur le début de la Côte des blancs. « A Chouilly, Cramant, Avize, avec des pampres et des apex détruits », rapporte le PDG de Viti Concept.


Cultivant de la vigne à Epernay, au-dessus de Mardeuil, et au-dessus de Pierry, Agnès Ferry-Wanner confirme cette première cartographie. « 60% de mon exploitation est touchée. Nous n’avions jamais vu ça, ni moi en 7 ans ni mon père en 45 ans. Plus on va vers Pierry, plus les dégâts sont sévères. A Epernay, nous comptons environ 50% de brins coupés et beaucoup de grappes dont il ne reste plus grand-chose, alors que les parcelles de la Côte des blancs sont épargnées, avec tout au plus 5% de pertes », estime-t-elle. Optimiste, la vigneronne a confiance dans la capacité de la vigne a compenser. « L’année dernière, nous avons fait le rendement alors que le mildiou avait emporté 30% des grappes, se souvient-elle. La nature réserve souvent de belles surprises. » Dans l’immédiat, Agnès Ferry-Wanner concentre son énergie sur l’ébourgeonnage. « Là où les rameaux sont coupés les bourgeons secondaires vont repartir. Toute la difficulté est de garder assez de feuilles pour favoriser la photosynthèse et aider les pieds à se redévelopper sans se retrouver avec des vignes buissonnantes qui seront impossibles à palisser et à tailler », explique-t-elle.
Après Epernay, l’orage a bifurqué au sud. « Il n’est tombé que 9 mm et ça a n’a pas été aussi spectaculaire que ce qu’on a pu voir dans des vidéos prises dans d’autres secteurs de la Marne avec des voitures cabossées et des coulées de boues mais la grêle a fait 50 à 80% de dégâts dans certaines de nos parcelles à Vert-Toulon et Etoges, témoigne Valérie Dupont, installée à Reuves. C’est difficile à estimer car il peut rester deux grappes par pied d’un côté d’une parcelle et davantage de l’autre mais nous devons être autour de 20% de pertes sur les 6 hectares de notre exploitation répartie sur 10 communes, dont Baye qui a été moins touchée. » La vigneronne aurait aimé passer une tisane d’achillée millefeuille ou de reine des prés pour aider la vigne à cicatriser mais, comme Agnès Ferry-Wanner, est déjà trop occupée à ébourgeonner.
D’après Vincent Jourdan, le président des coopératives vinicoles de la Champagne, « les vignes de la Vallée de la Marne, de l’Aisne, et de la Montagne de Reims ont été épargnées. »