e verre d’eau-de-vie à moitié vide, ou à moitie plein ? Ayant pris le temps d’analyser les avancées obtenues par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, lors de sa visite officielle en Chine ces 27 et 28 mars, le Bureau National Interprofessionnel du Cognac note dans un communiqué « des signes d’ouverture qui ne mettent pas fin aux effets désastreux des taxes provisoires ». Annonçant qu’il y aura trois mois de plus d’enquête antidumping, les autorités chinoises décaleraient d’autant la possible mise en place de de droits définitifs : du 5 avril au 5 juillet en théorie, l’interprofession charentaise en attendant la confirmation. Autre avancée à concrétiser : « l’évocation de la possibilité d’écouler à travers le canal duty-free le Cognac actuellement stocké dans les ports chinois » rapporte le BNIC.
Si la visite ministérielle permet une temporisation diplomatique, la crise n’est pas résolue pour les cognacs et armagnacs ciblés depuis janvier 2024 par une enquête antidumping s’inscrivant clairement dans les tensions entre Pékin et Bruxelles sur les voitures électriques. Dans la forme, « la tonalité de ces deux annonces est perçue de façon positive par les professionnels du Cognac et de l’Armagnac parce qu’elle confirme, suite aux demandes adressées par la France, la disposition des autorités chinoises à entamer un dialogue » note le BNIC, qui remarque que « sur le fond néanmoins, elles ne modifient pas la situation des exportateurs de Cognac qui restent soumis en Chine depuis octobre dernier à des taxes provisoires qui, pour le seul Cognac, les exclut de leur deuxième marché » en volume et premier marché en valeur. Perdant 60 millions € par mois depuis octobre (-50 % de ventes), les opérateurs charentais ont même enregistré une baisse de 72 % de leurs expéditions sur le seul mois de février 2025.


Désormais, « les discussions se poursuivent à un niveau technique pour préciser la portée des annonces faites et la façon dont elles s’appliqueront » indique le BNIC, qui attend des précisions et surtout une « solution diplomatique » pour « que notre filière soit extraite de ce contentieux économique auquel elle est totalement étrangère et qui est aujourd’hui de nature à la faire basculer dans une crise économique et sociale dévastatrice et historique ». Prochaine étape : un « dialogue à haut niveau franco-chinois programmé le 15 mai 2025 » pour avancer et « confirmer le déplacement en Chine de notre Premier ministre afin de conclure l’accord attendu pour mettre un terme à cette procédure injuste et infondée » conclut le BNIC.