uspendus aux applications, ou non, de menaces de mesures de rétorsion, les exportateurs de vins et spiritueux français devraient savoir à quel sauce ils vont être mangés aux États-Unis. Du moins s’il n’y a pas de nouveau tête à queue à la Maison Blanche… « Ce 2 avril, le président Donald Trump fera une annonce à propos des tarifs douaniers réciproques » alors que « le secrétaire au Commerce, Howard Lutnick évoquerait à l’Union Européenne des tarifs réciproques qui seraient quelque part entre 10 et 25 % et pourraient être imposés dès le 2 avril » rapporte dans une lettre à ses membres l’US Wine Trade Alliance (USWTA). Qui ne cache pas que la situation est aussi stressante que mouvante : « jusqu’à présent, on pensait à Washington que le 2 avril verrait l'adoption d'une série d'instructions ou l’initiation d'autres mesures [mais comme cela] prendrait du temps » il serait désormais question d’« utiliser un taux unique pour chaque pays ou bloc commercial ».
Plaidant pour retirer les vins et spiritueux de toutes taxes punitives, l’USWTA espère que les 200 % de droits de douanes annoncées par Donald Trump resteront une menace et que s’il y a des tarifs, ils seront réduits à une portion ne sortant pas les importations du marché (lors des précédentes taxes, en 2019-2021, les marges avaient été mises à contribution, mais les expéditions françaises avaient nettement diminué). « L'incertitude est un élément frustrant mais déterminant de ce processus, et nous comprenons à quel point elle est préjudiciable à vos entreprises » note l’USWTA, notant que parmi ses membres « nombre d'entre vous ont suspendu toutes les expéditions de vin en provenance de l'Union Européenne, car nous sommes toujours dans l'expectative ».


Même purgatoire pour le marché chinois des eaux-de-vie de vin : la visite à Pékin et Shanghai ces 27 et 28 mars du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a permis de gagner trois mois supplémentaires d’enquête antidumping et de décaler d’autant « le scénario d’une application brutale de droit définitif sur cette filière » indique le ministre, évoquant un « sursis » alors que menaçait « l’application définitive à l’issue de la période de l’enquête, qui devait se terminer le 5 avril prochain », comme le rapporte la Charente Libre. Mobilisé pour que le gouvernement français l’assiste face aux lourdes pertes économiques enregistrées (-60 millions €/mois), le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC) reste pour l’instant réservé faute de précisions et de perspectives précises : « nous prenons note de cette annonce. Il nous faut étudier plus dans le détail le retour qui nous sera fait dans les prochains jours par le gouvernement français. » Il faut dire qu’il n’y a pas qu’une épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête.