’an passé, l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) a lancé le projet Vitilience dont l’objectif est de renforcer la résilience des viticulteurs français face au changement climatique. « C’est la concrétisation de la stratégie de la filière viti-vinicole face au changement climatique » explique Bernard Angelras, le président de l’IFV, le 20 mars, à Paris lors de la conférence nationale Vitilience. Le crédo de la filière ? « Innover pour rester », insiste Bernard Angelras avec deux volets : l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets. Doté d’un budget de 7,5 millions d’euros sur 5 ans financé par le Casdar, Vitilience vise à mettre en place un réseau de 20 démonstrateurs de pratiques innovantes dans 12 régions viticoles. Des sites pilotes sur lesquels vont être expérimenté une combinaison de pratiques et de leviers à la vigne (matériel végétal, pratiques agronomiques, modes de conduite, alimentation hydrique…) mais aussi au chai. Le tout en mobilisant l’ensemble des professionnels et en intégrant les spécificités et les problématiques de chaque région.
« Vitilience est un projet bâti en co-construction avec l’ensemble des partenaires de la filière avec un ancrage territorial fort et qui entre aujourd’hui dans sa phase opérationnelle », détaille Melissa Merdy qui pilote le projet. Il implique notamment l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) avec la participation active des délégués territoriaux
Aujourd’hui quatre démonstrateurs ont d’ores et déjà été sélectionnés : Resiloire dans le Val de Loire ; Demoniacc en Nouvelle-Aquitaine ; Vitopia 2051 dans la région Bourgogne-Beaujolais-Jura-Savoie et Viticors’Alti en Corse. D’autres vont arriver prochainement.
Porté par l’IFV de Montreuil-Bellay, le démonstrateur Résiloire a pour enjeux le maintien de la production et de la typicité Loire, la réduction des gaz à effet de serre, l’adéquation aux attentes sociétales et l’amélioration des conditions de travail dans un contexte de changement climatique. Pour cela, les partenaires vont mobiliser plusieurs leviers en testant par exemple les voiles et les cloches pour lutter contre le gel, les voiles d’ombrage, l’agroforesterie et des nouveaux cépages dont certains d’origine méridionale.
Avec le démonstrateur Demoniacc, le Vinopôle Bordeaux-Aquitaine et ses partenaires ont pour objectif de concevoir et de développer des modes de production permettant d’obtenir des vins fruités, légers et donc plus faciles à boire. Car en Nouvelle-Aquitaine, avec le réchauffement climatique, les vignerons sont confrontés à une évolution de la maturité avec une augmentation des degrés alcooliques, ce qui ne répond plus aux attentes des consommateurs. L’idée est de travailler à la fois sur des parcelles en production en y testant une combinaison de leviers à la vigne (modification du rapport feuilles sur fruits, application d’argile) et au chai (recours à des levures acidifiantes) mais aussi d’installer une parcelle avec de nouveaux cépages et de la conduire selon des stratégies de rupture adaptées aux conditions de 2050.
Dans le démonstrateur Vitopia 2051 porté par la Sicarex Beaujolais, les partenaires vont tester une combinaison de différents leviers d’adaptation et d’atténuation dans des parcelles du Beaujolais, du Jura et de la Savoie. Dans le Beaujolais, les partenaires vont travailler sur l’adaptation au risque de grêle et d’échaudage avec les filets et sur l’entretien des sols. En Savoie ils vont travailler sur une parcelle conservatoire dans laquelle se trouve de la diversité variétale et intravariétale et sur laquelle ils vont aussi tester l’agroforesterie et les filets anti-grêle. Dans le Jura, ils vont tester différents porte-greffes pour s’adapter au stress hydrique et travailler sur différents enherbements pour stocker du carbone dans les sols.
Le démonstrateur Viticors’Alti porté par le CRVI consiste à suivre un nouveau vignoble délocalisé à 800 m d’altitude (soit le plus haut de Corse) par le domaine Alzipratu. Ce nouveau vignoble a été implanté au milieu d’un châtaigneraie avec 3 cépages locaux vermentinu, sciaccarellu et minustellu greffés sur 3309 et 101-14. Il est conduit en haute densité (6250 pieds/ha) avec une taille en gobelet sur échalas.
A côté des démonstrateurs qui sont au cœur du projet, Vitilience inclut d’autres actions comme « une traque aux innovations » avec une thèse dédiée ; l’animation du réseau et le transfert des connaissances au travers de vignerons influenceurs, de visites des sites vitrine et de « Climat Tour » dans les différents bassins viticoles à l’image des « PNDV Tour ». Rendez-vous le 5 juin en Provence ; le 17 juillet dans le Val de Loire ; Mi-juillet en Nouvelle-Aquitaine et le 6 novembre en Savoie pour les « Climat Tour »