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Cette vigneronne ne veut plus de bouteilles à usage unique et lutte contre le gaspillage
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Réemploi
Cette vigneronne ne veut plus de bouteilles à usage unique et lutte contre le gaspillage

À la tête d’un petit domaine bio, Géraldine Dubois a aménagé son chai à Lyon même afin de vendre tous ses vins en ville, dans le but de récupérer et réemployer toutes les bouteilles.
Par Bérengère Lafeuille Le 12 mars 2025
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Cette vigneronne ne veut plus de bouteilles à usage unique et lutte contre le gaspillage
Géraldine Dubois, du domaine La Têtue, a aménagé un chai urbain à Lyon et vend tous ses vins localement. - crédit photo : B. Lafeuille
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ui jette son assiette après avoir mangé ? Personne. Qui se débarrasse de sa bouteille après l’avoir bue ? Pratiquement tout le monde. Lutter contre ce gaspillage est devenu une idée fixe pour Géraldine Dubois. Et comme l’indique le nom de son domaine, La Têtue, cette vigneronne va au bout de ses ambitions. Les bouteilles de Coteaux du Lyonnais qui en sortent y retournent donc pour être réemployées. Afin d’éviter qu’elles se perdent, ou bien parcourent des centaines de kilomètres en camion jusqu’à un centre de lavage (une aberration supplémentaire, selon Géraldine Dubois), elles sont toutes vendues en circuit ultracourt.

C’est en 2021 que cette ancienne cadre de l’industrie pharmaceutique, reconvertie dans la vigne depuis dix ans, décide de créer un domaine sur ses terres d’origine. Cette année-là, elle reprend 7 ha de vignes à Thurins, à 25 km de Lyon. « Cette proximité me permet de tout vinifier en ville et vendre en ultra-local, afin de pouvoir récupérer et réemployer les bouteilles », explique-t-elle. En effet, Géraldine Dubois a aménagé un chai en plein cœur de Lyon, dans un local de 65 m2 doté d’une petite cave de 20 m2, où elle vinifie 6 000 à 7 000 cols par an avec une partie de ses raisins, sachant qu’elle vend le reste à d’autres vignerons.

"Je suis seule à présenter une démarche environnementale aussi complète"

Géraldine Dubois s’est lancée sans réelle étude de marché. « J’étais convaincue que ça allait fonctionner, confie-t-elle. Car je suis seule à présenter une démarche environnementale aussi complète : je cultive en bio, vinifie sans intrants, limite les transports, récupère et lave moi-même les bouteilles, utilise des étiquettes compostables… J’ai passé beaucoup de temps et dépensé beaucoup d’énergie à présenter mon offre à de nombreux restaurateurs et cavistes, mais la plupart restent insensibles à cette démarche. Leurs critères de choix sont le goût, l’appellation, le prix, et la tête du vigneron. Le fait d’avoir une appellation peu prestigieuse n’aide pas, et d’être une femme non plus ! Surtout dans une ville entourée de vignes, où l’offre est importante. » Les agents qu’elle a approchés pour tenter de se décharger de la vente lui ont aussi avoué ne pas savoir comment positionner ses vins, trop atypiques.

Malgré tout, elle réussit à convaincre quelques restaurateurs – devenus des fidèles –, qui lui apportent l’essentiel de son chiffre d’affaires. « Avec eux, cela fonctionne très bien pour plusieurs raisons, analyse-t-elle. Ils aiment mon vin, et ma démarche. Le rapport qualité-prix leur permet de marger en gardant un prix correct sur table. Je les livre moi-même en 24 heures, en vélo-cargo quand il fonctionne, sinon en voiture. Ils ont une histoire à raconter à leurs clients, et pas de corvée de verre à jeter. »

Afin de faciliter le lavage, les étiquettes, en papier biosourcé à base de marc de raisin, ne sont pas collées mais attachées par un petit lien. Le matin de notre rencontre, la vigneronne a passé trois quarts d’heure à étiqueter à la main cinq caisses de douze cols… « J’y passe du temps, mais sans le bruit d’une chaîne d’habillage, ni stress, sourit-elle. Les étiquettes coûtent 0,22 € l’unité mais je n’ai pas d’étiqueteuse à amortir. Surtout, j’ai très peu de bouteilles à racheter, je réalise là de grosses économies. »

Géraldine Dubois le sait, ce système ne serait pas adapté à de gros volumes… et ce n’est pas son projet. Au contraire, elle a décidé l’an dernier de descendre à un hectare de vigne pour la travailler entièrement à la main et sans avoir de personnel à gérer.

Dépôt de bouteilles chez le fromager d’en face

Aucune vente aux particuliers n’a lieu sur place mais chez le fromager du trottoir d’en face, où elle laisse des bouteilles en dépôt. Et la vigneronne organise des ateliers visite et dégustation d’1 h 30 un samedi sur deux destinés au grand public.

Sa gamme est simple : le Rouge d’Ici, 100 % gamay (3 000 bouteilles), le Blanc de Là, 100 % chardonnay (2 500 bouteilles), et un pétillant naturel de gamay (800 bouteilles). Tous trois entre 15 et 17 € TTC prix public.

Le blanc et le pet’nat se vendent très bien ; le rouge a plus de mal à se faire une place dans ce pays où le gamay coule à flots – tout le millésime 2023 est encore en stock. Cette même année, la vigneronne avait innové avec un « blouge », de blanc et de rouge. « En 2023, j’avais peu de chardonnay et il titrait à 15,5°, alors que j’avais un gamay à 11°. Or, il me fallait du blanc puisque c’est ce qui est le plus demandé. J’ai donc pressé le gamay et le chardonnay ensemble pour obtenir un moût blanc et produire la cuvée Blouge de Là. Et cela a beaucoup plu, tout est parti ! »

Si son activité ne perd pas d’argent, elle ne lui permet pas encore d’en tirer un salaire. Le loyer d’un local en ville est considérable, et Géraldine Dubois a des prêts à rembourser concernant le matériel. Elle partage donc son temps entre la vigne et une autre activité, « alimentaire ». Pas question cependant de renoncer. Elle s’est même fixé un nouveau défi. « En 2025, je veux vinifier sans énergie fossile ni électricité », lance-t-elle. Têtue, on vous l’avait dit.

 

Le réemploi, clés de réussite

« J’utilise des bouteilles en verre classiques, que je récupère et lave moi-même avec une laveuse manuelle après un trempage à la soude, explique Géraldine Dubois. Avec la clientèle pro, le réemploi fonctionne très bien parce que je vends tout localement et que je livre moi-même : je récupère un casier de bouteilles vides quand j’en livre un plein. » « Pour les particuliers, cela dépend de leur bonne volonté. Au début, j’avais fixé pour eux un tarif de consigne. Mais s’il est trop bas, ce n’est pas incitatif. Et s’il est trop haut, c’est difficile à gérer d’un point de vue comptable. Je ne fixe donc plus de consigne. Mais je m’en sors bien : en trois ans et demi, j’ai dû racheter 1 500 bouteilles, alors que j’en ai écoulé 20 000. »

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