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Les vins de France malades "à ne pas vouloir soigner, on ampute, on saigne", on arrache
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25 ans de Vitisphere
Les vins de France malades "à ne pas vouloir soigner, on ampute, on saigne", on arrache

Directrice de la rédaction de Terre de Vins, Sylvie Tonnaire partage un coup de gueule contre l’arrachage de vignes vue comme un remède de long terme pire que le mal de court-terme. Le point avec un grand témoin de la filière vin à l’occasion des 25 ans du site Vitisphere.
Par Alexandre Abellan Le 02 mars 2025
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Les vins de France malades
L’arachage massif de vignes est une fatalité que ne veut pas accepter Sylvie Tonnaire. - crédit photo : DR
V

itisphere lu par… Sylvie Tonnaire, la directrice de la rédaction du mensuel Terre de Vins. « S’il y a sujet qui m’interpelle particulièrement, c’est le plan d’arrachage » indique-t-elle, réagissant aux derniers articles sur le sujet, comme "La carte de l’arrachage et du désert de vignes qui s’annonce en Languedoc-Roussillon" du 13 décembre dernier. « Nous nous évertuons dans Terre de Vins à éclairer les belles initiatives et donc des vignerons qui tirent leur épingle du jeu » explique la journaliste, notant que « cela ne veut pas dire que nous ne voyons pas la crise de mévente en cours et qui n’a pas fini de sévir. Pour y faire face il faudrait saigner la filière ? Ce serait ça le remède miracle ? Franchement je n’y crois pas. »

Alors que la filière évoque un besoin d’arrachage de 100 000 hectares pour rééquilibrer l’offre à la demande de vins français, l’aide à l'arrachage définitif de 27 451 ha sur les 750 000 du vignoble national effraie Sylvie Tonnaire. « Quel sera le devenir de ces surfaces agricoles détournées de la production viticole qui en théorie doivent être affectées à une destination autre que la friche » pose-t-elle, pointant que « comme nombre de ces arrachages conduiront à un arrêt d’activité des propriétaires de ces vignes, il est à craindre que l’interdiction de friche soit parfois un vœu pieux, je me permets de dire ça parce que des "friches interdites" (creuset de maladies, de fermeture du milieu donc destruction du paysage et fin de la fonction coupe-feu des vignes),  j’en vois à chaque fois que je sors dans le vignoble, toutes régions confondues ou presque. » À la perte de surfaces viticoles s’ajoute « la destruction d’emploi qu’on évalue à un poste supprimé tous les 2 hectares arrachés, nous voilà rendu à quelques 15 000 actifs en moins » complète la critique.

Une fleur à la concurrence

Face aux 945 000 et 700 000 ha des vignobles d’Espagne et d’Italie, « nos deux concurrents les plus proches » et les plus importants en volumes, la France creuse pour Sylvie Tonnaire sa chute concurrentielle face à « ceux avec qui on joue des coudes sur les marchés internationaux pour faire rentrer des ressources sonnantes et trébuchantes à la maison France. Tous ceux qui tâtent un peu de l’export savent bien que qualité et quantité sont importantes et que l’on peut perdre des marchés simplement parce qu’on n’a pas de quoi les honorer en quantité. »

Assumant une vision macroéconomique, la directrice de Terre de Vins note que « bien sûr, les pro-arrachage avancent que les vignes qu’on arrache coûtent plus qu’elles ne rapportent et qu’elles rendent les situations économiques des exploitants intenables. Ils ont raison. » Pour Sylvie Tonnaire,  l’arrachage est un remède pire que la maladie faute d’alternatives : « à ne pas vouloir soigner, on ampute, on saigne. Et soigner ça veut dire quoi ? Cela passe souvent par un changement de l’hygiène de vie, l’adoption d’un autre modèle. C’est-à-dire qu’il faut y mettre de la volonté et avoir des idées. »

Projet global pour protéger notre viticulture

Partageant la vision optimiste de reconquête de certains économistes, Sylvie Tonnaire estime que la filière vin « dispose de quantités d’études et d’experts capables de plancher sur la question, je vois que les domaines petits et grands rivalisent d’initiatives : changement de profil des vins, proposition de différents formats, développement de l’œnotourisme, mais on avance en ordre dispersé parce qu’il n’y a pas de projet global pour protéger ni notre viticulture ni notre agriculture c’est-à-dire notre souveraineté alimentaire. Pour moi les responsabilités et les solutions sont politiques, à quand l’agriculture comme grande cause nationale ? C’est toute la question. »

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Tous les commentaires (5)
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Dominique Le 03 mars 2025 à 09:23:24
c'est un peu facile de donner des leçons à ceux qui sont à affronter le réel. Mais j'ai une proposition du tonnerre à faire. Mme Tonnaire pourrait prendre à bail ( gratuit ) une des centaines de propriétés en galère où les vignerons se désespèrent. Elle pourrait appliquer ses conseils et nous faire part ensuite des résultats. Dans un article de " Terre de vins" par exemple, au cas où la conduite de ce domaine lui laisserait encore quelques minutes pour écrire.
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Olivier Metzinger Le 02 mars 2025 à 14:13:38
Il faut ouvrir les yeux, produire en France avec des gens qui veulent que nous lavions plus blanc que blanc est économiquement irréaliste face à nos confrères Italiens ou Espagnols. Les faits sont têtus, la volonté politique est absente, comme pour l'industrie nous nous réveillerons surement trop tard. En gironde combien d'élus s'inquiètent de l'avenir de leur territoire ? La quasi totalité s'en tapent le coquillard, dans les cdc, etc. Beaucoup de blabla, mais au fond rien. Les fournisseurs qui disparaissent, les emplois avec. Et de plus en plus de règles iniques. Je vais bien, tout va bien.....
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Alaindugers Le 02 mars 2025 à 07:48:40
Vous avez mille fois raison, en deux ans les pétillants d'Italie ont inondé la distribution française y compris les établissements prestigieux mais par une communication massive et concertée avec certainement le soutien de la Pac et aux vignobles de France l'Etat fait la charité d'une prime d'arrachage!
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Grami Le 02 mars 2025 à 07:38:57
Il fallait y penser il y a 6 ou 7 ans avant que tout ce désastre n'arrive ! Mais surtout quelles seraient les alternatives que pour l'instant personne ne voit venir ? Comment expliquer à ceux qui sont pris à la gorge qu'il faille attendre plutôt que d'arracher ?
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Grami Le 02 mars 2025 à 07:32:15
Les conseilleurs ne sont pas les payeurs....
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