ans le dernier classement quinquennal des Crus Bourgeois du Médoc, on parle presque plus des absents que des 170 châteaux distingués en 2025 (-32 % en cinq ans). Parmi les châteaux manquants les plus marquants, on trouve les quatre propriétés du groupe d’assurance Allianz formant les vignobles de Larose (255 hectares en production), avec les châteaux Arnauld (AOC Haut-Médoc), Larose Perganson (AOC Haut-Médoc), château Tour de Pez (AOC Saint Estèphe) et Larose Trintaudon (AOC Médoc). Si les quatre propriétés étaient classées dans le précédent classement 2020 (respectivement cru bourgeois exceptionnel, cru bourgeois supérieur, cru bourgeois supérieur et cru bourgeois), elles en sont désormais absentes, ce qui cause un trou conséquent en surface (Larose Trintaudon représentant quasiment 200 ha à lui seul) et marque les esprits alors que le directeur général des vignobles de Larose, Franck Bijon, préside l’Alliance des Crus Bourgeois depuis 2021.
« Par cohérence, je me dois de porter ma démission » indique à Vitisphere Franck Bijon. Elle sera officialisée lors de la réunion du conseil d’administration de l’Alliance, ce 4 avril. Réunion durant laquelle l’élection de la présidence était déjà prévue, indique la direction des crus bourgeois. Entre-temps, les vice-présidents Armelle Cruse et Laurent Vaché assurent l’intérim, ce qui explique l’absence de prise de parole médiatique de Franck Bijon lors des présentations du classement des crus bourgeois lors de Wine Paris.
4 retraits et une retraite
Une défection qui alimente les rumeurs dans le vignoble, où l’on cause d’un possible refus des vignobles de Larose de voir ses crus moins bien classés en 2025 qu’en 2020. Ce que réfute totalement Franck Bijon, rapportant l’ouverture d’une réflexion stratégique en 2024 avec ses nouvelles équipes dirigeantes et une décision de sortir du classement des crus bourgeois avant même d’avoir les résultats du nouveau classement quinquennal. À 63 ans en mai prochain, celui qui a rejoint les vignobles de Larose en 1989 indiquer prévoir son départ à la retraite (effective cette fin d’année) avec l’arrivée d’une nouvelle directrice générale (Lorraine Watrin, qui prendra ses fonctions début avril). « Je ne pouvais pas imposer stratégie que je ne pourrais plus porter » explique Franck Bijon, qui évoque des mois de « réflexions internes » et de « pure stratégie » pour aboutir à la décision que les vignobles de Larose ne peuvent « plus continuer dans cette famille de crus, tout en respectant et reconnaissant » la valeur du classement.


Alors que les vignobles de Larose déploient depuis 2022 un plan d’investissement de 25 millions d’euros (notamment pour la conversion à la viticulture biologique, actuellement suspendue après l’éprouvant millésime 2024), ils souhaitent affirmer leurs « valeurs et crus identitaires » indique Franck Bijon, précisant qu’« à l’intérieur de la famille des crus bourgeois on ne retrouvait pas le sens que l’on souhaitait » en termes de notoriété, de reconnaissance de la qualité et de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Pourtant les trois éléments clés du classement 2025 des crus bourgeois, qui déploie une nouvelle campagne de communication, met en avant une dégustation renforcée et des obligations de certification environnementale. Ayant présidé cette stratégie collective, Franck Bijon assume de vouloir aller plus loin individuellement : « on préfère jouer notre carte » avec une « ambition forte » pour « aller plus loin » et « continuer d’avancer » avec « agilité » en étant « maître de notre propre destin, ce qui n’était pas forcément le cas avant ».
Si Franck Bijon quitte les crus bourgeois, il précise ne pas être seul à faire défection : « il y a une très forte érosion. 9 crus bourgeois exceptionnels sur 14 ne sont plus là. 40 % des crus bourgeois supérieurs non plus… Très honnêtement, je pense que la plupart ont pris une décision stratégique, comme nous. D’autres ont soupesé les coûts économiques de la chose. »