a filière vin chanterait-elle du Michel Jonasz : « dites-moi même qu'elle est partie pour un autre que moi, mais pas à cause de moi » ? Originale, l’enquête en ligne du sondeur OpinionWay permet de croiser les perceptions sur le vin de 1 010 Français (de 18 ans et plus représentatifs de la population, avec une marge d’erreur de 1,4 à 3,1 points) et de 200 viticulteurs de Bordeaux (3 à 7 points de marge d’erreur) afin d’alimenter la stratégie de la cave coopérative Berticot (100 adhérents pour 1 200 hectares de vignes en AOP Côtes de Duras et IGP Atlantique, à Duras dans le Lot-et-Garonne). Concernant la consommation de vin, le sondage confirme qu’elle est plus fréquente chez les classes aisées (66 % pour les CSP+) et âgées (69 % pour les plus de 65 ans) qu’auprès des jeunes (44 % des 18-24 ans). Concernant les feins à la consommation des vins, l’enquête cartographie le fossé entre ce que la filière s’imagine être les causes de la non-consommation et ce qui motive ces 18 % de Français abstinents.
« Si la principale raison pour laquelle les individus ne consomment pas de vin est souvent liée à un choix général de ne pas boire d'alcool, cela peut aussi résulter de préférences gustatives » esquisse l’étude, qui relève comme explication à cette non-consommation de in : 56 % ne boivent pas d’alcool, 31 % n’aiment pas le goût du vin, 18 % préfèrent des boissons non-alcoolisées… Rien à voir avec ce que les professionnels du vin imaginent. « De leur côté, les viticulteurs estiment que la non-consommation de vin s’explique surtout par la préférence pour d'autres boissons », avec 69 % qui imaginent un attrait pour les bières et spiritueux de la part des non-consommateurs de vin : faux, ils sont 3 % des consommateurs sondés à indiquer une préférences pour d’autres alcools. 38 % des viticulteurs avancent une préférence des non-consommateurs pour d’autres boissons non-alcoolisées (18 % des sondés en réalité).
Points de divergence
Pour 42 % des viticulteurs, la consommation s’explique aussi par « des préoccupations liées à la santé » : seuls 13 % des non-consommateurs sondés l’indiquent. Alors que ce sont de loin les premiers arguments des abstinents, seuls 35 % des viticulteurs sondés avancent que les non-consommateurs ne boivent pas d’alcool et 29 % qu’ils n’aiment pas le goût du vin. Autant, 29 %, estiment que les non-consommateurs s’abstiennent par manque de connaissance, alors qu’ils sont 0 % de non-consommateurs à le déclarer. 23 % des viticulteurs imaginent qu’un prix trop élevé pousse à ne pas consommer (2 % des sondés), 21 % des producteurs expliquent la non-consommation par des raisons religieuses et culturelles (7 % des non-consommateurs l’évoquent)…
Séduire les non-consommateurs s’annonce particulièrement difficile au vu de leurs raisons de ne pas acheter de vin. Mais les attentes des consommateurs de vin ouvrent des pistes. « Pour près d’un consommateur de vin sur deux (48 %), des prix plus abordables constitueraient un facteur clé pour encourager une consommation accrue, et pour un quart d'entre eux, c’est même le premier critère incitatif » indique l’étude, pointant que les amateurs de vins peuvent être inciter à l’achat à 26 % par des nouveautés (cépages ou régions), à 25 % pour des pratiques plus respectueuses de l’environnement, à 22 % par plus de transparence sur les méthodes de production, à 22 % par des propositions avec moins d’alcool ou sans alcool…