xaminant la mission budgétaire dédiée à l'agriculture ce vendredi 17 janvier, le Sénat a voté l’amendement déposé par le sénateur Laurent Duplomb (Haute-Loire, Les Républicains) proposant l’annulation de 2,9 millions d’euros de crédits prévus dans le projet de loi de finances pour 2025 (PLF) via la suppression l’Agence française de promotion et de développement de l’agriculture biologique (Agence Bio). A travers la voix de sa ministre de l’agriculture Annie Genevard, le gouvernement a jugé l’idée « pertinente », estimant qu’en « ces périodes de difficulté budgétaire, personne ne peut être contre l'idée de rationaliser la dépense publique ».
Signant un communiqué affirmant « Non à la suppression du seul opérateur public pour l’agriculture biologique ! », les membres et administrateurs de l'Agence Bio* notent qu'alors que le logo Agriculture Biologique (AB) va fêter ses 40 ans et « lancer une campagne de communication de grande envergure pour (re)donner aux Français l'envie de consommer bio », cet amendement est pris « contre l'avis de l'ensemble du secteur, allant des agriculteurs bio en amont jusqu'aux distributeurs de produits bio en aval, en passant par les coopératives, et les transformateurs, et ce pour toutes les filières et sur tous les territoires ». Dans un autre communiqué, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs regrette que l'amendement « n’ait fait l’objet d’aucune consultation préalable des organisations professionnelles agricoles. [D'autant plus] que l’agriculture biologique traverse une période de grandes difficultés économiques et structurelles.»
Ce lundi 20 janvier, le cabinet d'Annie Genevard a indiqué à la presse que si la mesure était adoptée par les parlementaires, les missions actuellement portées par l’Agence Bio seraient soient réinternalisées au sein du ministère, soit confiées à l’établissement public FranceAgriMer, pour être poursuivies « de manière optimale ». En précisant que « si une rationalisation des coûts de fonctionnement s’avère nécessaire, elle ne peut être réalisée sans une concertation approfondie avec les parties prenantes concernées ».
« On peut dire que ce gouvernement a le sens du timing et de la cohérence politique. Venir nous expliquer en pleine crise de la bio qu’il faut supprimer l’acteur chargé de promouvoir nos produits c’est pour le moins osé. Depuis trois ans, nous avions l’impression d’être rentrés dans un processus collaboratif de recherche de solutions qui vient d’être mis à terre », s’inquiète dans un communiqué Philippe Camburet, le président de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB).


Pour les administrateurs de l'Agence Bio, « supprimer leur Agence revient à dire aux 215 000 emplois du secteur, et à 1 agriculteur sur 6, qu’il n’y a pas de place pour la diversité des modèles. Cela occasionnerait une saignée démographique dans les champs. » Pour la FNSEA et les JA, « l’Agence Bio, c’est bien plus qu’un simple organisme administratif. C’est un espace d’échanges, de dialogue et de gouvernance partagé entre tous les acteurs de la filière bio, des agriculteurs aux distributeurs. C’est aussi le seul outil national qui œuvre au développement et à la promotion de cette filière. La remettre en cause aujourd’hui, c’est fragiliser encore davantage une filière déjà sous tension. »
* : Soit Jean Verdier, président de l’Agence Bio, Loic Guines, le président des Chambres d’Agriculture de France, Philippe Henry, de la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB), Bruno Martel de la Coopération Agricole, Christelle le Hir pour le syndicat professionnel des magasins Bio (Synadis), Jérémie Ginart pour le Syndicat des Entreprises Bio Agroalimentaires (Synabio), Benoit Soury pour la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) et Philippe Lassalle Saint Jean, administrateur des Interbio.