En vins tranquilles comme en effervescents, il manque des outils. Le vignoble en a rapidement besoin pour reprendre confiance » jugeait lundi 6 février au domaine Lorentz à Bergheim Thomas Boeckel, président des Grandes maisons d’Alsace (GMA). « Il nous faut des premiers crus à tous, en appellation Alsace, mais il faut aussi penser aux crémants de lieux-dits ». Concernant la première perspective, l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO) a déjà refroidi l’ardeur alsacienne en novembre dernier en promettant tout au plus une appellation "cru".
C’est un euphémisme de dire que pareille réponse n’emballe pas franchement des producteurs négociants qui déplorent le temps que tout ce dossier a déjà pris et prendra sans doute encore pour aboutir à un résultat des plus incertains… Sur les crémants de terroir, Thomas Boeckel estime qu’il s’agit d’une « demande du marché » et que l’Alsace, premier producteur de crémants de France, dispose « d’assez d’expérience [dans l’élaboration de ces vins] pour passer à l’échelon supérieur ».
2024, commercialement correcte ?
Aux yeux des producteurs-négociants, ces demandes doivent redonner le moral à une base qui s’interroge. La délicate année culturale 2024 a laissé des traces. La rumeur professionnelle dit que dans presque chacune des 119 communes jalonnant la route des vins, un ou plusieurs viticulteurs songent à mettre un terme à sa carrière, même s’il n’a pas atteint 60 ans… Avec en corollaire des surfaces à reprendre un peu partout… Sur le plan des volumes écoulés, les premières estimations indiquent que 2024 ne fera pas d’étincelles, mais ne sera pas catastrophique non plus. Le crémant performe toujours grâce à son excellent rapport qualité/prix, mais « c’est plus compliqué pour les vins tranquilles ».
Entreprise par entreprise, « l’année sera correcte » pour Thomas Boeckel (maison Boeckel à Mittelbergheim). « La maison Lorentz enregistre une baisse de ses volumes mais maintient son chiffre d’affaires de 2023 qui était une très bonne année » indique Georges Lorentz, son PDG. « Ventes et chiffre d’affaires en baisse, mais rentabilité en hausse. Les consommateurs boivent moins mais mieux, donc achètent plus cher » résume Jean-Frédéric Hugel (domaine Hugel à Riquewihr). Pour 2025, il faut être « confiant » à condition de « ne pas vendre à n’importe quel prix » estime Thomas Boeckel.
Les Grandes maisons d’Alsace vinifient la récolte de 3 800 ha de raisins produits en propre ou achetés (hors vrac). Elles pèsent 40 % de la commercialisation des vins d’Alsace et réunissent 33 adhérents. Les maisons Sick-Dreyer (Ammerschwihr), Biecher (Saint-Hippolyte) et la Famille Hauller (Dambach-la-Ville) ont rejoint l’association en 2024.