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e tout dernier rapport publié par Wine Australia ce mois-ci est révélateur des pressions qui s’exercent sur le secteur du vin en Australie. Si la production totale cette année (10,4 millions d’hectolitres, soit 1,43 million de tonnes de raisins) s’est inscrite en hausse de 8% par rapport à l’an dernier, elle accuse une baisse de 16% par rapport à la moyenne décennale (12,4 Mhl). Certes les conditions météorologiques n’étaient pas au beau fixe cette année – cumulant inondations, vents forts, sécheresse et gelées – mais l’organisme professionnel attribue surtout le recul des volumes à « des décisions intentionnelles de la part des viticulteurs et entreprises vinicoles, provoquées par les prix bas des raisins, des surplus de stocks importants (malgré la très petite récolte en 2023) et une demande mondiale en berne ». Les caves de vinification ont réduit leurs achats de raisins sans contrat et imposé des plafonds de rendement, tandis que les viticulteurs ont opéré une réduction sélective des intrants, laissé des raisins au sol, mis des vignobles au repos, privilégié des cépages blancs au détriment des rouges et arraché des parcelles. D’ailleurs, pour la première fois depuis 2011-2012, la production de vins blancs a dépassé celle des rouges cette année.
Un potentiel de production toujours élevé
Toutefois, l’importance des arrachages à l’heure actuelle est moins significative qu’attendu. « On a vu des arrachages en Australie, mais on en voit moins actuellement », explique Peter Flewelyn, responsable export auprès de CW Wines, dont les approvisionnements proviennent de 10 régions viticoles à travers le pays. « Certains secteurs ont été restructurés. Des vignes ont été arrachées et remplacées par d’autres cultures comme les fruits et légumes ou transformées en terrains à bâtir. Certaines sont redevenues des terres de pâturage. A l’heure actuelle, on assiste aussi à de grosses plantations d’oliviers ». Néanmoins, Wine Australia s’inquiète du potentiel de production qui reste élevé : « Cela signifie que les disponibilités potentielles de raisins sont supérieures à la demande, maintenant les cours à un niveau bas. Et si les rendements ne sont pas maîtrisés, la production pourrait dépasser 1,4 million de tonnes, entraînant de nouveau des excédents et une augmentation des stocks, sauf si l’on connaît une hausse correspondante des ventes ».
Des acheteurs chinois « précautionneux »
Pour l’heure, une évolution positive des volumes commercialisés n’est pas à l’ordre du jour. Les ventes totales se sont chiffrées sur la campagne 2023-2024 à 10,8 Mhl, en baisse de 0,7% par rapport à 2022-2023 et de 11% comparées à la moyenne décennale (12,1 Mhl). Les exportations en 2023-2024 ont stagné autour de 6 190 000 hectolitres, soit le niveau le plus faible des vingt dernières années sur une campagne. Certes, les expéditions vers la Chine sont passées de 10 000 hl à 320 000 hl, atteignant même 590 000 hl sur les douze mois jusqu’en septembre 2024. Mais elles représentent à peine un tiers du pic des expéditions en 2017-2018. De même, pour Wine Australia, ces chiffres fort positifs ne doivent pas occulter le fait que ces volumes « correspondent très probablement à la constitution de stocks dans les « tuyaux » d’un grand marché suite à une absence prolongée et ne reflètent pas nécessairement des ventes au stade du détail ». Cet avis est partagé par Peter Flewelyn : « Les vins que l’on croyait alloués à la Chine sont en train de revenir sur le marché. Il y a beaucoup d’incertitudes. La Chine ne se montre pas à la hauteur de nos attentes. L’économie chinoise n’est pas florissante et il y a beaucoup d’alternatives désormais, comme les vins fermentés avec du thé ». Tout en se félicitant des relations renouées avec les professionnels chinois, le responsable export note que ces derniers sont « précautionneux dans leurs achats de vins. Ils veulent être certains de pouvoir les vendre. Il faudra plus longtemps que prévu pour rebâtir le marché chinois ».
