éveloppé par l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV) pour aider les viticulteurs à suivre le niveau de pression des maladies et à optimiser leurs stratégies de protection, l’outil d’aide à la décision (OAD) DeciTrait ne cesse de s’enrichir de nouvelles fonctionnalités. Doté depuis le début du millésime 2024 d’un outil de recherche des produits phytosanitaires selon des critères définis par l’utilisateur (DRE, ZNT, compatibilité…) et de la capacité d’avertir lorsqu'il y a dépassement du nombre maximum d’applications réglementaires et/ou conseillées par la note nationale de gestion des résistances au mildiou, oïdium, black-rot et pourriture grise, il permet désormais de connaître l’impact du calendrier de traitements sur la présence de résidus de produits phytosanitaires dans les vins. À tout moment de la campagne, il suffit pour cela à l’utilisateur d’aller dans l’onglet dédié, de renseigner la date, le produit utilisé, la dose, et le type de vinification (blanc, rouge, ou rosé) puis de faire tourner la moulinette informatique associée à une base comptant déjà près de 3 000 analyses sur raisin ou sur vin, toutes reliées à un calendrier de traitement.
« Par exemple, si je réalise un traitement le 5 juin avec Amaline Flow à 2,8 L/ha, puis un Folpan à 3 L/ha, un insecticide à base de cypermethrine (30 g/ha), et un herbicide à base de glyphosate à (450 g/ha), j’obtiens un tableau par classes de concentrations probables dans le vin après fermentation qui m’indique que la zoxamide, la cypermethrine et le glyphosate ne seront probablement pas détectés, mais que le folpel et le cuivre seront certainement présents dans les classes 0.01-0.05 mg/L et 0.05-0.1 mg/L » illustre Alexandre Davy, ingénieur au pôle Nouvelle-Aquitaine de l’IFV et expert de l’outil.
Pour arriver à ces résultats, l’IFV a établi des équations de décroissance spécifiques à chaque molécule pour prédire la quantité résiduelle sur les raisins au moment de la récolte à partir de la date et de la dose de produit appliqué. « Si le viticulteur réalise plusieurs traitements avec la même molécule, les résidus s’additionnent », explique Alexandre Davy. La quantité estimée à la vendange est ensuite multipliée par le taux de transfert de la molécule dans le vin, propre à chacune d’elle et à chaque type de vinification. L’IFV a également construit des équations pour passer directement de la quantité appliquée au vignoble à la concentration retrouvée dans le vin. « L’outil calcule les deux et fait la moyenne pour minimiser le risque d’erreurs », continue l’ingénieur.
Pour l’instant, seuls les viticulteurs utilisant DeciTrait depuis la plateforme de l’IFV ont accès à ce nouvel outil, mais l’IFV est ouvert aux partenariats pour valoriser son travail et a prévu de développer prochainement une API (Interface de Programmation d'Application) permettant à un autre logiciel de se « connecter » pour échanger de la donnée. « Si demain une structure veut mettre l’outil à disposition de ses adhérents, ce sera très facile techniquement », promet Alexandre Davy.