i ce n’est pas encore l’arlésienne des révisions de délimitation AOC (la Champagne remportant le titre haut la main), le dossier de l’appellation Bourgogne fait partie des serpents de mer de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO). Réuni ce jeudi 28 novembre, le comité national des appellations d'origine relatives aux vins acte la relance de « la demande de délimitation de l’AOP Bourgogne sur la zone Bourgogne/Beaujolais » indique un communiqué, notant « une nouvelle étape dans un dossier ancien » et validant « le lancement de l’instruction de la nouvelle demande de l’Organisme de Défense et de Gestion (ODG) Bourgogne de réviser la délimitation parcellaire des AOC Bourgogne et Coteaux Bourguignon ».
Sujet sensible, ayant beaucoup divisé et mobilisé au début et à la fin des années 2010 (mais aussi en 2020 avec le projet d’exclusion de Chablis), la question de l’aire de production des vins d’appellations régionales de Bourgogne semble désormais plus apaisée entre Bourgogne et Beaujolais. « Les deux régions se parlent et communiquent. Ce n’était pas le cas précédemment » résume Thiébault Huber, le président de la Confédération des Appellations et des Vignerons de Bourgogne (CAVB), qui note la volonté de l’ODG Bourgogne d’avancer sur ce dossier avec une proposition un peu différente : une délimitation parcellaire et plus globale, pour être « moins dans le principe général » et « rentrer plus dans le détail ». S’il y a un angle nouveau, « on n’en est qu’au début. Tout est à écrire, on part d’une feuille blanche. Il faut se mettre en ordre de marche pour que tout le monde s’en sorte la tête haute » avance le vigneron de Meursault (Côte-d’Or).


« Ça va bien se passer : on y croit tant que tout le monde se parle et se respecte. Ça ne devrait pas poser de problème » abonde David Ratignier, le vice-président de l’ODG des appellations Beaujolais et Beaujolais Villages, pour qui « cette fois va falloir en parler sérieusement et clairement. On a l’intention que ça se passe bien. Je ne vois pas pourquoi ne serait pas le cas. » D’autant plus que les vignobles de Bourgogne et de Beaujolais ont intérêt à débloquer cette révision des appellations Bourgogne et Coteaux Bourguignon, qui sont croisées entre les deux bassins, et forment le socle sur lequel reposent les autres AOC.
Ainsi que leurs Dénominations Géographiques Complémentaires (DGC), qui pourraient être bloquées avec des projets en cours pour le Beaujolais (DGC Pierres Dorées) et la Bourgogne (DGC Dijon). « Il y a le besoin définir les zones des deux côtés. On est obligés de s’entendre » pointe David Ratignier, rappelant que le vignoble du Beaujolais est bien utile à la Bourgogne et ses opérations (produisant plus de 50 % des crémants de Bourgogne). Pour Thiébault Huber, la révision de l’AOC Bourgogne est aussi stratégique pour piloter le vignoble : « nous gérons une contingent d’autorisations nouvelles. Nous sommes l’une des régions qui marchent malgré la crise viticole. Nous ne devons pas casser le jouet et devons garantir ce qu’est un vin AOC Bourgogne. » Le tout en bonne intelligence avec le Beaujolais.


« Nous allons réviser les délimitations parcellaires. Nous sommes partis sur de bonnes bases » valide Caroline Blot, la cheffe du pôle vin de l’INAO, n’avançant pas de calendrier, mais relevant que « la révision de la délimitation parcellaire devrait arriver rapidement. Aussi vite que puisse se faire. La commission enquête se réunit dès cette semaine. » Le tout suivant « des procédures très claires sur la révision parcellaire. Les experts vont voir parcelles par parcelles : celles qui répondent aux critères seront dedans, les autres non. » Quant à l’arlésienne des révisions d’aire AOC, Caroline Blot indique n’avoir pas eu de nouvelles récentes du dossier champenois…