our l'Organisme de Défense et de Gestion de l'appellation Bourgogne, l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (Inao) tente de faire passer en force son projet de délimitation de l'aire d'appellation Bourgogne. L'ODG conteste d'abord le fond du dossier, en estimant que les critères retenus, qui leur ont été présentés en novembre 2018, ne respectent pas les fondements d'une appellation, tels que l’historique et les usages « significatifs » de production des vins de Bourgogne dans le temps. Par exemple, la Commission chargée de l'enquête n'aurait retenu qu'une période de production ininterrompue de huit ans nécessaire pour pouvoir répondre au critère de l'usage.


Un certain nombre de communes bourguignonnes comme Dijon se verraient ainsi sorties de l'aire, tandis que d'autres, situées dans le Beaujolais, « sans relation historique avec la Bourgogne et ses productions de qualité construites au fil des décennies », y rentreraient. « C'est aberrant et inacceptable : en 10 ans, on change la physionomie complète de l'appellation et on exclut les personnes qui l'ont construite, s'offusque Bruno Verret, président de l'ODG.
En résumé, l’Inao envisagerait de minorer les facteurs humains au profit des facteurs naturels, sols et climats. « L’appellation Bourgogne se résume-t-elle uniquement à la production de pinot noir ou de chardonnay sur zone argilocalcaire sous un climat tempéré ? » interroge ainsi le syndicat. Au-delà d'une simple négligence, les bourguignons voient en réalité derrière cette nouvelle version, un moyen pour l'Inao d'éviter d'éventuels futurs conflits ou recours : « Nous subissons les conséquences fâcheuses d'un traitement politique et juridique du dossier, voulu par l'Inao pour éviter d'être attaqué », poursuit l'élu.
Le syndicat reproche également la méthode utilisée par la Commission, incapable de travailler en concertation avec les producteurs de l'AOC. Ce dernier n'a obtenu aucune information précise sur le contenu et l'évolution du projet. « On ne peut pas faire une AOP au détriment de ce que veulent les producteurs de l'appellation concernée, rappelle Guillaume Willette, son directeur. Au départ, c'est bien l'ODG qui porte le dossier auprès de l'Inao ».
Apprenant il y a un mois qu'une présentation était programmée lors du prochain Comité national Inao de juin 2019, ils ont donc décidé de réagir et sollicité un rendez-vous de concertation auprès du ministère, obtenu ce mercredi, pour dénoncer « ce passage en force ». « Elle a été globalement constructive avec une volonté affichée de concertation. Reste à concrétiser cette orientation avec une véritable écoute de l’Institut », indique le directeur.
« L'Inao, qui ne défend pas la notion d'appellation dans ce dossier mais obéit à la volonté de plaire à tout le monde, n'est pas à l'aise », résume Bruno Verret. « La Commission patauge : c'est un dossier qui traîne car épineux, à l'issue duquel elle devra trancher...C'est ce qui est compliqué », commente Guillaume Willette. Pour rappel, un premier projet de délimitation avait été proposé en 2011 puis annulé en 2014 par le Conseil d'Etat suite à un recours des producteurs de Bourgogne en Beaujolais.