epuis les premières évocations du plan d’arrachage viticole en cours dans le pays, la diversification figure comme l’une des alternatives privilégiées pour compenser la perte de revenu issu de la production de vin sur les exploitations. Mais, des oliviers aux asperges, en passant par les fruits à coques, raisins de table, kiwis, petits fruits rouges ou encore le houblon, comment orienter ses choix lorsqu’on n’a jusque-là fait que s’occuper d’un vignoble ? « Se lancer dans une nouvelle production ne doit pas se vivre comme une fatalité mais comme une démarche volontaire ! », prévient Vincent Schieber, président de la station d'expérimentation de la filière fruits et légumes en Nouvelle-Aquitaine Invenio, en ouverture d’une conférence dédiée à la diversification lors du salon Vinitech.
« La diversification est surtout un moyen de stabiliser le revenu d’une exploitation, une culture compensant les variations d’une autre », ajoute le président du Vinopôle Bordeaux-Aquitaine Thomas Solans. Face à l’auditoire, représentants et conseillers techniques des filières asperges, oléiculture, petits fruits rouges, houblon, kiwi, raisins de table et fruits à coques ont ainsi livré les clés de ces cultures, leurs possibilités de revenus et bien évidemment les contraintes et charges qu’elles génèrent. Investissement nécessaire, temps d’arrivée en production de la culture et besoin en main d’œuvre constitue la pierre angulaire de la réflexion à mener. Sans oublier des besoins en eau incontournables pour toutes ces orientations de diversification.
La production d’asperges, qui peut démarrer dès la 2ème année après plantation figure ainsi parmi les plus rapides, pour « des valorisations de produits qui n’ont fait qu’augmenter en France depuis 15 ans », pose Astrid Etevenaux, directrice d’Asperges de France. Pouvant générer jusqu’à 25 000€/ha de chiffre d’affaires, cette culture pérenne et robuste implique en revanche « un important besoin en trésorerie et main d’œuvre, celle-ci occupant 68% des charges d’exploitation », ajoute-t-elle.
Cet important besoin de main d’œuvre va se retrouver sur la plupart des autres cultures présentées, comme les petits fruits rouges, le raisin de table, le kiwi ou le houblon, qui nécessitent de multiples passages manuels au moment de récoltes en fractionnés au fur et à mesure des maturations. Les châtaigniers ou oliviers sont moins gourmands sur ce point de la main d’œuvre, mais impliquent en revanche un délai de 5 ans avant la mise en production. La culture des oliviers est en outre soumise à des variations conséquentes de production d’une année à l’autre.
Houblon, kiwi ou petits fruits rouges comme les framboises nécessitent également des investissements matériels conséquents à ne pas négliger dans les calculs de rentabilité des exploitations. Pour la plupart, ces filières correspondent à des marchés sur lesquels la France est productrice déficitaire, faisant appel aux importations pour la consommation domestique. Mais gare à la valorisation et aux débouchés disponibles au moment où la récolte arrive. Les asperges ou les raisins de table sont des produits plébiscités sur les circuits courts, mais ceux-ci ne suffisent pas pour autant à écouler toute une production. « Des grossistes existent alors pour prendre le relais et accéder à la grande distribution, mais il faut alors des volumes nécessaire pour approvisionner », prévient Mathieu Mouravy, de la chambre d’agriculture de Gironde, au sujet de la filière des raisins de table.
Dans toutes ces orientations, les choix de variétés ou d’itinéraires culturaux sont également cruciaux, en particulier sur les cultures pérennes. La diversification est donc tout sauf un choix à faire de manière opportuniste, avec des interlocuteurs spécialisés et conseillers pour se faire accompagner.