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Olives, amandes, pistaches, grenades... la mévente des vins poussent les vignerons à se diversifier
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Exit la monoculture
Olives, amandes, pistaches, grenades... la mévente des vins poussent les vignerons à se diversifier

Dans le Sud de la France, la mévente des vins pousse les vignerons à se tourner vers d’autres cultures que la vigne. Les organisations professionnelles se préparent à les accompagner.
Par Chantal Sarrazin Le 25 décembre 2023
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Christelle Roche s’est penchée sur la diversification de son exploitation de 15 hectares de vignes à Mirabel aux Baronnies (26) "Nos acomptes diminuent et les aléas climatiques impactent de plus en plus nos récoltes. On n'a pas le choix" - crédit photo : DR
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réparer le coup d’après. Dès son installation en 2021, Christelle Roche s’est penchée sur la diversification de son exploitation de 15 hectares de vignes à Mirabel aux Baronnies (26). « On n’a pas le choix, explique cette trentenaire adhérente à la cave coopérative de Nyons (26). Nos acomptes diminuent et les aléas climatiques impactent de plus en plus nos récoltes. »

2000 € environ pour 70 ares de grenadiers

A son arrivée, l’exploitation comptait déjà 0,5 ha d’oliviers et 20 ares d’abricotiers en plus de la vigne. Christelle Roche y a ajouté 70 ares de grenadiers, plantant des arbres âgés de deux ans pour obtenir rapidement des fruits. « Un investissement de 2 000 € environ, explique-t-elle. J’ai choisi cet arbre car il est adapté à nos conditions. »

Cette viticultrice n’est pas la seule à prendre les devants. Elle fait partie de la commission des jeunes vignerons de l’Union des Vignerons des Côtes du Rhône (Cellier des Dauphins) qui planche sur la diversification depuis trois ans. « L’objectif c’est de rompre avec la monoculture, expose Marie-Véronique Blanc, l’animatrice de ce groupe de 18 vignerons. À la fois pour des raisons économiques et environnementales. »

Au sein de cette commission, les jeunes discutent des productions qu’ils testent. « Certains ont planté des grenadiers, d’autres des oliviers, du lavandin, de l’amande ou du pistachier, enchaîne-t-elle. Ils ont commencé il y a deux ans. Ils y vont de manière progressive et réfléchie.» Marie-Véronique Blanc les accompagne en leur apportant des informations technico-économiques sur les pistes envisageables. Parmi les nouvelles idées : la production de houblon pour se lancer dans la bière ou celle de jus de raisin qui serait obtenu avec les équipements actuels des caves.

"Tous les fruits sont partis"

En attendant, Christelle Roche a cueilli ses premières grenades en octobre 2023, 450 kg dont la moitié pour la bouche et l’autre transformée en jus par un prestaire. « Tous les fruits sont partis ! se félicite-t-elle. Nous les avons commercialisés auprès d’épiceries locales bio et de magasins de producteurs. ». Reste à trouver des acheteurs pour les jus. Christelle Roche démarche les magasins bio dans ce but. Dans les mois qui viennent, elle veut continuer à se diversifier, cette fois sur des parcelles de vignes peu productives qu’en d’autres temps, elle aurait arrachées pour planter des cépages blancs.

Toujours dans la vallée du Rhône, le syndicat des vignerons des Côtes du Rhône a lancé le Projet Terroir pour mettre les vignerons en relation avec d’autres filières et pour les aider à trouver des subventions afin de démarrer de nouveaux projets. « Il y de la demande pour de la truffe et des filières se structurent autour de la grenade, de la pistache, de l’amande et même la garance, observe Philippe Faure, le secrétaire général. En France, la consommation de vin baisse. On essaie de dynamiser l’export, mais il faut du temps pour avoir des résultats. On ne peut plus mettre tous ses œufs dans le même panier. » Pour mener à bien son projet, le syndicat espère des financements dans le cadre du plan France Relance.

250 viticulteurs prêts à franchir le pas en Gironde

En Gironde, la diversification est aussi en marche. « Près de 250 viticulteurs désireux de se lancer dans une autre production ont sollicité un accompagnement en 2023 », annonce Philippe Mouquot, chargé de mission grandes cultures et diversification à la chambre d’agriculture. Dans la réalité, ils seraient bien plus nombreux à vouloir se réorienter. En 2022, la chambre a conduit une enquête auprès des vignerons sur le devenir de leur exploitation. 1500 d’entre eux y ont répondu. Un peu plus d’un quart a indiqué qu’il envisage de se diversifier dans le maraîchage, l’arboriculture, les céréales, l’oléiculture ou l’élevage. Un peu plus de la moitié ne pense pas changer. Et 20 % veut tout arrêter et partir en retraite.

« Sur les 9500 ha de vignes qui doivent être arrachées dans le cadre du dispositif d’arrachage sanitaire, 3300 ha devraient être libérés pour d’autres cultures, reprend Philippe Mouquot. Nous avons identifié les filières porteuses et structurées : les céréales, le kiwi, le noisetier, le chanvre, l’olivier et l’élevage. Nous proposons des diagnostics d’exploitation aux vignerons qui veulent se lancer. »

"En Occitanie, les élus veulent maintenir le potentiel viticole"

En Occitanie, « nos élus veulent maintenir le potentiel viticole, souligne Christel Chevrier, sous-directrice de la chambre régionale. Nous lançons donc le plan : Pour une viticulture dynamique à l’horizon 2035. » N’empêche, les viticulteurs s’interrogent. « Ils sont de plus en plus nombreux dans nos formations sur la diversification, observe Hélène Suzore, responsable du service production végétale à la chambre d’agriculture de l’Hérault. Nous les orientons vers la production de semences, une spécialité du département. »

Dans le Roussillon, le problème est encore différent. « Nous nous posons la question de l’eau, avant celle de la diversification, déplore Laurent Girbau, vice-président des Celliers du Soleil à Cuxac (11) et vigneron à Passa (66). Cette année, même le bio a du mal à se vendre. Les viticulteurs qui se sont convertis sont déçus. Certains d’entre eux pensent à arracher. Mais pour faire quoi ? Nous subissons un déficit hydrique exceptionnel. Sans eau, difficile de faire pousser autre chose que de la vigne. » Sa crainte : que les vignes disparaissent pour laisser place à un désert.

Heureux pépiniéristes

Thomas Paul et Hugues Chaboud ont eu le nez creux. En 2017, ces deux viticulteurs varois ont créé Pepistach’, une pépinière de pistachier à Brignoles. « Nous nous sommes diversifiés alors que le marché était très favorable pour nos vins. L’idée de ne dépendre que d’une seule culture nous tracassait », pose Hugues Chaboud. Fin 2023, ils ont participé pour la première fois au Sitevi à Montpellier non pas pour vendre des plants pour 2024 -ils n’avaient plus- mais pour prendre des réservations pour les plantations 2025 et informer les curieux. « Un arbre met cinq ans à produire après quoi on peut espérer un chiffre d’affaire de 12000 €/ha, explique Thomas Paul presque aphone le troisième jour du salon tellement il avait eu de visiteurs. Depuis le lancement de notre activité, nous avons fourni de quoi planter 400 ha. Les premiers arbres entreront en production en 2025. D’ici là, nous espérons mettre sur pied un atelier de transformation. »

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