menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Gens du vin / « Nous les pays du vin avons des défis en commun que l’on peut aborder de façon commune »
« Nous les pays du vin avons des défis en commun que l’on peut aborder de façon commune »
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Nouvelle présidente de l’OIV
« Nous les pays du vin avons des défis en commun que l’on peut aborder de façon commune »

A l’occasion de l’assemblée générale de l’Organisation internationale de la vigne et du vin le 18 octobre à Dijon, la candidate sud-africaine, Yvette van der Merwe, directrice de South African Wine Industry Information and Systems (SAWIS), a été élue à la présidence pour un mandat de trois ans. Une élection tout en symboles pour une nouvelle présidente qui entend prendre son bâton de pèlerin pour défendre la filière.
Par Sharon Nagel Le 24 octobre 2024
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
« Nous les pays du vin avons des défis en commun que l’on peut aborder de façon commune »
Yvette van der Merwe souhaite mettre l’accent sur le volet économique et social de la filière, ainsi que sur la diversification des produits de la vigne, pendant son mandat - crédit photo : South Africa Wine
V
ous êtes la première femme présidente de l'OIV originaire de l'Afrique. Qu'est-ce que cela symbolise pour vous personnellement, et pour la filière internationale ?

On a souvent mentionné le fait que je suis la première femme présidente originaire d'Afrique du Sud et du continent africain, mais en réalité je suis la première personne à représenter l'Afrique. L'Europe assure environ 60% de la production mondiale donc, de ce point de vue-là, l'accent a été fortement mis sur l'Union Européenne. L'Afrique du Sud se positionne comme le septième pays producteur mondial mais ne représente que 4% de la production. Cela signifie que, cent ans après la création de l'OIV, les grands pays producteurs que sont la France, l'Italie et l'Espagne sont arrivés à un point où ils sont à l'aise avec l'idée de soutenir ma candidature à la présidence et de m'élire. Cela en dit long sur la diversité et l'esprit fédérateur qui se sont développés au sein de l'organisation. Le directeur John Barker est Néo-Zélandais et je suis Sud-Africaine. Nous sommes tous deux issus de l'Hémisphère Sud et je pense que c'est très symbolique quant au chemin parcouru au sein de l'organisation.

 

Quelle est son importance pour la filière vitivinicole sud-africaine ?

Le processus au sein de l'OIV est basé sur le consensus. Ainsi, même si l'Afrique du Sud ne représente qu'une toute petite part de la production et les exportations mondiales, nous disposons d'une voix égale lorsqu'il s'agit d'adopter une norme ou une résolution. Nous l'avons toujours ressenti ainsi mais je pense que cette élection envoie un signal au monde extérieur sur la diversité et l'inclusion qui règnent au sein de l'organisation, au-delà des membres de l'Union Européenne. Pour l'Afrique du Sud en particulier, mon élection apporte une reconnaissance de la force de notre secteur et de la contribution que nous avons apportée à l'OIV pendant de nombreuses années. Nous sommes en effet membres de l'organisation depuis 1963. Pour nous, être reconnu en tant que pays à un tel niveau est exceptionnel.

 

Le début de votre mandat coïncide avec celui d'un nouveau plan stratégique au sein de l'OIV. S'agit-il de la continuation du plan précédent ou y a-t-il des nouveautés ?

C'est en effet passionnant de débuter mon mandat au même moment que le lancement du plan stratégique, mais désormais il faut le mettre en œuvre ! Le développement durable représente un axe important, mais sous ses trois aspects ? environnemental, social et économique. Cela fait sans doute une vingtaine d'années que nous abordons le volet environnemental, donc ce n'est pas nouveau, mais désormais nous allons nous focaliser beaucoup plus sur les aspects sociaux et économiques. Certes, certains axes de travail se feront dans la continuité ? comme le changement climatique ou le développement durable ? mais nous devons prioriser le volet économique dans tout ce que nous faisons. Si nous travaillons sur les méthodes d'analyse, les pratiques œnologiques ou l'innovation, par exemple, nous devons toujours garder en tête le coût de ce que nous proposons. Il y a aussi l'aspect social, l'élément humain, qui s'est renforcé ces derniers trois ou quatre ans. Il s'agit de notre patrimoine culturel, les histoires que notre filière peut raconter. Nul besoin de remonter 2 000 ans en arrière, ces histoires peuvent très bien s'étaler sur dix ou vingt ans. La richesse du patrimoine culturel de nos membres sera mise en avant dans le cadre de notre plan stratégique. Par ailleurs, nous avons toujours représenté la filière de la vigne et du vin, mais l'accent a été mis fortement sur le vin au sein de l'OIV. Les membres de la commission consacrée aux raisins de table et aux raisins secs ont demandé à ce que nous mettions l'accent sur l'ensemble des produits de la vigne ? les raisins de table, raisins secs, boissons spiritueuses à base de vin, jus de raisin, no-low ? de tous points de vue, que ce soit les pratiques culturales, les pratiques œnologiques, les normes ou les résolutions. Enfin, un autre domaine où nous allons accorder davantage d'importance porte sur la simplification des échanges mondiaux, ce que j'appelle la facilité à faire du commerce.

 

Quelles sont vos priorités personnelles en tant que présidente ?

Je ne suis ni scientifique, ni œnologue ou viticultrice. Je suis économiste et j'entends apporter cette dimension à mon rôle. Je veux qu'on attache une attention particulière à l'aspect économique de la filière et à sa stabilité financière. Je voudrais me positionner comme la « voix de la raison » qui dit, j'entends ce que vous faites mais le contexte plus large implique de cibler les objectifs : réfléchissons-nous à la pérennité financière ou à ce que veut le consommateur ? Répondons-nous à ses attentes ? Parfois, nous sommes tellement plongés dans notre filière, qui est si riche et si pétrie de traditions, que nous devons prendre du recul et nous demander si nous tenons compte des attentes de l'ensemble des consommateurs. Je veux voir comment nous pouvons intégrer ces notions au sein des commissions et des groupes de travail de l'OIV.

 

Dans un communiqué publié par South Africa Wine, votre nouveau rôle a été qualifié de début « d'une nouvelle ère d'innovation et de collaboration ». Quel rôle jouera l'OIV en matière d'innovation ?

Pour moi, l'innovation implique l'ensemble de la chaîne d'expertise au sein de l'OIV, aussi bien dans la manière dont nous abordons le consommateur que dans nos pratiques viticoles et œnologiques. Du côté du consommateur, nous devons nous pencher de toute urgence sur le segment des no-low. Je pense que nous avons pris un peu de retard dans l'offre, surtout des produits sans alcool, que nous proposons aux consommateurs. Nous devrons faire face à des défis, mais au sein de l'OIV, l'union fait la force. Nous réunissons tant de visions, de régions et de domaines différents grâce à nos 50 pays membres. C'est une chance extraordinaire de pouvoir exploiter nos forces et tirer profit de toutes les recherches menées dans chaque pays. Nous pouvons apprendre les uns des autres et œuvrer comme un collectif. Certes, sur les marchés et les linéaires, les acteurs sont en concurrence. Il est tentant de penser que certaines entreprises sont plus novatrices et ont de l'avance sur les autres. Mais au sein de l'OIV, notre approche est globale, il ne s'agit pas d'un seul acteur face à la déconsommation ou à la perte de consommateurs séduits par des produits peut-être plus sexy ou attirants. Nous avons des défis en commun que l'on peut aborder de façon commune.

 

Prônez-vous une plus grande collaboration entre l'OIV et d'autres organisations de la filière ?

Oui. Il est indispensable que nous collaborions avec d'autres organisations. Encore une fois, il s'agit de profiter de la richesse qu'apportent la collaboration, le partage des recherches, des connaissances et des expertises. Les organisations professionnelles peuvent, par exemple, partager avec nous des connaissances, compétences et points de vue différents, tandis que nous pouvons leur apporter des informations factuelles. Bien évidemment, nous ne nions pas la présence d'alcool dans le vin, mais nous demandons que toute décision soit prise sur la base de faits et de preuves. C'est là que nous avons un rôle important à jouer en nous rapprochant de ces organisations.

 

En tant qu'économiste, que regard portez-vous sur la crise de la filière internationale ?

Mon point de vue, c'est que nous devons déterminer les causes de la déconsommation du vin. Nous avons déjà des avis, mais nous devons, encore une fois, être sûrs de baser nos hypothèses sur des éléments factuels. Sommes-nous certains que la catégorie régresse parce que nous ne proposons pas de produits novateurs aux consommateurs et que nous ne parlons pas aux jeunes générations de notre portefeuille produits ? Nous pourrons alors puiser dans les compétences des pays membres pour voir comment nous pouvons y répondre. Le mot innovation est clé. Nous devrons innover et sortir des sentiers battus, même si c'est un cliché de le dire. Nous devrons reconnaître que nous ne pouvons peut-être pas continuer à faire ce que faisons, ou en tout cas, pas tout le monde. Peut-être que ce que nous faisons correspond à une partie de la population, mais qu'un autre segment ou génération souhaite autre chose. Je suis très confiante quant à la capacité de la filière à apporter aux consommateurs ce qu'ils souhaitent.

 

Au bout de 100 ans, l'OIV semble être arrivée à un tournant. Le confirmez-vous et comment voyez-vous son avenir ?

Je suis entièrement d'accord. Je participe à l'OIV depuis l'an 2000. Au fil des ans, notre travail a considérablement augmenté. Le degré d'implication des pays membres et le niveau des experts qu'ils envoient à l'OIV témoignent de l'augmentation de la cadence. On observe des évolutions au sein de l'OIV, notamment depuis cinq ou dix ans et le rythme continue d'accélérer. Il y a constamment de nouveaux sujets qu'il faut aborder. A l'avenir, je pense que ce rythme continuera à prendre de la vitesse et que nous devrons progresser plus rapidement. On pourrait penser qu'après 100 ans, le travail serait accompli, mais au contraire, il augmente. Il y a tant de choses que nous pouvons et devons faire.  

 

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Gens du vin
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé