ord-est du Portugal, 2017 : des chercheurs de l’Université et de l’Institut Polytechnique de Bragance déposent un brevet pour l’utilisation des tanins des fleurs mâles de châtaignier comme conservateurs du vin. 2019 : consultant pour plusieurs producteurs de vinho verde qui testent avec succès cette solution de substitution au dioxyde de soufre (SO₂), Philippe Ortega reprend le brevet et créé avec 3 associés la spin-off Tree Flowers Solutions. Juin 2024: les start-upers ont finalisé la formulation du "Chestwine", passée de la tisane à la poudre, vérifié qu’elle répondait aux exigences du Codex œnologique de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV) et de la viticulture bio, et ficelé son procédé de production. La commercialisation est officiellement lancée.
Selon Tree Flowers Solutions, la richesse poplyphénolique de Chestwine est au moins aussi efficace que le SO₂ pour inhiber l’oxydation et la croissance microbienne. « Les tanins de châtaignier réagissent avec l’oxygène libre et dissous, et empêchent la formation d’aldéhydes », explique Philippe Ortega, assurant que contrairement aux sulfites, Chestwine n’est pas allergène et sans effets sur le goût ou la couleur du vin.
La mise en œuvre est très simple. « Il suffit de mélanger la poudre dans un seau de 5 litres de jus, de renvoyer le tout dans la cuve, et de l’homogénéiser », illustre Philippe Ortega. Tree Flowers Solutions recommande aux vignerons d’ajouter Chestwine à l’encuvage, avant la fermentation malolactique, « sans impact sur l’activité des bactéries », promet l'entreprise, pendant l’élevage, et juste avant l’embouteillage. « En fonction de la couleur, de l’état sanitaire des raisins, et de l’hygiène générale du chai, il faut en mettre entre 27 et 45 g/hL. A ces doses, les vins restent stables au moins 60 mois, la durée de nos plus longs essais », continue Philippe Ortega.
Tree Flowers Solutions affirme déjà avoir de nombreux clients au Portugal. En Espagne aussi, Philippe Ortega profitant encore du réseau qu’il s’est constitué au cours de ses 25 années à la direction générale de Pernod Ricard Bodegas. « Le business démarre également en Italie où nous sommes distribués par un viticulteur », indique-t-il. En France, trois domaines bordelais testent Chestwine ces vendanges. Reste à attendre leurs retours.
Ramené à la bouteille, Philippe Ortega calcule que l’utilisation de Chestwine coûte moins cher qu’un bouchon de liège. « Le produit peut convenir à tous les vignerons qui commercialisent leurs bouteilles à plus de 6 € », estime-t-il.