À forcer de vieillir, nos clients étaient malades, pas en forme, morts » lance pince-sans-rire François Jamet, co-propriétaire de domaine des Vallettes et le clos du Vigneau (50 hectares en tout en AOC Saint-Nicolas-de-Bourgueil au domaine des Vallettes et au clos de Vigneau). Notant la baisse continue du chiffre d’affaires de ses portes ouvertes dès 2017, le vigneron de Touraine a mis à profit la pause imposée par le covid pour remplacer son rendez-vous hivernal des portes ouvertes du domaine des Vallettes par un festival musical au clos de Vigneau. « Pour faire venir les jeunes clients, il faut faire venir leurs enfants » résume François Jamet.
Le festival propose ainsi dans le domaine et sa cave des contes, des tours de poney, des jeux en bois… Des animations en plus des dégustations et de l’achat de vins, accompagnés de deux concerts, de foods truck à l’extérieur, d’expositions d’œuvres d’art, de performances théâtrales et filmées. Et un engagement solidaire avec des verres au profit du Téléthon. « Avant, les parents venaient, mais les pères se regroupaient pour déguster pendant que les mères restaient sur le parking : les familles ne revenaient pas l’année suivante » rapporte le vigneron, qui reconnait que son évènement commercial n’est pas revenu au chiffre d’affaires d’avant covid. « Mais on a plus d’argent à 70 ans qu’à 35 ans » pondère-t-il, notant une encourageante tendance au renouvellement de son visitorat : « l’an dernier, nous avions 12 poussettes cannes. Avant, on ne voyait que des cannes… »


Pour la commercialisation comme pour la production de vin, « j’adore les problèmes. Cela veut dire qu’il y a une solution. S’il n’y en a pas, je cite les Shadoks :"s'il n'y pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème" » plaisante François Jamet, qui défend la débrouille pour vendre ce qu’il produit avec son frère, Antoine Jamet : « nous n’avons pas une vision de céréaliers, apportant leurs vins à la coopérative ou au négoce ».
Tout l’enjeu étant d’attirer le metteur en marché (avec des gammes pour chaque réseau afin d’éviter les concurrences) et de susciter l’intérêt du consommateur (par l’étiquette, mais pas que). Exemple avec une gamme marquante reprenant les codes de la bande-dessinée franco-belge depuis 2013. Le domaine des Vallettes propose au secteur traditionnel un gamme à 9,9 € chaque bouteille, avec un vin blanc sec d’Anjou évoquant l’univers de Moebius (Arzak), un Bourgueil pour Hergé (et l’album de l’étoile mystérieuse), un Saint-Nicolas-de-Bourgueil pour Morris (et les saloons de Lucky Luke) et un crémant de Loire pour Loustal (et ses aplats pastels). Détail qui a de l’importance : sur ces étiquettes, il n’y a pas le nom de l’appellation, juste celui de la cuvée. Le but est d’inciter le consommateur à prendre en main la bouteille pour regarder derrière de quoi il s’agit, la contre-étiquette poursuivant l’histoire pour espérer conclure l’achat. Détail d’importance, ces étiquettes BD s’adressent « aux gens qui s’y connaissent en vin. Les amateurs ont besoin d’être rassurés par des codes plus classiques » conclut François Jamet.