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"Les viticulteurs n’ont plus la capacité financière de s’adapter, de planter des cépages résistants, de s’équiper de nouveaux matériels…"
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Investissements de transition
"Les viticulteurs n’ont plus la capacité financière de s’adapter, de planter des cépages résistants, de s’équiper de nouveaux matériels…"

Le millésime 2024 vous a épuisé dans le vignoble ? Mauvaise nouvelle, "on ne va pas vers la simplification de la protection du vignoble" prévient Éric Chantelot, le directeur régional Rhône-Meditérrannée de l’Institut Français de la Vigne et du Vin (IFV). Mais il existe des pistes de solution et leviers d’action rassure Bernard Angelras, le président de l’IFV, pour peu que les aides à l’investissement soutiennent la transition.
Par Alexandre Abellan Le 30 septembre 2024
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Entretien avec Bernard Angelras et Éric Chantelot. - crédit photo : IFV
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uelle est votre vision de ce millésime 2024 ? Il semble qu’il y ait un consensus sur l’usure qu’il a causé dans le vignoble, que l’on soit victime d’excès ou de manque d’eau.

Benard Angelras : Il y a un problème économique qui dure et perdure, on n’en voit pas trop la sortie. Sur la partie technique, c’est une année de plus où l’on constate des évènements climatiques présents et traumatisants. Ils touchent l’ensemble des régions viticoles françaises : gel, grêle, trop d’eau, sécheresse… Ce dérèglement climatique est plus qu’évident et présent, il est très handicapant pour la pérennité des entreprises avec ces aléas se répétant chaque année. Cela fragilise à force les entreprises.

 

Comment réagir ? Dans le Gard, les adaptations au changement climatique sont ardues quand on passe d’une année très sèche comme 2023 à un millésime gorgé d’eau en 2024...

Éric Chantelot : Il n’existe pas de modèle permettant de tout anticiper. Le seul modèle qui prévaut est l’anticipation du viticulteur et sa capacité à s’adapter. De plus en plus de millésimes sont à enjeux climatiques et on ne peut pas les modéliser. Mais quand le vigneron voit que depuis janvier il fait sec, il lui faut adapter sa gestion de l’herbe et des maladies. Il faut être réactif parfois en 24 heures, ce qui n’est pas évident sur une propriété. Pendant des années, nous avons eu des modèles types : on faisait toujours la même chose d’une année sur l’autre à quelques jours prêts. Maintenant, il faut anticiper et s’adapter.

Bernard Angelras : Dans mon cas personnel, je n’ai pas eu d’excès d’eau sur mes vignes. A 10 km de distance, des gens reçoivent 90 mm et d’autres n’ont pas d’eau. Ce millésime va permettre de découvrir de nouvelles choses sur le dérèglement climatique. On est dans les excès permanents, un coup de barre à droite, un coup de barre à gauche.

 

Est-ce que ce dérèglement doit aboutir à un plan Marshall pour des investissements immédiats et massifs dans l’adaptation du vignoble ou faut-il prendre le temps pour arrêter des stratégies avec des projets comme Vitilience ?

Bernard Angelras : Vitilience est en lancement, son objectif est de voir dans chaque région comment on peut adapter les pratiques par rapport au changement climatique. Sachant qu’il y a le travail quotidien de la vigne. Comme l’enherbement, où l’on a une contradiction entre la situation de sécheresse, où l’herbe tire sur la réserve en eau de la vigne, et les situations de pluie, où l’herbe est bénéfique pour éviter les tâches de mildiou… Idem pour l’effeuillage. Il n’y a pas un modèle unique qui permette aujourd’hui de dire qu’il faut faire comme ci ou comme ça. Mais on peut expérimenter dans les AOC avec les Variétés à Fin d’Adaptation (VIFA) et les Dispositifs d’Évaluation des Innovations (DEI).

 

Vous présidez en effet la Commission scientifique, technique et innovation de l'Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO).

Bernard Angelras : La profession a aujourd’hui le projet d’innover pour rester. D’être capable d’imaginer des solutions pour passer les caps difficiles en espérant qu’il n’y en ait pas trop et pas trop souvent.

 

Qu’est-ce que ce millésime va enseigner à la filière vin ?

Bernard Angelras : On n’avait pas oublié la problématique des pluviométries excessives et de la gestion du mildiou, mais c’était un champignon qui était moins préoccupant comme nous avions avant les produits pour le traiter. Le fait que beaucoup de matières actives soient retirées du marché réduit la possibilité d’avoir une alternance des molécules pour éviter les résistances. Et il n’y a plus beaucoup de produits curatifs. Il faut alors être très réactif quand il pleut tous les jours.

Éric Chantelot : Toute la difficulté actuelle pour la protection du vignoble risque d’empirer avec la réduction d’usages liée à des non-réhomologations européennes. On va avoir moins de produits, et moins de produits de contact… D’où le lancement par le ministère du PARSADA (Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures). Il n’y aura pas une solution unique, mais des solutions mixées pour s’adapter. On va vers la complexification, pas vers la simplification de la protection du vignoble.

 

S’il n’y aura pas de solution miracle, quelles sont les leviers à actionner en priorité ?

Éric Chantelot : Le dossier PARSADA doit nous donner la capacité de trouver de nouvelles solutions d’ici cinq ans avec la vision que l’alternative unique n’existe pas. On va travailler sur de nouveaux leviers comme les biostimulants, les barrières physiques… Mais aussi la phase sexuée hivernale du mildiou : on a passé 40 ans à prévenir la contamination de la feuille puis du fruit durant la phase végétative. On a laissé tomber la partie hiver/printemps. Nous émettons l’hypothèse que l’on va être capable de réduire l’inoculum dans le sol et l’atmosphère pour réduire la pression pendant la saison végétative. Ce serait une approche plus cohérente sur l’ensemble du cycle de la maladie.

Bernard Angelras : Le plus inquiétant aujourd’hui, c’est que l’on va imaginer et trouver des solutions (chercher permet de trouver), mais après la succession d’évènements climatiques, les viticulteurs n’ont plus la capacité financière de s’adapter. S’ils ne peuvent pas planter de cépages résistants ou s’équiper de nouveaux matériels, ça ne sert à rien. C’est un vrai sujet : s’il n’y a pas accompagnement de l’Etat sur des projets d’adaptation, ça va être compliqué pour les gens voulant rester en viticulture. C’est ce qui me fait le plus de souci.

Il faut donner la capacité à toute la chaîne de s’adapter : vignerons comme cave coopératives, de l’agronomie, à l’œnologie, au commerce… Ce n’est pas simple de répondre à tous les enjeux. C’est la remise à plat de tout le métier. C’est pour ça qu’il faut gagner de l’argent pour investir et savoir le résultat que l’on aura à l’avenir.

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augustin Le 30 septembre 2024 à 10:54:48
L argent est le nerf de cette guerre .Or cette précieuse ressource n est détenue que par quelques viticulteurs fortunes et manque cruellement à la majorité. Les instruments financiers existent pourtznt au niveau bancaire : on peut faire du cash via le warrant du stock ou encore via l escompté de ses traités ou enfin en créant une fiducie sur son foncier .Mais cela n est possible que si un signal clair en ce sens est formulé par Bercy au système bancaire. Cela n est pas le cas aujourd hui , le dossier de reechelonnement des pge bpi s enlisé et il va falloir changer de braquet rapidement si on veut garder vivante la filière viti et vini. A défaut le parcellaire va se dégradér de manière irréversible , avec à terme une facheusex perte d expertise côté peieneristes labos ou tonneliers pour ne citrr que quelsues exemples recents . Sacrifier une filière ... puis vouloir la redémarrer plus tard coûte très tres cher : le viticole, futur fiasco a l image du nucléaire ? On espère que non mais il faut faire vite , le système est parzlyse.
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