l y a des années compliquées parce que l’un des agresseurs classiques de la vigne (gel, mildiou, grêle, pluie pendant les vendanges…) fait son apparition. Et, il y a les années, où ça vole en escadrille, comme disait Jacques Chirac.
Dans le vignoble nantais, on a cumulé un printemps humide, un phénomène spectaculaire de filage sur le melon de Bourgogne, le cépage du Muscadet, suivi d’une sévère séquence de mildiou. Les vignes ont souffert et on compte les grappes. “Parfois, en circulant dans le vignoble, on a l’impression que certaines parcelles ont déjà été vendangées tellement elles sont maigres”, lâche François Robin, le responsable communication de la Fédération des vins de Nantes. Selon lui, le Muscadet va rentrer en 2024 la plus petite récolte de son histoire. Selon les retours du vignoble, le rendement moyen affichera de 20 à 25 hl/ha, soit 120 à 150 000 hl attendus, contre 250 000 en moyenne.
Au-delà du volume proprement dit, ce sont désormais les conditions météorologiques de ce début septembre qui inquiètent les viticulteurs nantais. On se croirait déjà rentré dans l’automne. La maturité se fait lente… Et quelques foyers de pourriture font leur apparition. Au vu des premiers contrôles de maturité, la récolte devrait se lancer autour du 15 septembre. “Pour certaines parcelles, on sera juste au niveau du degré du cahier des charges, mais il ne faudra pas attendre pour ne pas risquer de perdre du volume”, estime François Robin.
Pour tenter de s’adapter, la Fédération des vins de Nantes a demandé quelques assouplissements à l’Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO), notamment la possibilité d’augmenter le pourcentage de chardonnay dans le Muscadet AOC (appellation socle) pour le passer de 10 à 20 % en complément du melon. C’est cette appellation en particulier qui risque de souffrir des arbitrages des vignerons qui vont privilégier les Muscadet dits sous régionaux (Sèvre et Maine, Coteaux de la Loire et Côtes de Grandlieu). D’autres demandes portent sur des modifications de date de conditionnement ou de repli. Une dérogation pour que les producteurs puissent acheter de la vendange a également été obtenue des pouvoirs publics. Parallèlement, un dossier d’indemnisation de solidarité nationale est en cours pour faire reconnaître le sinistre exceptionnel causé par le filage.


“Les vignerons vivent une énorme frustration. On avait été épargné par le gel cette année. On avait de bons signaux commerciaux, avec beaucoup d’intérêt des marchés pour nos blancs secs de Loire, dont le Muscadet, mais désormais, on va devoir gérer les stocks”, souligne François Robin. Globalement, à l’échelle du vignoble, les marchés devraient être alimentés, ce qui, au final, masque de grosses disparités au sein des exploitations. Certaines manqueront de vin.