Landreau, près de Clisson, en Loire-Atlantique, Marie et Pierre-Marie Luneau, neuvième génération en charge du domaine Luneau-Papin, ont fait le choix d'accompagner leur activité viticole par de l'hébergement et la mise en valeur patrimoniale de cette activité. Si le sens de l'accueil et l'attachement affectif aux bâtiments ont été décisifs dans cet orientation, Marie Chartier-Luneau ajoute « les incertitudes sur notre activité principale de production nous amènent à poser des questions de diversification, à l'image de cette année où nous attendons une demi-récolte entre humidité, froid et dégâts de mildiou ».
Après la réhabilitation d'une tour de garde ou d'un vieux four à pain au cœur de leur propriété, ils sont passés en 2023 à la vitesse supérieure en rénovant deux maisons familiales à Clisson, dont l'une a nécessité un an de travaux d'ampleur, pour offrir aux visiteurs une immersion complète au cœur du vignoble nantais. En lançant cette activité complémentaire pour la propriété, c'est l'ensemble de l'équipe du domaine qui est mobilisée, avec le choix de ne pas externaliser la conciergerie et la validation des réservations, effectuées en direct ou via les plateformes numériques classiques. « En étendant chacun nos tâches respectives habituelles, cela fonctionne. Les personnes du bureau répondent sur la partie réservation, ainsi que pour les rotations d'occupants. Le ménage est assuré par la personne qui le fait habituellement dans les bureaux et je complète le dispositif pour l'ensemble des opérations. Mais il est clair que cela implique une surcharge de temps qu'il faut pouvoir absorber », décrit Marie Chartier-Luneau. Les boîtes à clés facilitent grandement les entrées-sorties sans requérir une flexibilité trop contraignante.
Une bouteille de vin du domaine attend les visiteurs lors de l'arrivée. Mais si ces lieux d'accueil sont en outre très pratiques pour recevoir les cavistes étrangers qui importent les vins du domaine (30% des volumes exportés dans 46 pays), la très grande majorité des occupants pour cette première année ne viennent pas pour le vin ou le domaine. « Cela permet d'aller vers un nouveau public que nous n'aurions jamais croisé autrement, dont beaucoup d'étrangers. L'accueil de nos importateurs permet également de renforcer le lien et la connaissance de nos produits et notre histoire, qu'ils relaient ensuite auprès de leurs propres clients », abonde la vigneronne du pays nantais.
La rénovation d'une des maisons a été faite de fond en comble, engageant un budget important, si bien que « nous savons que nous ne serons jamais rentables si on englobe tous les coûts pour cette maison », reconnaît Marie Chartier-Luneau. Cependant, les premiers mois d'activité valident la rentabilité financière opérationnelle de cette diversification. « C'est l'objectif essentiel, sans compter le fait que ces maisons constituent également une valeur immobilière intrinsèque si besoin, mais nous souhaitons qu'elles restent dans le patrimoine du domaine et ce que nous transmettrons à nos enfants », enchaîne la vigneronne. Pour ces premiers mois de lancement, elle a privilégié des réservations courtes de deux nuitées, « pour avoir plus de passages et donc d'avis et retours d'utilisateurs, ce qui aide à faire connaître et apprécier les logements ». Pour l'avenir, une réflexion autour d'un parcours en plusieurs étapes dans le vignoble nantais et ligérien, en collaboration avec d'autres domaines régionaux proposant ce type d'accueil, pourrait aboutir.